Né à Sclessin Ougrée (dioc.Liège), 19/02/1917
Décédé à Kabalo (Katanga): 08/04/1961
Nationalité: belge
Profession à Hotgné, 15/09/1938
Sous-diaconat à Leuven, 10/04/1943
Diaconat à Leuven, 26/04/1943
Prêtrise à Leuven, 11/07/1943
Consécration à l'apostolat à Gentinnes, 18/06/1944
Voeux derniers à Leuven 15/09/1941
Sa mort (texte J.Darmont,29/03/1999)
Le Père Albert Forgeur, aumônier
des troupes katangaises basées à Kongolo, accompagnait les
soldats à Kabalo, lieu occupé par un détachement de soldats de l'O.N.U.
L'attaque pour la prise de Kabalo se faisait par bateau, par le rail et par la route.
Le Père Forgeur se trouvait sur le bateau.
Un avion katangais survolait les mouvements pour les synchroniser.
Les différents groupes de katangais arrivèrent presque en même temps au Pont de Kabalo
(long. 1000 m.), non loin de l'entrée de la ville (le pont de Zofu)
Les mercenaires blancs commandaient les opérations.
Le bateau s'approcha de la rive et l'on commença à parlementer.
Les Onusiens acceptaient que les Katangais entrent à Kabalo, mais ne permettaient
pas la prise de l'aérodrome. Le commandant katangais refusa et déclara qu'il voulait
l'aérodrome.
Les tirs commencèrent de part et d'autre.
Malencontreusement, un obus de mortier onusien vient tomber dans la chaudière du bateau
et la fit exploser, blessant et tuant bon nombre de soldats assemblés dans les environs
(la coque du bateau coulé se trouve encore toujours sur la rive droite du fleuve, près
de Kabalo).
Le bateau s'inclina vers la rive et les soldats qui le pouvaient cherchèrent le moyen de
débarquer en pagaille. Les blessés restèrent sur la rive et le Père Forgeur essaya de
les soigner au moyen de sa petite trousse personnelle.
Il était agenouillé près d'un soldat (n.d.l.r.
: le brigadier Nyangue) quand les onusiens (des
éléments incontrôlés des troupes éthiopiennes) le virent et
tirèrent sur lui (et sur deux militaires désarmés assis à ses
côtés) le(s) tuant sans sommation.
Il (le P.Forgeur) s'affala sur le corps du
blessé, et y resta jusqu'au soir.
A la tombée du jour, le blessé n'en pouvant plus, se mit à gémir, ce qui attira les
onusiens qui enlevèrent le corps du Père et le jetèrent à l'eau (le
corps du Père ne fut jamais retrouvé), tandis qu'ils emmenèrent
le blessé pour le soigner. (Ces détails furent fournis par le soldat blessé qui fut
rapatrié à Albertville où les autorités katangaises l'interrogèrent.)
Tout le reste de la troupe fut démoralisé par cet échec et chacun
voulut rejoindre sa base à Kongolo par ses propres moyens. Les officiers
mercenaires auraient voulu organiser une attaque, mais les soldats refusèrent d'obéir.
Ils arrivèrent à Kongolo (80 km) deux ou trois semaines plus tard, car ils furent
harcelés par les jeunesses balubakat qui les traquaient pour les tuer. Ce fut le sort de
certains.
A Kongolo nous espérions voir arriver le Père Forgeur accompagnant des
groupes de soldats, mais ce fut en vain. Nous finîmes par accepter que nous ne le
reverrions plus.
Les autorités katangaises demandèrent à Mgr Bouve un prêtre pour
l'aumônerie du Camp Militaire. Il faut savoir que depuis très longtemps il y avait un
grand camp militaire à Kongolo, appelé Camp d'Instruction, ou C.I., pour la formation
des recrues de la Force Publique.
Ces jeunes provenaient des différentes provinces du Congo. La Mission de Kongolo envoyait
un Père pour assurer le service à l'aumônerie du camp. Ces recrues restaient 6 mois
puis étaient réparties dans les autres places militaires du pays.
Fut nommé nouvel aumônier: le Père Jules Darmont.
Partie d'un article écrit dans l'Essor du Katanga (mardi 16 mai 1961) par l'aumônier
Pierre Adam:
Lorsque voici quelques mois, j'envoyai Albert Forgeur à Kongolo
pour y prendre ses fonctions, je lui disais au moment de le quitter au pied de l'avion:
"J'ai confiance que tu feras honneur aux
traditions de l'aumônerie militaire et au sacerdoce catholique."
Il me répondit avec son bon sourire: "On fera de son mieux..."
Il devait tenir sa promesse. A la geste des Lippens, des De Bruyne et de cent autres
nobles figures de l'Etat indépendant du Congo, il ajoute une page émouvante de noblesse
et de magnanimité. Le prêtre-soldat de Kabalo, sacrifiant sa vie aux blessés qu'il n'a
pas voulu quitter, ne le cède pas en héroïsme au petit sergent qui s'est immortalisé
voici septante ans sur les rives du Lomami.
Puissent s'en souvenir un jour ceux pour qui le palmarès de héros nationaux ne s'est pas
arrêté à des noms glorieux mais lointains comme Gabrielle Petit et le caporal
Trésignies - dont on persiste à baptiser des casernes. Alors, que des Poncelet, des
Lanis, des Jacquemart, des Collet, des Forgeur et tant d'autres, tombés dans l'épopée
katangaise au services des plus hautes valeurs morales et humaines nous rendent la foi en
la Grandeur, le courage de Poursuivre et, de marcher sur leurs traces sanglantes et
altières, la Fierté.
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