Depuis bien longtemps je connaissais Gérard puisque nous nous étions rencontrés la première fois en 1958 à l'École des missions de Saint-Ilan. Gérard arrivait du petit séminaire de Soissons… puis ce fut le noviciat et la philosophie à Mortain. Gérard est parti en coopération à l'île de la Réunion, au petit séminaire de Cilaos. Nous nous sommes retrouvés à Chevilly pour la théologie. En 1969 ce fut l’ordination à la prêtrise puis le départ en mission. Gérard partait pour l'île Maurice, et moi pour Madagascar. Je revoyais Gérard à l’île Maurice à différente occasions. Mais ce ne fut qu'en 2006, lorsque Gérard revint de France, que nous avons travaillé ensemble. Nous étions tous les deux sur la paroisse de Sainte-Croix, là où est enterré le Bienheureux Père Laval et nous nous occupions principalement du Centre spirituel Libermann.
Gérard était revenu à Maurice, la tête et le cœur plein de projets mais, déjà, sa santé commençait à s'altérer. Il avait de sérieux problèmes cardiaques. Combien de fois il a été obligé d'interrompre l'animation qu'il donnait au centre spirituel. En même temps, il s'occupait du centre pour la réhabilitation des drogués, à Terre Rouge, que lui-même avait fondé. Plusieurs fois, il a dû faire des séjours en clinique, et les alertes cardiaques étaient de plus en plus fréquentes. Quand on lui a demandé de revenir en France, ce fut comme la porte étroite dont parle Jésus dans l’Évangile, car Gérard désirait ardemment finir ses jours à Maurice et être enterré auprès du Père Laval. Il avait aussi d’autres projets pour agrandir le centre de Terre Rouge auquel il était si attaché.
Finalement Gérard revint en France, et dans sa famille nous avons pu fêter ses 50 ans de sacerdoce. Je l’ai revu pour la dernière fois en 2019, alors que je me trouvais à Rennes. Il était venu depuis Soissons, seul en voiture, pour rencontrer des amis de Rennes. C'était bien là le Gérard, fidèle en amitié et prêt à prendre tous les risques pour honorer cette amitié.
Quand nous animions le centre spirituel Libermann à Sainte-Croix, plusieurs fois il m'avait dit combien il avait été heureux de renouer avec la spiritualité de notre fondateur. Je crois que, déjà, le Seigneur le préparait au grand passage, il avait déjà commencé son dépouillement intérieur. Je sais que ce fut rude. Plusieurs fois Gérard s'était posé et reposé la question de son retour en France. La porte était étroite, mais le bon et fidèle serviteur y est passé...
Roger Billy
Henri SUTTER
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