Le Père Jean-Mathurin DRéANO,

1869-1895


Le Père Dréano naquit le 26 avril 1869, de Jean-François et de Marie-Hélène Le Chapelain, cultivateurs du village de Plumergat, proche voisin de la Basilique de Ste-Anne d’Auray. Tout jeune encore il manifesta le plus vif désir d'être missionnaire "Moi, disait-il, je suis né pour l'Afrique." Le Frère-instituteur de Ste-Anne le présenta à M. Cadic, 1er chapelain de la Basilique, qui lui donna les premières leçons de latin et le fit admettre au petit séminaire. Il obtint la première partie du baccalauréat, fit sa philosophie à Ste-Anne, accomplit une année de service militaire et demanda son admission dans la congrégation. Prêtre en 1893, il fit sa profession religieuse le 15 août 1914, et fut, à sa grande joie, désigné pour la mission du Gabon.

A sa mort le 25 octobre 1895, à Libreville, Mgr Le Roy relate ainsi ses derniers moments : " Malheureusement, avec des dispositions religieuses et apostoliques excellentes, une bonne volonté entière, un caractère qui ne lui avait jamais fait que des amis, il y apportait ce qu'il appelait et ce que tout le monde appelait "un vieux rhume". Placé à Bata, il ne put y rester que huit mois à peine, dévoué à tous, religieux exemplaire et missionnaire de grande espérance.

En juin, il rentrait à Ste-Marie de Libreville et le médecin le trouvait déjà trop affaibli pour tenter en France un voyage fatigant et d'ailleurs inutile. Depuis son arrivée en Afrique, sa mission n'a donc en réalité consisté qu'à mourir. Mais il l'a accomplie avec tant de piété, de résignation, de douceur, de simplicité, qu'il a été et reste pour tous un modèle. Pendant les longs mois qu'il l'a soigné, le Frère Zacharie n'a pas entendu de sa bouche un mot d'impatience, pas une exigence, pas une plainte. C'est ainsi qu'il s'est éteint, après avoir reçu la veille les derniers sacrements devant la communauté réunie il avait passé parmi nous un an et quatre jours.

Malgré l'heure et le temps peu propices, il a été accompagne a sa dernière demeure par tous les chefs de service de Libreville, civils et militaires, suivis d'un grand nombre de Gabonais et d'Européens.

Tel a été parmi nous ce cher confrère. Si le bon Dieu lui a demandé peu à faire, ce qu'il a fait, il l'a du moins bien fait, et nous avons tous la conviction que du ciel, il travaillera pour nous plus efficacement encore qu'il ne l'eût fait avec nous...
Libreville, le 28 octobre 1895.
+ Alexandre Le Roy, vicaire apostolique du Gabon.

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