Le Frère Charles GAY,
1828-1881


Charles Gay naquit à Louhans, diocèse d'Autun, le 15 avril 1828. Avant d'entrer dans la congrégation, il avait fait partie de l'œuvre de N.D. de Monciel, établie près de Lons-le-Saulnier, et vouée aux soins et àl'éducation des jeunes orphelins, dans le but d'en faire plus tard des ouvriers chrétiens. Après la dissolution de cette œuvre, il vint à N.D. du Gard, le 4 octobre 1848, et fit profession le 8 décembre 1849 sous le nom de Frère Bernard.

Au commencement de l'année suivante, il partit pour lAfrique, et peu après son arrivée il fut envoyé avec le P. Morel et le P. Durand àAlbréda en Gambie, où l'on venait de fonder une station pour travailler àla conversion des Mandingues. Mais au bout de quelques mois, la mort du P. Morel les obligea, le P. Durand et lui, à retourner à Ste-Marie de Gambie.

Il fut alors envoyé à Grand-Bassam. (Côte d'Ivoire), où il travailla avec courage pendant deux années. Là encore la maladie et la mort des missionnaires le contraignirent à s'éloigner. Après avoir assisté aux derniers moments du P. Lairé, avec qui il était resté seul, il revint de nouveau en Sénégambie, en novembre 1852.

La mort des zélés missionnaires, qu'il voyait en si peu de temps moissonnes à ses côtés, n'ébranla pas un instant son courage ; et bientôt il partait généreusement pour la mission du Gabon, à laquelle il devait désormais consacrer la plus grande partie de sa vie. Épuisé de fatigues, et menacé de phtisie, il dut revenir en France en 1862. Peu de temps avant son départ de la mission, Il avait eu le bonheur d'émettre ses vœux perpétuels, le 14 avril 1861, dimanche du Bon Pasteur, entre les mains de Mgr Bessieux. C'était la première fois que la communauté de SteMarie voyait s'accomplir cette belle et touchante cérémonie.

Après un an de séjour en France, se trouvant assez bien rétabli, le F. Bernard reprit avec un nouveau courage le chemin de sa chère mission du Gabon, avec les Frères Valentin et Germain. Ils s'embarquèrent à Cherbourg sur un brick de commerce, le 18 novembre 1862, et n'arrivèrent que le 11 mars de l'année suivante, après 113 jours de mer. Ils n'eurent pas peu à souffrir durant cette longue traversée. L'équipage avait été menacé de manquer d'eau à boire, mais celui qui avait désaltéré les Israélites dans le désert eut soin de leur envoyer à temps l'eau du ciel pour renouveler leurs provisions.

Pendant son séjour au Gabon, le F. Bernard fut spécialement appliqué aux cultures et aux travaux du jardinage ; et il y réussissait parfaitement. Ses plantations faisaient l'admiration des officiers de marine, qui ne manquaient pas de venir les visiter dès leur arrivée au Gabon. Tous lui prodiguaient leurs éloges. L'amiral Alphonse Fleuriot de Langle, en particulier, avait pour le bon Frère beaucoup d'estime et d'affection. Mgr Bessieux l'affectionnait également d'une manière toute particulière à cause de son dévouement pour les travaux et de son esprit religieux. Son caractère simple et ouvert le faisait du reste aimer de tout le monde. Pour les enfants eux-mêmes, ce fut un vrai deuil quand il dut quitter Ste-Marie du Gabon en 1876, pour venir de nouveau en France refaire ses forces épuisées.

Sa santé s'améliora en peu de temps, et il se montra tout disposé àretourner sans retard en Afrique. Cependant on craignit qu'il ne retombât bientôt, si on l'envoyait au Gabon ; on le destina à la mission de Sénégambie dont le climat paraissait devoir lui être plus favorable.

Voici ce qu'écrivit Mgr Duboin sur le temps que le Frère a passé dans cette dernière mission, et sur ses derniers instants :

" Nous avons eu la douleur de perdre le Frère Bernard à St-Joseph de Ngazobil, le 28 mai dernier (1881). Il avait simplement, depuis quelques jours, une douleur dans une jambe. Le Père Girod et le Frère Georges venaient de le visiter et s'étaient entretenus avec lui ; il les avait reçus avec sa gaieté ordinaire. Quelques instants après, le Frère Georges revint lui porter des médicaments. Quelle ne fut pas sa surprise et sa douleur de le retrouver sans vie ! Il avait 53 ans. Il était mort comme il avait vécu, sans bruit."

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