Le P. Henri GUILLET,
de la Province de France, décédé à Legé (Loire-Inférieure), le 12 mars 1950,
à l'âge de 71 ans et après 46 années de profession.


Le P. Henri GUILLET naquit aux Touches ( diocèse de Nantes ), le 30 octobre 1878. Il fit profession le 30 septembre 1903, fut ordonné prêtre à Chevilly, le 28 octobre 1906 et fit sa consécration à l'apostolat le 11 juillet 1907. Il partit aussitôt pour le Gabon où il fut affecté à Libreville de 1907 à 1913. Rentré en France en aout 1913, il y fit retenu par la guerre. Le R. P. Douvry, se trouvant chargé de la mission du Cameroun pour le temps de la guerre et ne disposant que d'un personnel extrêmement restreint, Mgr Le Roy, préoccupé du sort des 30.000 catholiques de ce pays, demanda et obtint la mise en sursis d' appel de sept de nos missionnaires mobilisés de l'Afrique Equatoriale. C'est ainsi que le P. Guillet put se réembarquer pour le Cameroun où on lui confia, avec les PP. Mésange et Caudron, le centre de Yaoundé. C'était en novembre 1916. Par la suite, le Père fut nommé directeur de la résidence de Minlaba, dont il était spécialement chargé depuis son arrivée au Cameroun tout en restant attaché à la mission de Yaoundé.

La guerre avait été fatale à la mission de Minlaba. Les protestants amé­ricains avaient tout en main pour entraver son développement, sinon la dé­truire. Protégés par leur neutralité, ils conservèrent tout leur personnel, tandis que la mission catholique était ruinée et n'avait plus de missionnaires. Ils ne manquèrent pas d'exploiter cette situation exceptionnelle. Mais ils eurent le tort d'y ajouter le mensonge : le catholicisme, disaient-ils, avait vécu; les Pères allemands étaient partis pour toujours. La fin du monde était prochaine; chacun devait se tenir prêt et se faire « américain » pour être sauvé. Ils remplirent leurs temples de nouveaux adeptes. - Mais la fin du monde n'est pas venue.

Cette situation existait depuis dix mois, quand le P. Guillet vint à Minlaba faire sa première visite, en novembre 1916. Au mois d'avril 1917, la mission devint autonome. Et en avril 1918, le P. Cadiou, de Bata, fut envoyé en aide au P. Guillet.

Au commencement de 1923, le Père, qui depuis six années s'était dévoué corps et âme aux oeuvres de la mission, et qui avait donné une vive impul­sion à l’œuvre des catéchistes, se vit terrassé par une fièvre bilieuse héma­turique, et dut rentrer en France, laissant le P. Stoll seul avec le F. Germain.

En septembre 1925, le P. Guillet quittait à nouveau la France pour retrouver le Gabon où il fut affecté à la mission de Donguila. Il devait y rester Jusqu'en juin 1940.

De retour en France, en juillet 1940, le Père vint se réfugier dans le dliocèse d'Avignon où S. Exc. Mgr de Llobet lui confia le ministère de la pa­roisse de Crestet.

En novembre 1946, il fut placé à Piré-sur-Seiche pour s'occuper du recrutement dans le diocèse de Nantes.

Le précédent Bulletin ( de mars 1950 ) signalait que le P. Guillet avait quitté momentanément la communauté de Piré pour répondre à l'invitation du Curé-Doyen de Legé qui lui demandait de prêcher le carême dans sa paroisse. C'est là que le Bon Dieu est venu chercher son serviteur.

Le dimanche matin, 12 mars, le P. Guillet attendait dans sa chambre l’heure de la grand'messe, lorsque vers 8 h. 30, se sentant atteint mortellement, il eut l'idée et la force d'ouvrir sa fenêtre pour appeler un passant dans la rue et le prier d'avertir Monsieur le Curé de son état. Monsieur le le Curé vint aussitôt de l'église, où il entendait les confessions, et essaya d'expliquer au Père que ce n'était pas si grave qu'il se le figurait; mais devant insistance du malade, il fit venir le médecin qui diagnostica aussitôt une angine de poitrine à l'état aigu : le Père n'avait plus que quelques instants à vivre.... Il se confessa immédiatement, reçut l'Extrême-Onction et, une demi-heure plus tard, il paraissait devant Dieu.

La communauté de Piré fut immédiatement avertie et vers 14 h. 30, une voiture-ambulance conduite par un lieutenant de gendarmerie de Legé ac­ompagné de Monsieur le Curé, ramenait le corps au Noviciat. C'est la municipalité de Legé qui prit sur elle les frais du transport.

Les obsèques eurent lieu le surlendemain, 14 mars, avec l'assistance de plusieurs prêtres de la région et d'une belle foule de fidèles. C'est que le cher P. Guillet avait su se faire aimer Partout où il était passé. S. Exc. Mgr Llobet, archevêque d'Avignon, nous adressait lui-même ces quelques lignes ans lesquelles on devine la grande estime qu'il avait pour le Père.

« Je ne puis taire le réel chagrin que m'apporte la nouvelle du décès lu bon P. Guillet. Quel bon souvenir il a laissé parmi nous! Caractère si heureux, accueil si facile, il avait vite conquis toutes les sympathies dans la paroisse où il résidait et dans toutes celles environnantes où il prêtait volontiers son ministère. Partout la nouvelle de sa mort provoqua de sincères regrets, et les prières des prêtres et des fidèles ne lui manqueront pas

Il s'était attaché à notre Provence dont il aimait le tempérament et le climat ; son passage, dans une paroisse privée de prêtre, aura laissé. une empreinte séreiuse »

A Pîré, il a laissé l’exemple d’un excellent confrère, gai, charitable et tout dévoué, très consciencieux dans son travaîl et nullement compliqué dans ses manières.

Voici les dernières lignes écrites de sa main, le samedi soir, veille de sa mort: e Je suis arrivé ici fatigué, préoccupe de la charge que j'avais assumée... J'ai rencontré tant de bienveillance que j’ai réussi à me reposer dans l'action. Ça, c'est de la bonne vie sacerdotale! Aussi le temps passe avec une grande rapidité. Déjà trois semaines, ce soir, que je suis ici ! Bonsoir ! Bonne nuit! Il est 9 h. 20; je vais me reposer. »

. Une dizaine d'heures plus tard, le vaillant missionnaire allait se reposer dans la paix de son Seigneur.

BPF 48 p ; 242 Voir aussi notice du Père Briault BPF 53 p. 366

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