Le Frère Hervé Gaonach,
1904-1940


Ses parents, Jean-Marie Gaonac'h et Marie-Jeanne Tanguy, habitaient : Maison Foll, Place du Champ de Foire, à Quimper. Le second de leurs quatre enfants naquit le 15 mars 1904. Il fut baptisé le lendemain sous le nom de René, par l'abbé Ropars, le parrain étant Jean-Marie Le Beux et la marraine Marie-Jeanne Poupon.

Après d'excellentes études primaires, René Gaonac'h fut employé d'assurances en 1918, puis comptable en 1921 chez un épicier en gros, qui était le frère du Père Cabon. Pieux dès son enfance, il désirait devenir religieux. Il s'en ouvrit à son vicaire, l'abbé Piriou, obtint l'autorisation de ses parents et la liberté de son employeur, et se présenta à Langonnet le 17 octobre 1922.

De santé fragile, il a souffert longtemps des yeux. Deux fois ajourné à l'incorporation, déclaré bon la troisième fois, il obtint un sursis jusqu'au mois de mai 1927. Il accomplit son noviciat à Chevilly et devint profès le 6 janvier 1927 sous le nom de Frère Hervé. Le Maître des novices le décrivait ainsi : "piété solide, régularité exemplaire, caractère doux, facile, obéissant, en somme sujet d'élite, vocation solide".

Affecté au Congo, sa première lettre fut adressée au Père Cabon, conseiller et secrétaire général à la maison mère à Paris. Elle nous montrera comment le F. Hervé savait observer et s'adapter immédiatement à son travail dans son nouveau milieu :

" Brazzaville, le 22 mai 1927, Révérend Père, Après un voyage heureusement passé, je suis arrivé à destination le 7 mai. Le Père Moysan m'attendait à Kinshasa qui est situé de l'autre côté du fleuve, où je suis arrivé à 3 heures de l'après-midi. A 4 h nous avons pris le bateau de service et nous sommes arrivés à la mission à 5 h. " Je suis allé voir Mgr Guichard qui m'a dit que je serai chargé des enfants. J'ai trouvé à la mission les Pères Bonnefont, Jaffré, Cariou, Le Bail, les Frères Séverin, François d'Assise qui ne va pas très fort, Alexandre, Laurent et Alfred. Le lendemain, 8 mai, nous avons fêté sainte Jeanne d'Arc, les autorités civiles assistaient à la messe paroissiale à 9 heures. Lundi matin 9 mai, le Père Moysan (capitaine du Pie X ) et le Frère Alexandre sont partis avec le bateau pour l'Alima, ils seront de retour pour la Pentecôte. "

" Mardi matin 10 mai, Mgr et le P. Bonnefont s'en vont de leur côté pour la brousse : Mgr pour une quinzaine, et le Père pour trois jours, il est donc de retour), Mgr rentrera la veille de l'Ascension. " Ce même jour, mardi 10 mai, je suis rentré en charge. Je fais la l' classe ; mes élèves savent le français, ils sont au nombre de 46, ce sont des externes à l'exception de 5. En dehors des heures de classe je m'occupe des enfants de l'œuvre qui sont une centaine, ils sont chargés des plantations et de la propreté dans la maison.

" Par ailleurs nous avons la vie de communauté comme en France.. Lever à 5h, méditation à 5hl5, suivie de la messe à l'oratoire. Pour les Frères à 6h5O la lecture et chapelet en commun. Déjeuner à 7h15, le dimanche à 7h3O. A 11h45 examen particulier, suivi du dîner. Mois de Marie ou visite au St Sacrement à 6h4O du soir, suivi du souper. Récréation sous la véranda. Prière du soir à 8h15, puis coucher.

" Comme le Père Le Bail est aussi chargé des enfants, je l'ai choisi pour père spirituel. " En toute vérité, mon Père, je me plais avec les enfants, j'espère que ça continuera ainsi avec la grâce de Dieu. Pour le reste, tout va bien, l'avenir dira la suite. " Votre enfant reconnaissant en N.S. Frère Hervé.

En 1929, il écrit au Supérieur général pour renouveler ses vœux : " Mon premier triennat de vœux va bientôt expirer : trois années de bonheur au service du Divin Maître, pleines de ses bienfaits ; quelques peines et difficultés s'y sont mêlées aussi ; le bon Dieu nous les ménage au moment propice, et mesurées à nos forces. C'est consolant de souffrir un peu, si peu, pour un si bon Mâitre, pour le Souverain Pontife, pour nos chers Parents, pour nos Supérieurs, tout particulièrement pour vous et pour les âmes qui nous entourent.

Le 24 octobre 1935, il écrit au Supérieur général Mgr Le Hunsec : " Mes vœux expirant le 6 janvier 1936 et ayant 30 ans passés, je viens vous demander la faveur d'émettre mes vœux perpétuels. Par là j'espère être plus à Dieu et aux autres. " Je n'ai pas toujours été ce que j'aurais dû être, et pour mieux faire à l'avenir il me faudra réagir. Je tâcherai d'être plus efficace. Inutile de geindre sur le passé, car s'il fallait le reprendre, je ne réussirais probablement pas mieux que la première fois. Ma santé a été à l'épreuve assez souvent. Depuis quelques années j'ai goûté un peu à bien des misères, mais je ne suis pas pour cela découragé. Et puis, ça permet de se reposer, ce qui est un avantage appréciable que ne connaissent pas les favorisés de la santé. Je me plais à Brazzaville et comme il a été déjà plusieurs fois question de me faire rentrer, je vous confesse que j'ai toujours manifesté le désir de remettre à plus tard. Quand on rentre, on ignore quand on reviendra. J'espère bien prolonger encore si je le puis. Quand on y est bien pour quoi changer.

Daignez agréer, Monseigneur et Très Révérend Père, l'expression de mon profond respect.

Le Frère Hervé émit ses vœux perpétuels à Brazzaville et continua généreusement son travail missionnaire, avec simplicité et humour pour cacher ses difficultés. Il remit sa belle âme à Dieu quand le Divin Maître l'appela le 17 août 1940. Il avait 36 ans.

Page précédente