LE PÈRE ROBERT GÉVAUDAN

>br> Né : 8 novembre 1926 à Saint-Symphorien (48)
Profès : 8 septembre 1946 à Cellule
Prêtre : 4 octobre 1952 à Chevilly-Larue
Décès : 17 février 2021 à Chevilly

AFFECTATIONS :
CONGO :
Brazzaville (1953-54 : vicaire à Sainte-Anne. 1954-55 : vicaire à Ouenzé. 1955-61 : vicaire à Sainte-Anne. 1961-1972 : curé au Saint-Esprit, à Mongali). FRANCE : Maison Mère (1972-73 : recyclage). CONGO : Linzolo (1973-86 : curé). FRANCE : Lille (1986-90 : animation missionnaire, supérieur de communauté). CONGO : Pointe-Noire (1990-2009 : formation pastorale au niveau diocésain). FRANCE : Lille (2009-2016 : ministères divers) ; Chevilly (2016-2021 : retraite).
Témoignage de Joseph MERMIER sur les années congolaises de R. Gévaudan :
« C’est avec Robert, à Linzolo, que j’ai eu ma première expérience communautaire. On partait en tournée chacun de son côté, mais quand on se retrouvait, on partageait notre travail : je savais ce qu’il avait fait et vice versa. Ce bonheur avec lui dura de 1973 à 1978. Il m’est arrivé plusieurs fois d’aller avec lui à Brazzaville pour un peu de détente. Alors qu’on roulait dans sa petite Fiat, j’entendais, à plusieurs reprises, crier dans la rue : « Gévaudan ! » Il s’arrêtait : c’était une connaissance, tout heureuse de le trouver sur sa route : il lui demandait les dernières nouvelles, en Lingala ou en Lari. Pendant qu’il embrayait, la personne lui glissait un billet de mille francs...
Robert avait une mémoire phénoménale ; j’en étais jaloux. Avant Linzolo, il avait eu le temps, à Brazzaville, d’apprendre deux langues : le lingala, celle des gens du nord, et le lari, celle des gens du sud, qu’il parlait beaucoup mieux que moi. On l’appréciait beaucoup : il savait écouter et il ne perdait rien de ce qu’il entendait. Il pouvait sans se tromper reconnaître ses vieilles connaissances. Tout le monde l’aimait.
Une fois à Chevilly, il passait une partie de son temps au téléphone pour parler avec des connaissances. Peu avant son départ, il a téléphoné à un de ses amis pour lui annoncer “qu’il allait partir et qu’il continuerait de prier pour lui dans l’autre monde”.
Michel Protain puis Mathieu Boulanger évoquent la période lilloise de Robert : « On aurait pu imaginer, pour Robert, les pires difficultés à réintégrer la société française après plus de 50 ans au Congo. Il n’en fut rien. Avec une étonnante capacité d’adaptation, il offrit, tant aux jeunes en formation qu’à nous les formateurs, le témoignage d’une vocation rayonnante. Ses longues marches quotidiennes révélaient une grande énergie physique et une soif d’absolu. Sa seule présence, à la fois douce et joyeuse, nous a marqués durablement... Beaucoup de gens venaient trouver chez lui une oreille bienveillante et une parole pour la route. Lors des permanences de confession qu’il assurait en paroisse, il avait l’art de détendre le trop rigide, d’apaiser l’angoissé, d’encourager la personne abattue. Quand je l’y remplaçais, certains ne cachaient pas leur déception de ne pas trouver Robert au rendez-vous... Lorsque sa marche devint plus difficile, il demanda lui-même à rejoindre Chevilly ; il quitta Lille comme il y était arrivé : libre et en paix. »
« Je viens d’apprendre la mort de Robert, et c’est ce qui me décide à écrire ces quelques mots. Le fait que les confrères décédés soient très âgés et qu’ils aient eu une vie bien remplie ne rend pas l’épreuve moins douloureuse… Robert a été pour moi un roc, une source, un soutien indéfectible quand j’étais au postulat à Lille. Il m’a beaucoup inspiré. C’est quelqu’un qui respirait l’Évangile de tout son être. »
Témoignages recueillis par Paul COULON
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