Le Père Charles GUéRIN,
1839-1914


Charles Etienne Guérin, "Fils légitime de Sieur Charles et de Dame Sophie Le Guem, est né le 26 décembre 1839 en la ville de Gourin". Une de ses sœurs fut supérieure des religieuses de StJoseph de Cluny à Châteauneuf, et son frère, bénédictin à Kerbénéat près de Landerneau. Après ses études primaires et secondaires à Gourin, il entra au séminaire du diocèse : philosophie à Sainte-Anne et théologie à Vannes. Ceci sur le désir de sa mère, malgré sa vocation missionnaire déjà ressentie. Etant diacre, il obtint d'assurer un année de professorat à Langonnet, et se présenta ensuite au noviciat de Chevilly. Ordonné prêtre à Paris le 17 janvier 1864, il obtint son affectation en territoire de mission, en Inde, au comptoir français de Chandernagor (près de Calcutta).

Son premier séjour en mission fut de courte durée. Arrivé à Chandernagor le 26 décembre 1864, il en partit le 2 octobre 1866. Dans ce poste, où l'on devait connaître le français, l'anglais et le sanscrit, où les conversions étaient rares dans un milieu très attaché à la religion nationale, et sous un climat accablant, sa sensibilité, insuffisamment aguerrie par une trop courte formation spiritaine, en arriva à prendre en grippe son excellent supérieur, le Père Barthet. (Ils se retrouveront, réconciliés, au Sénégal de 1890 à 1899).

Revenu en France, son désir de mission lointaine n'était pas mort, mais le souvenir de son premier échec lui faisait craindre une rechute. Ne sachant plus que faire, il s'en remit aux décisions du Supérieur général : "plutôt mourir que de vous désobéir" lui écrivit-il. Le Père Schwindenhammer le désigna pour les missions du Sénégal. Ce fut une réussite, il y travailla 22 ans.

Arrivé à Dakar le 8 février 1867, Mgr Kobès, Vicaire apostolique de Sénégambie, l'affecta à Saint-Louis, alors capitale du pays. Il continua à y travailler, comme vicaire puis curé de la paroisse, sous les cinq successeurs du Père Kobès : Nos Seigneurs Duret, Duboin Riehl, Picarda et Barthet. L'administration française lui donna même le titre de Préfet apostolique, ad interim en 1889, à la mort de Mgr Picarda. C'est donc le Père Guérin qui reçut au Sénégal Mgr Barthet, qui l'avait reçu lui-même à son arrivée à Chandernagor.

Ayant travaillé ensemble durant neuf ans, il quittèrent tous deux le Sénégal en 1899 : l'évêque prenant sa retraite à Bordeaux, le Père Guérin rejoignant la France pour son troisième congé.

Ses sœurs lui offrirent un pèlerinage à Rome, fin 1899, à la suite duquel il fut nommé à Marseille comme fondateur de la nouvelle communauté spiritaine en cette ville. Le 29 septembre 1901, le Père Guérin rejoignait Paris, où Mgr Le Roy l'appela à la maison mère pour le ministère sacerdotal et différents travaux. Il assura un certain nombre de retraites spirituelles au scolasticat de Chevilly, à la communauté de Langonnet et autre lieux. Il fut surtout durant ses douze dernières années aumônier des Sœurs de St-Joseph de Cluny à Antony.

En 1912, répondant à la lettre de félicitations pour son jubilé sacerdotal que le Père Guérin lui avait adressée, Mgr Barthet, lui écrivait : "Votre rappel des souvenirs du passé m'a profondément édifié et ému, et m'a presque couvert de confusion. N'y revenons que pour rendre grâces à Dieu de nous avoir donné le temps pour le réparer dans la mesure du possible. Il est certain que vous avez fait le bien et même beaucoup de bien à St-Louis,'et que vous en faites encore maintenant. Continuons à faire notre possible pour bien accomplir la volonté de Dieu, et confions-nous en toute simplicité à son infinie miséricorde."

Prêtre le 17 janvier 1864, le Père Guérin fêtait le cinquantenaire de son sacerdoce en 1914. Le 25 février, de Dakar Mgr Jalabert lui écrivait : "Mon Révérend et bien Vénéré Père, je suis tout navré d'avoir appris bien trop tard les fêtes qui ont été données à la Maison Mère à l'occasion de votre Jubilé sacerdotal. Avec quelle joie je m'y serais associé, ainsi que nos chers missionnaires du Sénégal ! Vous voudrez bien me pardonner le retard que j'apporte à remplir ce devoir de haute convenance et de respectueuse affection envers celui qui a été plus qu'un père pour moi, à mon arrivée au Sénégal en 1895, et qui m'a toujours, et malgré mon peu de mérite, honoré de sa douce et forte amitié. A notre tour donc, cher et bien Vénéré Père, de crier du plus profond de nos cœurs : Ad multos annos ! que Jésus et Marie vous garde longtemps encore à l'affection de vos nombreux amis dont je suis, soyez-en sûr, et qu'ils remplissent votre âme des richesses de leur saint amour."

Peu de temps après, le Bulletin Général d'avril 1914 écrivait : Le Père Guérin, fatigué depuis un certain temps, avait repris son ministère; mais le 15 mars, il dut interrompre le sermon qu'il donnait aux religieuses de St-Joseph à Antony. Après la messe, il dut se coucher, et son état s'aggravant subitement il reçut les derniers sacrements. Quelques minutes après il perdait l'usage de la parole. Il mourut le 24 mars et fut enterré à Chevilly le lendemain. Le Père Guérin a été frappé dans l'exercice de ses fonctions sacerdotales c'est le digne couronnement d'une vie parfaitement remplie."

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