Le Père Christian ÉON,
1908-1995

décédé à Chevilly, le 6 décembre 1995, âgé de 87 ans.

Né le 17 janvier 1908, à Dreux, la formation de Christian Éon dans sa famille avait été soignée : il avait obtenu à moins de dix-sept ans le baccalauréat, latin-sciences et mathématiques élémentaires. Missionnaire, il travaillera cinquante-sept ans au Sénégal : toute sa vie d'homme, déployant énergie et talents au service de l'Évangile, alternativement broussard ou professeur de petit ou de grand séminaire, avec une grande disponibilité.

Voici ses affectations, toujours au Sénégal : Thiès 1933-35 ; Poponguine, directeur du séminaire 1936-38 ; St-Louis 1939-41 ; Ngasobil puis Poponguine professeur 1942-50 ; Thiès 1950-56 ; Joal, curé 1956-57 ; Fadiouth 1957-61 ; Ngasobil, professeur 1961-71 ; Fandène, curé 1971-80; Thiès 1980-88 ; Bambey 198890. Retraite àChevilly 1990-1995.

Ses compagnons de mission retiendront son grand dévouement, et aussi son caractère à la fois distrait et plaisant. Il s'était bien intégré à sa patrie d'élection. Il s'est passionné pour les dialectes du Sénégal. Il était devenu un maître pour la connaissance dupeuple wolof, de ses mœurs et de sa langue. Toutes les traductions bibliques et liturgiques, en usage actuellement, sont passées par ses mains, comme collaborateur du P. Albert Pouget. Il connaissait aussi le sérère, mais le pratiquait moins.

Fidèle aux consignes du Père Libermann, il s'est beaucoup dépensé pour éveiller les jeunes garçons à une possible vocation sacerdotale, sans compter le soin qu'il apportait à soutenir ces vocations dans les séminaires où il a enseigné. Il a eu pour élèves le cardinal Thiandoum, et un grand nombre parmi les évêques et les prêtres sénégalais actuellement vivants. Ceux-ci lui ont toujours marqué respect et reconnaissance.

Le Sénégal n'a pas de structure d'accueil pour les prêtres âgés. Malgré son désir généreux, insistant et un peu illusoire, il n'a pas été possible de le garder jusqu'au bout dans une mission. Il a pris sa retraite à Chevilly. Pour s'occuper, il a tenté d'être, quelque temps, aumônier à Forcalquier. Il fut tout heureux de retrouver le Sénégal, pour la visite du pape, en 1992, et n'a pas hésité à forcer la porte d'une sacristie pour se présenter à lui.

A Chevilly, il participait avec ardeur à l'office de la communauté, d'une voix forte et juste. C'est pendant les Laudes qu'il a laissé échapper son bréviaire et a perdu connaissance. Dans l'ascenseur qui le ramenait àl'infirmerie il a rendu un dernier soupir, continuant ainsi son chemin vers le Père du Ciel et nous laissant son corps inanimé.
Maurice Fréchard

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