Le Frère OPTAT (François-Marie) ESVAN
1861-1937


Le Frère Optat est né à Keraly sur la commune d'Arzano dans l'arrondissement de Quimperlé (Finistère) le 2 mars 1861 de François-Marie Esvan et de Olive Le Stanguennec. Il est le cadet d'une famille qui comptera huit enfants. On lui donne à son baptême les prénoms de son père.

Il a tout juste 6 ans, quand ses parents quittent Keraly pour s'installer plus près du bourg au Treuscoat, une ferme de 12 hectares achetée l'année précédente. Le jeune François est alors envoyé à l'école de la commune, tenue par un Frère de Ploërmel. A l'âge de 12 ans, il quitte cette école pour aider ses parents qui ont fort à faire dans leur nouvelle propriété, où tout est à reprendre et à aménager. Pendant 13 ans, il travaille ainsi au côté de ses parents et acquiert un savoir, qui lui sera utile plus tard.

Son frère aîné, 2 ans plus âgé que lui, est bientôt astreint au service militaire et part ainsi quelques années en Afrique du Nord. Son absence est une raison de plus du maintien du jeune François auprès de ses parents. Lorsque ce frère est de retour, il exprime le désir de se consacrer à la vie religieuse et demande à faire un essai dans la Congrégation du Saint-Esprit établie depuis quelques années à l'Abbaye de Langonnet.

Le 27 août 1885, François entre au postulat des Frères. Il a 24 ans. Tout va bien. Le 19 mars 1886, il commence son noviciat et fait profession de vie religieuse le 1" novembre 1887 sous le nom d'Optat, alors qu'il aurait préféré celui de Guénolé, de Pierre-Marie ou de Sébastien. Il est presque indifférent au lieu et à la charge qui lui seront confiés, mais il exprime tout de même sa préférence à l'Afrique, "afin de travailler plus directement au salut des Noirs", comme il le dit.

Son jeune frère, Jean-Marie, suit ses traces. Envoyé par ses parents au collège de l'Abbaye de Langonnet simplement pour continuer ses études, comme le faisaient déjà certaines familles à cette époque, il demande lui aussi, après quelques années de présence à l'Abbaye, à se destiner aux Missions lointaines et est agrégé à la Congrégation du Saint-Esprit le 19 mars 1888. Les deux frères sont donc liés l'un à l'autre par un même idéal et accompliront ainsi leur vie dans un don total à cette vocation.

Après un court séjour à Saint-Michel de Priziac, le Frère Optat est d'abord envoyé en Normandie et connaît deux postes, celui de l'Institution St Joseph à Mesnières en Bray et celui du Refuge du Grand Quevilly. Chargé d'une section professionnelle en agriculture, il applique ce qu'il a appris dans sa famille concernant le travail et les liens àavoir avec les jeunes qui y sont employés. Il est arrivé alors qu'on lui ait reproché d'avoir été trop bon avec ces jeunes, comme on l'était dans sa famille, dès l'instant où on appelait des personnes à son service. Ceci l'atteint profondément et il demande sans tarder son changement.

Le Frère Optat est alors affecté à l'Abbaye de Langonnet, où il passe tout le reste de sa vie. Il revient ainsi à son pays d'origine et devient très vite un élément important de la communauté établie en ce lieu. Il parle le breton utilisé dans la région et connaît parfaitement les usages des gens qui y habitent. On lui donne assez rapidement la charge d'Auxiliaire parmi les Frères. A cette époque, ceux-ci sont nombreux dans la Maison. Il est par conséquent très lié à l'économe et l'accompagne pour certains achats. Il est de ce fait tour à tour commissionnaire, ravitailleur, livreur de marchandises, transporteur d'enfants ; quand en 1913 une école apostolique prend forme dans l'Abbaye, il est accompagnateur de ses confrères dans leurs déplacements et digne représentant de l'Abbaye à certaines obligations. Ses relations finissent ainsi par être nombreuses et fort utiles pour le bon rayonnement de la Congrégation dans la région.

La fonction principale remplie par le Frère Optat à l'Abbaye est toutefois celle de Chef de culture. A partir de 1913 et sans doute bien avant, il a un rôle très actif dans la gestion de la ferme de la Maison. Ses parents l'avaient déjà initié à ce travail et les échanges nombreux, qu'il a avec ses neveux, établis dans la région de Quimperlé, lui apportent en permanence les expériences utiles à son métier. Les qualités ainsi acquises et dûment entretenues font qu'il reste jusqu'à sa mort le maître incontesté des cultures et de l'élevage à l'Abbaye pour la bonne marche de la communauté.

Pourtant un accident faillit le rendre incapable de continuer la fonction qu'il remplissait avec beaucoup d'amour, quand, au retour d'un chargement de coke pris le 11 novembre 1915 à la gare de Langonnet, la charrette, qu'il conduisait, culbuta et lui écrasa une jambe. Malgré les soins donnés, la jambe s'infecta et on dut la couper. Le Frère reprit sa fonction. A défaut de pouvoir travailler comme avant, il lui restait la capacité de diriger ce qu'il fallait entreprendre. Lorsque sa jambe de bois s'enfonçait trop profondément dans les prés humides de l'Abbaye, il appelait un de ses employés pour le tirer de cet embarras et lui répondait par une tape sur l'épaule et un grand sourire.

Au milieu de ses occupations, le Frère est resté en lien étroit avec son jeune frère, le Père Jean-Marie Esvan. Ils s'écrivaient, mais on n'a aucune trace de cette correspondance. On sait cependant que, lorsque les congés les rapprochaient, ils passaient un temps notoire ensemble à l'Abbaye. L'année 1927 fut un de ces moments bénis, où ils se retrouvèrent 4 mois durant à plusieurs occasions. Une intense propagande missionnaire avait été organisée en Bretagne. Le P. Jean-Marie Esvan y était engagé. Cet heureux moment fut aussi le dernier que les deux frères passèrent ensemble.

Moins de 10 ans après, le Frère Optat achevait sa mission sur terre. Si jusqu'au 18 novembre 1936, il remplit encore la fonction de Chef de culture, un an après, il s'alite atteint d'un cancer au foie et à l'estomac. Sa parenté l'entoure alors de beaucoup d'attention, sa sœur Jacquette particulièrement. Le 22 février 1937, tard dans la soirée, il rend sa belle âme à Dieu, après un regret exprimé avant d'entrer dans le coma, celui de n'avoir pu une dernière fois revoir son frère aimé, le P. Jean-Marie Esvan. Le lendemain, à la réunion de la communauté, le Père Supérieur rendit hommage au Frère Optat en des termes brefs

Page précédente