Le Père Auguste DURAND,
1905-1987.


Auguste Durand est né le 3 octobre 1905 à Saint-Paul, près de Flers. Il était attaché au village et aux traditions agricoles des siens. En évoquant ses chevaux et son brabant, qui traçaient le sillon devant lui, il avouait que le Seigneur avait dû beaucoup insister pour lui faire quitter sa terre et le conduire sur le chemin ardu du petit séminaire. Comment lui vint la vocation missionnaire ? On ne le sait. Toujours est-il qu'il entrait au noviciat d'Orly, à 24 ans, en septembre 1929.

La philosophie qu'on lui fit faire à Mortain fut une épreuve pour sa santé ; pour lui faire reprendre souffle, les supérieurs l'envoyèrent deux ans en Martinique où ses attributions le tenaient loin de l'étude et des livres. A Chevilly, par contre, il ne rencontra pas de difficulté. A 32 ans, il était prêtre.

L'année suivante il était affecté au vicariat apostolique de Brazzaville. Dans le secteur de Vinza, qui dépendait alors de Kindamba, il fut un missionnaire infatigable, un pionnier. C'est lui qui mit à part le petit Biayenda, qu'il baptisa ensuite sous le prénom d'Émile. Quelle fleur il avait trouvé là ! Cet Émile deviendra le très cher archevêque de Brazzaville, cardinal de l'Église romaine, et confesseur de la foi.

Mais un jour vint, où on appela le P. Durand à la ville, dans le quartier de PotoPoto. Dans cette paroisse du Saint-Esprit, il imposa dès le départ un style : le style Durand, dont les exigences simples et évangéliques étaient pour lui inéluctables et seuls signes de crédibilité. Tout d'abord priorité aux pauvres, à qui il faut manifester le maximum de respect. Dès qu'il reçut des confrères pour travailler avec lui, il leur demanda de vivre au niveau des gens du quartier, comme il le faisait luimême et de gagner leur vie en travaillant quelques heures par jour, au jardin de fleurs ou à l'école.

En bien des domaines, Auguste Durand fut un précurseur. Il orienta sa pastorale sur la participation des laïcs. Il sut découvrir les talents de nombreux baptisés, surtout des néophytes, les mettre en responsabilité et les former. Il poussait les chrétiens à chercher des formes africaines de l'expression de leur foi, surtout en musique et chant. L'annonce des décisions de Vatican Il le remplit de jubilation, et il s'appliqua tout de suite à faire comprendre l'esprit de ce concile aux chrétiens de sa paroisse.

Homme de terrain, laboureur infatigable, il était un mystique au vrai sens du terme : il croyait à la puissance de la "Parole" qu'il méditait. Quand je travaille manuellement, confiait-il à un ami, la prière coule en mois comme une source. Naturellement humble, il avait sur lui-même un humour sans feinte. Un faux pas, une bévue de sa part, une maladresse que quelqu'un lui faisait remarquer, provoquait en lui un grand éclat de rire, comme s'il était heureux d'avoir joué un bon tour à son "âne de Durand". Et les succès de ses confrères le remplissaient de joie.

Après trois années en Europe, il demanda à être accueilli de nouveau en Afrique, par la communauté de Linzolo, pour une semi-retraite : permanence à la mission centrale, visite des malades et personnes âgées. Il créa un groupe de "Prière-Evangile-Vie".

Dans sa vieillesse, à Piré, les Sœurs de Saint-Méen s'occupèrent de lui avec un inlassable dévouement. Il est décédé à Rennes, le 4 novembre 1987, à 82 ans. Il est parti rencontrer Celui qui remplissait tous les instants de sa vie, et s'ajouter à la liste des apôtres intercesseurs pour l'Église du Congo.

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