Le Père Joseph ÉON,
1889-1947


Le P. Joseph Éon naquit à Vannes le 4 juin 1889, de parents qu'il vénérait d'une affection touchante jusqu'en ses derniers jours.

C'est en Espagne, dans une école apostolique qu'il fit les quatre premières années d'études secondaires. Revenu à Vannes, l'abbé Buléon le mit en relation avec la congrégation du Saint-Esprit, qui l'accepta à Gentinnes et le prépara au baccalauréat. Novice à Chevilly, il y fit profession le 3 octobre 1909, et fut ordonné prêtre le 8 décembre 1912.

La culture étendue du jeune prêtre, poète et musicien, l'avait fait désigner comme professeur (il le resta 25 ans), et il fut envoyé au Canada et en Ha~iti, où la guerre le surprit en 1914. Démobilisé en 1919, il quitta la France pour ne jamais y revenir.

Affecté à la Martinique, il fut jusqu'en 1942 professeur de lettres au séminaire-collège de Fort-de-France. De nombreuses générations de jeunes ont gardé le souvenir de leur ancien professeur et de son enseignement strictement traditionnel, de sa discipline régulière, de la douceur de sa voix, et de ses habitudes restées sans changement au milieu de la vivacité et du mouvement perpétuel de son remuant entourage. Le Père assura plusieurs fois la direction intérimaire de l'établissement qu'il ne quitta qu'à regret, après une carrière bien remplie et conservée dans sa ligne primitive.

En 1942, il accepta la cure de l'Ajoupa-Bouillon, où il fut tout de suite à son aise, au milieu de cette population affectueuse et facile, exerçant simplement son ministère paroissial, auquel l'avaient longuement préparé de nombreux passages dans les diverses communes de l'île, pendant ses vacances de professeur.

Malgré son long séjour aux Antilles, il allait tranquillement vers la soixantaine, quand on le trouva un matin étendu sans connaissance sur le plancher de son bureau, foudroyé par une congestion cérébrale. Ses paroissiens de l'Ajoupa-Bouillon, ses anciens du collège, et ses amis dispersés dans l'île entière, à Fort-de-France où il fut longtemps organiste de la cathédrale, comme dans les communes où il passa, gardent fidèlement sa mémoire et restent attachés à sa personne. Tous, frappés de ce deuil subit, s'inclinent devant le petit monument où son corps repose au cimetière de l'Ajoupa-Bouillon.

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