Le Père J.B. GASPERMENT,

1879-1947


Enfant d'une famille d'origine alsacienne, qui avait francisé son nom de Gaspermann, Jean-Baptiste Gasperment naquit à Bourgueil, le 31 décembre 1879. Après avoir commencé ses humanités à Tours, c'est à Cellule qu'il prit contact avec la congrégation. Il fit son entrée au noviciat d'Orly le 19 septembre 1899, et y fit profession le 1er octobre 1900. Après trois années passées au scolasticat de Chevilly, il fut envoyé à Rome en 1903 ; prêtre le 17 décembre 1904, il poursuivit ses études jusqu'à sa consécration à l'apostolat qui eut lieu le 29 juin 1907. Affecté tout d'abord au service de la province de France, le Père fut nommé professeur de théologie au scolasticat de Chevilly, où il resta de 1907 à 1911.

C'est alors qu'il partit vers la grande île de Madagascar, où il devait passer tout le reste de sa vie. Il s'embarqua àMarseille, le 10 septembre 1911, et fut reçu à Diégo-Suarez par Mgr Corbet, qui l'affecta à Fénérive, où le P. Fortineau était supérieur.

Le P. Gasperment se mit avec ardeur à l'étude du malgache et devint maître en cette langue. Envoyé en tournée apostolique, il visita la région d'Ambatondrasaka, considérée jusque-là comme un fief réservé aux protestants. Chargé d'y fonder une station en janvier 1913, le P. Gasperment eut raison de toutes les difficultés : il put installer une station et une grande église provisoire qui ne tarda pas à se remplir de fidèles. Grand entraîneur, le Père fit de nombreux adeptes et peupla la région de postes secondaires. D'un zèle ardent, travaillant jour et nuit, il devint vite populaire, et en quelques années cette région, autrefois réfractaire à notre foi, fournit une foule de fidèles. Malheureusement, en 1921, traversant une large plaine inondée, le Père contracta, sous le grand soleil, une fièvre pernicieuse qui mit longtemps ses jours en danger. Il guérit cependant, mais y perdit la vue d'un œil. Ce fut alors que Mgr Fortineau le rappela à Diégo-Suarez pour sa convalescence.

En 1922, le P. Gasperment, envoyé à Majunga, fut chargé de l'église indigène de ce port, qui devint l'année suivante le chef-lieu d'un nouveau Vicariat apostolique. Il montra le même zèle qu'à Ambatondrasaka et y fit des merveilles. En 1931, il fut nommé responsable de la mission de Marovoay. Mais atteint de rhumatismes chroniques et déformants, la santé du Père commençait à décliner.

Le P. Gasperment demanda alors à se retirer dans la région de Tsaratanana, où la chrétienté lui était très sympathique, et où il pouvait encore rendre bien des services. En 1942, on dut le transférer à Andriainena. C'est sur une charrette à bœufs que le Père y fut transporté, au prix des plus grandes souffrances. Il fallut quatre ou cinq jours pour faire ce trajet. La maladie ne faisait qu'empirer et le Père faisait vraiment peine à voir. Il continua cependant à faire le catéchisme et les classes de chant dans son bureau. Souvent le dimanche, il était porté àl'église par des chrétiens charitables et installé sur un fauteuil. Là il dirigeait chants et prières, faisant sa partie dans les chants polyphoniques qu'il aimait particulièrement ; sa forte voix suffisait à remplir l'église et à entraîner les fidèles.

Docteur en théologie, ancien professeur à Chevilly, le Père garda toujours un grand amour pour les sciences ecclésiastiques. Sa mémoire remarquable lui fut fidèle jusque dans sa dernière maladie.

Il est mort le 29 septembre 1947, à l'âge de 68 ans. A Andriamena, une simple croix de bois rappelle aux fidèles et aux amis le lieu de repos d'un missionnaire ardent et dévoué, regretté de tous ceux qui l'ont connu. (Résumé de la notice du P. Lucien Guelle)

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