Le Père François EZANNO,
1873-1938


François Ezanno naquit, le 15 avril 1873, à Port-Louis, où ses parents habitaient rue de l'église. Il se présenta à la congrégation en 1891, à sa sortie du petit séminaire de Ste-Anne. Ses études à Langonnet et Chevilly ne furent interrompues que par une année de service militaire à Lorient en 9495. Il fut ordonné prêtre à Chevilly en 1896, et reçut son obédience pour le Sénégal Vannée suivante.

Ses premières années, commencées sous la direction de Mgr Barthet, furent fort mouvementées pour le jeune missionnaire. Il fut d'abord envoyé àl'intérieur de l'Afrique, en pays soudanais, musulman et de langue malinké. A Dinguira et à Kayes, de novembre 1897 à septembre 1899, il fut chargé de l'école primaire et de l'aumônerie de l'hôpital. Revenu au Sénégal, il fut envoyé successivement, durant les quatre années suivantes, à Gorée, à Poponguine, à Fadiouth, à Ngasobil, à Mbodiéné, à Carabane, à Thiès et à Rufisque.

C'est Mgr Buléon (de Plumergat), successeur de Mgr Barthet comme évêque à Dakar, qui avait muté le P. Ezanno de Poponguine à Fadiouth, et lui avait écrit le 17 janvier 1900 : " Bien cher Père, un mot seulement pour répondre à votre lettre. Je crois que vous avez tort de regretter votre changement, car je vous place dans le poste le plus apostolique du Vicariat. Quand vous aurez passé huit jours a Fadiouth, vous penserez comme moi. Je comprends du reste qu'il vous en coûte de quitter un poste où vous commenciez à vous plaire, mais ce sacrifice vous vaudra des grâces abondantes dans votre ministère. Ne regrettez pas d'avoir goûté à toutes les langues du Vicariat, et mettez-vous au sérère bien courageusement. Quant au Soudan, n'y pensez plus ! que tous vos rêves soient pour Fadiouth, qui a les pieds dans l'eau comme PortLouis, et où vous n'aurez pas une cathédrale comme à Poponguine... mais vos 800 chrétiens sont une église plus belle que tous les édifices en pierres, et vous en doublerez le nombre n'est-ce pas ! A vous en Notre Seigneur. "

Mgr Buléon fut, hélas, emporté par une épidémie, après six mois d'épiscopat. Son successeur, Mgr Kunemann, changea encore cinq fois de place le P. Ezanno. Mais bientôt il réalisa la prophétie de son prédécesseur, et le nomma le 4 décembre 1903, supérieur de la mission S t-François -Xavier à Fadiouth : cette fois il y resta 35 ans !

L'île de Fadiouth est située en face de Joal (si proche, qu'une passerelle en bois relie actuellement les deux localités, pour faciliter la visite des touristes). En réalité Fadiouth se compose de trois îlots artificiels, constitués sur des amoncellements de coquillages : le premier supporte le village, le second les greniers sur pilotis qui conservent le mil et les arachides à l'abri des rongeurs, le troisième est consacré au cimetière marin, dominé par un calvaire, car les habitants de Fadiouth sont presque tous chrétiens.

La langue de la région est le sérère. Le P. Ezanno s'y consacra estimait, en 1930, qu'il parlait mieux et plus facilement le sérère que le français. Il en profita pour améliorer le catéchisme, traduire les textes liturgiques, et rédiger une histoire sainte de la Bible. Estimé de la population, il en fut le père spirituel, il en fut même, à titre exceptionnel par décret officiel, le chef responsable au titre civil jusqu'en 1930 ! Les missionnaires ont depuis lors passé la main au clergé sénégalais, qui enregistre à ce jour sur l'île de Fadiouth le chiffre de 12.000 chrétiens. Et la ville voisine de Joal, a vu naître, en 1906, Léopold Sédar Senghor, le premier Président de la République du Sénégal, qui est membre actuellement de l'Académie Française.

Le Père Ezanno est décédé le 15 décembre l938, à Langonnet, où le cimetière conserve la tombe de ce vaillant missionnaire.

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