Mgr Jean-Baptiste FAURET,
décédé à Chevilly le 14 septembre 1984,
à l'âge de 82 ans.


Jean-Baptiste Fauret est né le 8 octobre 1902 à Arrens-Marsous, dans le diocèse de Tarbes et de Lourdes. De famille nombreuse, il a connu une vie rude dans la ferme où travaillaient ses parents, mais il en parlait toujours avec émotion et reconnaissance. A ses Pyrénées natales il devait sa culture profonde, sa langue, sa solidité d'esprit et de corps, son esprit de pauvreté et sa simplicité de vie.

Au petit séminaire de Sainl-Pé de Bigorre, il entend pour la première fois parler des Pères du Saint-Esprit par un spiritain portugais réfugié là après son expulsion du Portugal. Son choix est alors fait : il termine ses études secondaires à l'école apostolique de Cellule, de 1914 à 1919. A la fin de son noviciat, à Neufgrange, il fait profession le 19 octobre 1920 et poursuit, ses études de philosophie et de théologie, à Chevilly. Il est ordonné prêtre le 28 octobre 1926 et, l'année suivante, il reçoit son obédience pour le Gabon, au vicariat apostolique de Libreville.

Au cours d'un premier séjour de dix ans, il est successivement vicaire à Ndjolé et à Port-Gentil, puis, à Libreville, directeur du petit séminaire ; et enfin, responsable de la procure, à la mission Sainte-Marie. En 1931, après un congé en France, il fonde le grand séminaire de l'Afrique Équatoriale Française : il en assure la direction pendant trois ans. Après quoi, c'est le retour en brousse, à Lambaréné, où, pendant dix autres années, il se dévoue sans compter.

De retour à Libreville, il cumule les charges de procureur, vicaire général et supérieur religieux (supérieur de l'ensemble des communautés spiritaines du vicariat apostolique de Libreville). C'est vraiment le Gabon qui a formé le P. Fauret à la vie missionnaire : il y a assuré des responsabilités très diverses, il connaît bien le pays, dont il a fait plusieurs fois le tour à pied et en pirogue ; il parle couramment le Fan et le Pongwé.

Nommé vicaire apostolique de Loango, il reçoit l'ordination épiscopale à Lourdes, le 29 mai 1947. Arrivé au Congo, il reste peu de temps à Loango : très vite il fait de Pointe-Noire, alors en pleine expansion, le nouveau siège de l'évêché.

Mgr Fauret fut un bon administrateur : doué de sens pratique, à la fois prudent et fonceur. Peu après son arrivée, chaque poste de mission reçoit un camion et un frigidaire : à ses yeux, ces outils, indispensables sur le plan matériel, permettent d'assurer le ministère pastoral dans de bonnes conditions.

En même temps très soucieux des vocations sacerdotales et religieuses, il donne une impulsion nouvelle au petit séminaire : lorsqu'il partira, il aura ordonné quatre prêtres et laissé douze grands séminaristes. Il fait appel à des religieux et des religieuses, décide la création de nouvelles paroisses, en transfère d'autres en de meilleurs endroits, encourage le développement des communautés chrétiennes et la formation de leurs responsables, soutient l'implantation d'écoles catholiques… tout cela à grand renfort de lettres circulaires, visites, démarches, discussions ou disputes avec l'administration et… ses missionnaires. Malgré une santé plutôt fragile qui lui occasionne bien des ennuis, il ne cesse de travailler, ne s'accordant que peu de vrais loisirs.

Comme évêque il est très directif dans ses orientations, mais il ne craint pas de se laisser remettre en question, en se fiant finalement au jugement de ses prêtres, à qui il apporte son soutien. La cohabitation avec lui n’était pas toujours facile, mais il n'a jamais gardé ni rancœur ni ressentiment à l'égard de qui que ce soit. Il savait être délicat et témoigner d'une grande humilité. Il aimait profondément les Africains et avait un grand souci de la vie de ses prêtres, des religieux, des religieuses et des catéchistes. Pour lui-même il a toujours fait montre d'un grand esprit de pauvreté.

Lorsqu'il se rend compte que sa santé ne lui permet plus de remplir sa tâche, il prend sans hésiter la décision de partir ; ce qui se réalise en novembre 1974.

Il se retire à Chevilly où il accepte de rentrer dans le rang, sans faire état de son passé, même si son tempérament reprend parfois le dessus. Dans la communauté, ses visites aux confrères plus malades, son attention aux autres sont autant d'occasions de manifester sa délicatesse. La fin de sa vie le trouve de plus en plus serein et apaisé, ne cessant de remercier le Seigneur pour le travail réalisé dans le diocèse de Pointe-Noire grâce au dévouement des missionnaires. Il meurt le 14 septembre 1984.

Mgr Fauret fut un grand évêque, entièrement donné à sa tâche. En dépit de ses limites, comme tout un chacun, il a fait preuve d'une très grande loyauté et d'une constante fidélité dans toutes les fonctions qu'il a assurées. Il repose désormais dans le cimetière de Chevilly. Qu'il garde dans la paix et l'unité le diocèse qui lui avait été confié. -
Guy Pannier - PM, n° 109.

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