Le Père Louis GUILLEMIN,
1902-1991


Né : 24/08/1902 (Noyal-Pontivy); profes: 01/10/22 (Orly); prêtre.
12/05/29 (Chevilly). Affectations: Cameroun (29-49 ; 66-84) Bangui (51-63) ; Mauritanie (63-64). - Langonnet (84-91).

Le P. Guillemin, qui ne fut certainement pas un homme de tout repos (en font foi la longue liste des postes où il est passé et le pittoresque souvenir qu'ont laissé ses palabres), a marqué son époque par une application exceptionnelle aux langues des régions où il a travaillé : langues parlées et codes de transmission par la voix du tamtam.

Dès son arrivée à Edéa, début octobre 1929, il se mit à la langue bassa et le 28 octobre il commençait à confesser ! Très dévoué, les tournées de brousse ne lui font pas peur : pendant le carême 1930, il visite, à pied, les secteurs de St-André et de Botmakak (374 km).

Survient une crise : en 1931, il obtient de rentrer en France pour tâter de la Trappe. "Il n'a, dit-il, de charité ni pour Dieu ni pour le prochain et les Noirs le rebutent". Vexpérience dure quarante et un jours et il demande à revenir au Carneroun.

A Ebolowa, il apprend le boulou. A Nkilzok, il construit une église qui a 12 colonnes d'un côté et 13 de l'autre, un arc ayant tendance à s'ouvrir. On lui attribue la route de Nfou à Nkilzok, dont le tracé suit la ligne de partage des eaux. Il s'entravait les jambes avec une ficelle pour déterminer exactement les distances entre les villages. Grand connaisseur de l'éwondo, il reprochait à Mgr Graffin d'avoir trop simplifié cette langue. Malheureusement, partant pour Bangui s'occuper des Ewondo immigrés, il brûla toutes ses notes concernant ce dialecte.

Après un bref séjour en Mauritanie, il revint déjà âgé au Carneroun (1966-84). Ses dernières années à Bafoussain furent partagées entre la rédaction combative du "Lys de St-Joseph du Mbam" et l'étude persévérante des langues : six ou sept tables occupaient la salle de séjour et il creusait de l'une à l'autre l'hébreu, le tikar, le bamoun, le bassa, l'éwondo ...

Travailleur acharné, méprisant le confort, son caractère difficile en a fait un solitaire. Au Ciel, où il est certainement, puisse-t-il avoir pris place parmi les anges de la paix.
d'après J. Criaud

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