Le Père ETCHEVERRY,
1896-1951


Le Père Ernest-Pierre Etcheverry est né à Labastide-Clairence le 24 novembre 1896. Son père était menuisier-charpentier et un de ses oncles s'était fait bénédictin. Après ses études primaires à Labastide, il obtint une bourse pour entrer au petit séminaire de Belloc à Urt. De la sixième à la rhétorique il fit de bonnes études et très bien noté il fut envoyé au grand séminaire de Bayonne.

La guerre commencée en 1914, il se vit mobilisé en avril de l'année suivante dans un régiment de la coloniale à Rochefort-surmer. En décembre il part comme caporal au Sénégal, et à Thiès prend part au recrutement et à la formation des tirailleurs. Il y fait la connaissance d'un spiritain le Père Jouan avec lequel il restera toujours en relation. Cette amitié fit naître en lui le désir de devenir missionnaire spiritain. En 1916 il revient en France, à Toulon puis à Hyères, et comme sergent il fait partie de l'armée dite d'Orient, envoyé en Macédoine. Il y recevra la croix de guerre avec la citation : " A participé aux attaques à l'est de Monastir les 9 et 10 décembre 1916 où il a fait preuve du plus grand courage."

C'est seulement le 28 octobre 1919 qu'il se voit démobilisé et peut regagner le grand séminaire de Bayonne.

Reprendre la vie de séminaire après des années mouvementées était dur, mais il le fit avec courage, aidé par ses professeurs qui profitaient même des vacances pour lui faire gagner du temps. Il continuait à penser au Père Jouan ; et à la fin de sa première année de théologie, lorsque son évêque Mgr Gieure lui donna les premiers ordres, il lui demanda l'autorisation de se présenter chez les Pères du Saint-Esprit. Monseigneur ne fit aucune difficulté et ses supérieurs du séminaire lui donnèrent une bonne recommandation, aussi fut-il accepté au noviciat d'Orly en septembre 1921. L'année suivante il fit profession et passa au grand scolasticat de Chevilly. C'est vers la fin de ses études de théologie qu'il fut ordonné prêtre le 28 octobre 1924, fit sa consécration à l'apostolat le 12 juillet 1925 et prononça ses vœux perpétuels le 3 octobre. Il fut alors désigné pour la mission du Sénégal.

Tout heureux de retrouver une population qu'il avait déjà connue lors de son service militaire, il apprit la langue sérère et se donna à fond au ministère, d'abord dans la mission de Fadiout puis dans celle Dioïne. Il ne savait pas se ménager, aussi au bout de quatre ans sa santé, qui avait résisté à tant de fatigues, fut ébranlée et il dut rentrer en France. Les poumons atteints, on l'envoya en Suisse se soigner au sanatorium de Montana.

Après deux années de repos, on l'estima capable d'aller en Algérie comme sous-directeur de l'œuvre de Misserghin et aumônier des Sœurs Trinitaires. Il y resta jusqu'en 1937. A cette époque, la province du Canada demandant un Père pour s'occuper des novices frères, on lui proposa de s'y rendre. Ne se ménageant jamais il accepta, heureux de rendre service, ne laissant rien paraître du mal qui continuait à le miner.

A son arrivée, on lui confia, en plus des novices frères, le noviciat des clercs, quelques cours d'instruction religieuse dans deux classes, les confessions des religieuses et celles des petits séminaristes... D'une grande bonté, à la fois vif et jovial, il pouvait dominer cette situation. En 1943, c'est encore à lui qu'on recourut pour fonder le grand scolasticat de Montréal ; mais l'année suivante les médecins exigèrent un repos prolongé.

Il lui fallut entrer au sanatorium de Cartierville à Montréal, ou pendant six ans il sera voué à l'inaction et souffrira un long martyre. Ses confrères le visitaient régulièrement et chaque fois en revenaient édifiés. Le 18 septembre 1951, alors que l'on fêtait dans le diocèse la fête du Saint Cœur de Marie, il s'éteignit doucement, apôtre de son milieu non seulement par les nombreux mérites de ses souffrances et de ses longues années de Sana, mais encore par son action au sana même. Il fut inhumé dans le cimetière de la communauté de St-Alexandre de la Gatineau. Missionnaire il le fut, non seulement au Sénégal, mais plus encore au Canada.

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