Le Père Dominique DUSSOUET,
1899-1972


Né à Azéreix le 21 février 1899, le jeune Dominique fit ses études secondaires à Saint-Pé. Comme plusieurs autres de ce petit séminaire, il demanda son admission dans la congrégation du Saint-Esprit. Après son service militaire qu'il fit de 1918 à1921, il entra au noviciat d'Orly. Il s'y sentait heureux, mais pensait aussi à la vie monastique. Il s'en ouvrit au Père Liagre qui lui répondit : "Vous serez trappiste au Saint Esprit" ... Il alla donc à Chevilly pour les cours de théologie et fut ordonné prêtre le 28 octobre 1926. Bien que de santé délicate, il fut, l'année suivante, affecté au Gabon. Il y passa dix ans : d'abord à Feman Vaz, chargé du ministère en ville, il se préoccupait aussi de la formation des catéchistes à envoyer chez les Eshiras. Trois après, il fut appelé à fonder la nouvelle mission de Mbigou avec le Père Bazin. Dès 1932, Mgr Tardy vint bénir leur nouvelle église, longue de 45 mètres, en rondins et en écorces. Déjà cette église était pleine de monde. Malheureusement, peu après, le Père Bazin mourut d'épuisement à 35 ans en 1936.

En 1937, le P. Dussouet prit son congé en France et fit une retraite d'un mois à l'abbaye cistercienne de Sainte Marie'du Désert en HauteGaronne. Dans une longue lettre, il analyse de nouveau sa vocation : "Du point de vie physique, la vie du cloître est infiniment plus douce que la vie de mission, qui est une vie d'isolement, vie tourmentée, hâchée, pleine d'imprévus et de saintes misères ... Ici, c'est le Thabor, c'est "chez le bon Dieu"; le cloître, le chœur, c'est vraiment le ciel de la terre ; tandis que là-bas, c'est le purgatoire, et parfois un peu l'enfer, on a surtout à faire et à lutter avec le diable... La vie intérieure m'attire ; la vie apostolique aussi. Loin de les séparer, je voudrais les unir, et je verrais dans la première, moins une fin qu'un moyen -je parle pour moi-, car la misère humaine ne me laisse pas insensible. Le Misereor super turbam a des échos profonds en moi. Enseigner, montrer le Christ à ceux qui l'ignorent ; mettre un peu de bonté, de charité, là où ne régnait que crainte et malice, quelle jouissance ! - Me faire une âme de moine, toute remplie du Christ, pour avoir un cœur de missionnaire, voilà ce que je voudrais. Réaliser, unir les deux vies, ce serait l'idéal .... Voilà où j'en suis ; je suis entre les mains de Dieu, n'ayant d'autre désir que sa volonté, indifférent quant au reste, avec l'aide de sa grâce..."

Affecté à la Procure de Bordeaux en attendant de repartir au Gabon où son évêque le désirait, il est surpris par la mobilisation de 1939. Gratifié d'un fascicule bleu "sans affectation", il retrouve sa famille et rend service au curé de Laloubère. Il dit "y avoir trouvé dans le silence d'un presbytère le recueillement d'un monastère". En mai 1945, il est affecté comme aumônier de la maison St-Michel de Priziac en Bretagne, œuvre des orphelins d'Auteuil. En 1957, c'est en Guadeloupe qu'il peut assurer un ministère paroissial jusqu'en 1965. De retour en France, il retrouve la communauté de Bordeaux et se retire à Fontandin jusqu'au 4 mai 1972, date de son décès. Il avait réussi à vivre son activité missionnaire dans la douce lumière de la vie monacale.

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