Le Père Jules GREFFIER,
décédé à Paris, le 25 septembre 1951,
à l'âge de 72 ans.


Jules Greffier naquit à Croreray (Jura), le 1er octobre 1878. Il fit ses études secondaires au petit séminaire de Vaux-sous-Poligny jusqu'à la philosophie inclusivement et se décida à entrer dans la congrégation du Saint-Esprit. Son frère, Henri, était déjà missionnaire au Sénégal et donnait de belles espérances (il mourra à Paris, le 12 septembre 1912, à 40 ans).

Après une année de service militaire et son temps de noviciat, il fit profession le 4 novembre 1901. Il fit sa théologie à Chevilly, puis, en vertu de nouvelles lois militaires, il dut accomplir les deux ans de service qui lui restait. Il fut ordonné prêtre le 28 octobre 1906 et, à la consécration à l'apostolat, le 18 novembre, il fut envoyé à Fribourg, pour y suivre les cours de l'Institut des Missions, mais il n'y resta que quelques semaines. Le 25 février 1907, il s'embarqua à destination du vicariat apostolique de l'Oubangui.

Parvenu à Brazzaville, Mgr Augouard le garda sur place pendant quelque temps, puis, en 1908, l'envoya à la mission de Sainte-Radegonde, qu'il quitta, dès l'année suivante, pour Liranga. Dans cette dernière mission il fit valoir son esprit d'ordre, évitant les entreprises inconsidérées, ou les négligences qui pouvaient nuire à la station, y maintenant ce qu'avaient créé ses prédécesseurs.

En mai 1914, il ressentit les premiers symptomes de la maladie du sommeil. Il se trouvait à 600 kilomètres du centre sanitaire le plus proche, mais, par bonheur, un docteur se rendant dans un camp belge passa par là, vit le père étendu sur une natte dans sa case, reconnut la maladie et donna les premiers soins. Le 5 janvier suivant, le P. Greffier rentra à Brazzaville : « J'y suis malade d'un abcès au foie, écrit-il, et fortement atteint de la maladie du sommeil. Les médecins me font des injections d'émétine pour le foie et d'atoxyl pour le sommeil. Je serai bientôt percé comme une écumoire et, peut-être, va-t-on me renvoyer en France. » Il y retourna en effet, comme mobilisé, en juillet 1915. Après un premier passage à l'hôpital Pasteur il fut infirmier militaire et bientôt réformé. Il fit un nouveau séjour à Pasteur puis devint aumônier des Sœurs du Saint-Cœur de Marie, à Limours.

En 1919, rappelé à la maison mère, il fut chargé de la bibliothèque, office qui lui convenait parfaitement pour le soin qu'il prenait des livres. De 1922 à 1924, il passa deux ans chez son frère aîné, curé de Courtefontaine, qui, par suite d'une grave opération ne puvait suffire à ses fonctions.

De retour à la rue Lhomond, il devint aumônier des bénédictines de la rue Tournefort. En 1928, il fut nommé au secrétariat et chargé des archives. Avec une exactitude qui jamais ne fut mise en défaut, il assurera ce service pendant vingt-trois ans. En communauté il prenait part aux conversations, interrogeait volontiers ; il avait le talent de s'informer et ne s'en laissait pas conter. En même temps, il était de très bon conseil et l'on ne se trompait guère en le suivant. Il paraissait toujours heureux d'être utile. Souvent pourtant, il passait pas des crises de tristesse qui provenaient sans doute de son état de santé ; on le voyait taciturne lui qui d'ordinaire aimait à plaisanter de tout.

Le mardi 25 septembre 1951, en poussant la porte du P. Greffier, on le trouva étendu sur le parquet. Il était mort. Il partait de ce monde comme il avait vécu, sans bruit. -
Adolphe Cabon - BPF, t. 3, p. 56.

Page précédente