Le P. Joseph FERRY

Le samedi 8 juin, a été enterré a Wolxheim le R. P. Joseph FERRY, originaire de notre paroisse. En effet, le Père FERRY est né à Fréconrupt le 19 mai 1885 à 10 heures du soir

Son père s'appelait Jean-Constant Ferry et êtait bûcheron ; sa mère se nommait Julienne Charlier.

Six jours après, le 25 mai, l'enfant fut baptisé dans notre église paroissiale par le curé d’alors Louis KAPFER et reçut le nom de Joseph. Le parrain était Camille Ferry et la marraine Louise Ringue. Le jeune Joseph fréquenta l'école de Fréconrupt jusqu'à l'âge de 14 ans : c'est alors qu'il entra au petit Séminaire des Peres du Saint-Esprit à BEAUVAIS (Oise); après l'expulsion des Religieux hors de France au cours des tristes années 1901-1902, il trouva refuge avec ses camarades et professeurs en Belgique à GENTINES, où il termina ses études secondaires.

Puis il partit à CHEVILLY (Seine) au grand Séminaire des Pères du St-Esprit : il y fit son noviciat et ses études de philosophie et de théologie. C'est là aussi qu'il fut ordonné Prêtre le 11 novembre 1909. Ses études terminées.(en 1910), il fut affecté sur sa demande, à la mission catholique de KONGOLO, au KATANGA. (anciennement Congo Belge) : fondée l'année précédente, en juin 1909, par 3 missionnaires du St Esprit : les Pères VILLETAZ et RANGERS, et le Frère EULOGE. Ce Kongolo est devenu tristernent célèbre il y a quelques années lors de la Révolte des Noirs contre les Blancs : c'est là que furent massacrés en 1962 vingt missionnoires belges. A l'arrivée du Père Ferry, en septembre 1910, le Père Villetaz était déjà reparti à son aumônerie auprès des ouvriers travaillant à la construction de la 1igne de chemin de fer à travers le Congo. Nous lisons dans une petite plaquette composée en 1959 à l'occasion du cinquantenaire de la Mission de Kongolo ces lignes élogieuses : "Le Père Ferry peut être considéré comme fondateur de la mission : il resta au Congo jusqu’en 1939 ".

Au cours de ces 29 années de travail, le Père se donna entièrement à sa tâche, malgré des revers de santé qui l'obligèrent de temps en :temps à rentrer en Europe. Son premier retour se fit en 1913 " le bon Père souffrait sans doute de la congolite ", la fièvre d'acclimatation de notre bled. Il passe six mois environ en Belgique, Puis il revient dans sa mission de Kongolo ",. Et plus loin, dans la même plaquette : " En 1914, nous avons donc à Kongolo les Pères Ferry et Villetaz (revenu entre-temps), et le Frère GRODEGANDUS. En janvier 1914, on note l'inauguration des premières bicyclettes. Le premier vélo eut bien son histoire : le P. Ferry, au retour de son congé, eut l'audace d'amener un vélo, bravant les foudres du Père Préfet qui était Mgr CALLEWAERT, un rude, et qui t-rouvait que les rnoyens modernes de locomotion n'étaient pas dignes d'apôtres authentiques du Christ "..

En 1916, le Père Ferry devint Supérieur de la Mission de Kongolo, et il le resta jusqu'à son retour définitif en Europe en 1939. Le 2 octobre 1918, un violent incendie anéanti la mission : le Père Ferry était absent, car il était en tournée. Alerté, il revint aussitôt pour trouver tout en ruines : cela lui causa un un choc pénible; il avait pris et classé jusqu'alors beaucoup de notes intéressantes sur les us et coutumes des Buki, sur le mariage par échange de sang (1usalo), etc. Ces pages. disparurent dans l'incendie, et le Père n'eut plus le courage de se remettre à la littérature.

Mais les Pères se remirent au travail et reconstruisirent ce village la Mission. Ils y travaillèrent tellement que ce village de Kongolo qui ne comptait que quelques pauvrs huttes d’indigènes, tous païens à l’arrivée des Pères en 1909, se développa de plus en plus pour devenir une ville comptant quelques 10000 mille chrétiens au départ du Père Ferry en 1939. En 1919, on parle déjà d’un petit Séminaire à Kongolo, mais ce ne sera qu'en 1941 que ce projet serz définitivement réalisé.

Dans la plaquette du cinquantenaire déjà citée, nous lisons encore : " le 14 juin 1926 le Père Ferry part en congé: ovation de toute la population. Il revient en février 1927, amenant dans ses bagages non plus une vélo mais deux motocyclettes, qui pétaradent au milieu de l’ébahissement des Noirs " Et Plus loin : 22 juillet 1928 :Visite de leurs Majesté le roi Albert 1er et la Reine Elisabeth. C’est un dimanche matin que le bateau accoste au port CFL : le programme avait été minutieusement prévu, sauf la messe. Mais de Kobalo, leurs majestés avaient fait savoir désiraient assister à la messe. Au débarcadaire, on coupe court aux cérémonies prévues et l’auto de M. Hellebout (Président de la Société de la TEXAF) emmène les augustes visiteurs à l’église de la Mission " J’ai sous les yeux la photo du Père Ferry disant la messe dans sa chapelle devant Albert 1er et la reine Elisabeth. Après la réception qui suivit l’office religieux, le P. Ferry fut invité au repas officiel à la mission de Kongolo ; en prenant congé le roi-chevalier dit au Père ces paroles, qu’il n’oublia jamais : " Mon révérend Père Supérieur, votre mission est la plus belle de celles que j’ai visitées ; laissez-moi vous félicier cordialement. Et aussi vous demander lorsque vours rentrerez en Europe, de venir me visiter. Au retour et merci ! " Le roi Albert n’oublia pas le P. Ferry : le 7 avril 1929, il le nomma " Chevalier de l’Ordre Royal du Lion ". Plus tard le Père reçut encore encore une autre décoration : celle de Chevalier de l’Ordre civique belge ".

En 1931, tout en restant supérieur de la mission, il devint Vicaire général du nouveau Prefet apostoloque Mgr Haezaert qui arriva au Congo pour s’y installer le 12 avril. Le 25 juin 1935, le Préfet apostolique devint vicaire apostolique de Kongolo. Avec son Évêque, le Père Ferry partagea soucis et travaux (constructions tournées, etc.), jusqu'en juin 1939. Dans la plaquette du cinquantenaire, nous pouvons lire encore : " En juin 1939, est prti de Kongclo, définitivement, pour l'Europe, le Père Ferry, après un travail opiniatre de plus de 28 ans. " Ce travail opiniàtre avait fortement ébranlé sa santé. Mais sa robuste constitution 1ui permit de reprendre le dessus : son désir était de repartir là-bas, mais la guerre l'en empêcha. Dès la fin de 1939, il exerça le ministère paroissial à NEUVOY, dons le Loiret ; puis il fut nommé aumônier dans un des nombreux orphelinats du Père Brotier, à LE MAZET, aux environs de Limoges (Haute-Vienne) où il resta jusqu'en 1962.

Ce fut au cours de ces années que régulièrement nous le vîmes revenir prendre quelques semaines de vacances dans son cher Fréconrupt. En 1962, nouvelle alerte : on le ramène dans la maison de retraite des Pères à Wolxheim, pour y -finir tranquillement ses jours, croyait-on... c'était faire abstraction de sa robuste constitution et de sa. volonté de servir jusqu'au bout. Après quelques mois de repos, i1 redemanda du service : il fut nommé par Mgr. PIROLLAY, Évêque de Nancy, aumônier de l'hôpital de Lunéville ; puis, au retour de l’aumônier titulaire rétabli, aumônier de l'Hospice des Vieillards à Longuyon où il resta jusqu'en juillet 1967. Une nouvelle attaque interrompit, et définitivement cette fois-ci, son service. On le transporta. de nouveau à Wolxheim qu'il ne devait plus quitter. Un mieux sensible cependant se produisit, de telle sorte que le bon Père parlait sérieusement de son projet de retourner à Longuyon. Mais peu à peu ses forces commencèrent à décliner. Votre Curé le revit l'avant-dernière fois le mercredi de Pâques, 17 avril.

Une nouvelle et dernière attaque le mardi de la Pentecôte le terrassa définitivement. Au cours de la dernière visite que nous lui fimes le soir du mardi, 4 juin, il nous parla encore très lucidement, mais péniblement, et il nous exprima son désir de revoir encore une fois son cher Fréconrupt (il l'avait vu pour la dernière fois quelques semaines auparavant, le dimanche 21 avril). Son état empira le 5 juin ; et à 2 heures du matin du jeudi 6 juin, il s’endormit paisiblement dans le Seigneur. Il fut enterré au cimetière de Wolxheim, au milieu de ses Confrères, vaillants rnissionnaires comme lui, qui étaient retournés vers le Père du Ciel avant 1ui. Il ne sera pas oublié de si tôt : il laisse après 1ui le souvenir d'un homme très bon et tres sensible, toujours prêt à rendre service, très humble et très modeste surtout : "jamais au cours de sa vie il ne parla de ses nombreux mérite dans sa mission. de Kongolo, de ses titres et de ses décorations. - -R. I P. , -

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