Le Père Victor GUILLOUX,
1823-1882


Victor Guilloux, né à Ploërmel le 3 septembre 1823, fut refusé par le séminaire de Vannes pour boiterie congénitale, et se présenta en 1839 au séminaire de Meaux. Il y fit ses deux années de philosophie, commença sa théologie, et fut tonsuré le 8 décembre 1842.

En octobre 1845, n'étant encore que sous-diacre, trop jeune pour recevoir la prêtrise, il fut envoyé comme professeur de sixième au séminaire-collège d'Avon. C'est le samedi des quatretemps, 19 septembre 1846, - le jour même de l'apparition de la Ste-Vierge aux deux enfants de la Salette - que l'abbé Guilloux fut ordonné prêtre, avec 14 autres diacres, dont deux du diocèse de Meaux, dans la chapelle de la Nonciature, par Mgr Fornari, lequel fut créé cardinal le 21 décembre de la même année ; il est mort à Rome le 15 juin 1854.

Le 1er octobre 1846, à la rentrée des classes, M. Guilloux fut envoyé de nouveau au petit séminaire d'Avon, près de Fontainebleau, pour diriger la classe de quatrième. L'année suivante, en octobre 1847, on lui confia en même temps la direction d'une petite paroisse voisine, Samoreau, de l'autre côté de la Seine. Le jeune professeur, devenu ainsi curé, toucha de près la population ignorante et indifférente des campagnes qui avoisinent Paris. De là naquit son désir de se consacrer aux missions lointaines.

De concert avec un confrère plus âgé, il fit, après Pâques 1848, un premier essai en se rendant à Paris au Séminaire du St-EsPrit pour passer de là dans les colonies. Les évènements politiques de 48 mirent un moment obstacle au départ du missionnaire. Nos deux prêtres vinrent se mettre de nouveau entre les mains de Mgr l'évêque de Meaux, qui leur assigna un poste à tous les deux. L'abbé Guilloux fut nommé curé de Montigny-sur-Loing. Mais le 1- août de la même année, l'un et l'autre quittèrent le diocèse, cette fois pour n'y plus rentrer. Et, vers le milieu de janvier 1849, ils abordaient à la Guadeloupe. M. Guilloux eut la douleur de perdre son compagnon, l'abbé Antoine Brion, qui succomba de la fièvre jaune, trois semaines après leur arrivée. Ayant assuré quatre années comme curé de la cathédrale de Basse-Terre, il fut affecté à la Réunion en 1853, et y resta jusqu'en 1860, ayant été 4 ans curé de Ste-Suzanne et 3 ans curé de St-Pierre.

Ayant enfin obtenu toutes les autorisations, il fut admis à suivre sa vocation religieuse, et entra au noviciat de Monsivry, où il fit profession le 24 août 1862, à l'âge de 39 ans. Spiritain, sa carrière se poursuivit dans les collèges de la Trinidad et de la Martinique. Revenu en France en 1867, il fut trois ans supérieur de la communauté de l'Abbaye de Langonnet.

Affecté ensuite à l'île Maurice, il fut supérieur du collège ecclésiastique de Port-Louis, où on lui reconnut une distinction peu commune, comme maître des plus autorisés par son érudition et son éloquence, sachant se concilier l'estime respectueuse de ses subordonnés et les sympathies de tous ceux qui avaient le bonheur de le connaître.

Après avoir quitté Maurice, il fut nommé, en 1879, Préfet apostolique des îles Mayotte et Nossi-Bé, où, comme dans les autres colonies, il sut recueillir les témoignages les plus certains de respect, dû àson caractère, à ses vertus et à ses talents.

Épuisé par l'anémie et la fièvre, les médecins l'avaient envoyé a la Réunion prendre les eaux de Salazie, et l'on espérait, vu sa forte constitution, qu'il retrouverait assez de force pour rentrer en France, lorsqu'il s'est éteint presque subitement à Sainte-Suzanne, dont il avait été curé de 1853 à 1857.

Il repose dans le cimetière de Ste-Suzanne, à l'ombre des palmiers, sur ce cap battu par la mer, d'où l'on aperçoit, à travers les grands filaos de la place, le clocher de son église.

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