Le Père Yves GUYOMARCH, 1885-1918

Il est toujours douloureux de voir tomber avant l'âge de jeunes missionnaires qui, déjà faits à l'Afrique, dévoués, intelligents, sachant la langue, heureux de leur sort, paraissaient promettre de longues et fécondes années à l'apostolat. Cette douleur s'est renouvelée à la nouvelle de la mort du P. Yves Guyomarc'h.

Fils de Yves-François Guyomarc'h et de Marie-Jeanne Duigou, le P. Guyomarc'h était né le 16 janvier 1885 au bourg du Cloître-Pleyben. Il était venu en sixième à l'Abbaye de Langonnet et, après sa consécration à l'apostolat en 1911, avait été désigné pour les missions de la Guinée française, que dirigeait Mgr Lerouge.

Dans la région forestière de la Haute-Guinée, en pays Kissi, la première mission avait été fondée à Brouadou en 1903. La seconde mission, celle de Mongo, prit place plus au sud, toute proche de la Sierra Leone, en 1909. Le P. Guyomac'h y arriva le 23 décembre 1911, pour prêter main forte aux Pères Lecler et Laplagne. Le jeune missionnaire jouissant d'une bonne santé, que le climat n'éprouve pas, et qui semble rebelle à la fièvre, s'adonne avec le Père Laplagne à l'étude de la langue et réalise bientôt un catéchisme en langue kissienne, si utile aux premiers catéchistes, eux-mêmes catéchumènes. En 1913, une chapelle, aux dimensions intérieures de 30 mètres sur 8, était réalisée par le P. Lecler. A son inauguration, le dimanche de Pâques, cinq cents enfants assistaient au baptême solennel du premier catéchiste.

Tout allait très bien jusqu'en 1915. Mais à cette date, le Père Guyomarc'h fut mobilisé et dût rejoindre comme infirmier l'hôpital de Conakry. " C'est là, écrit Mgr Lerouge, qu'il a été emporté dans la mort, par la grippe espagnole qui a fait des ravages en 1918.. Tombé malade le 24 septembre, il a été soigné par le P. Quillaud ; j'ai pu passer moi-même près de lui deux ou trois heures par jour. Il est mort le dimanche 6 octobre, à 2 heures du matin. Dès 8 heures nous avons transporté le corps à l'église, où il est resté jusqu'au soir. Les honneurs militaires ont été rendus au défunt. Le chef de cabinet représentait le Gouverneur. Au cimetière, le médecin-chef, devant toute la population européenne, a salué, dans un discours très chrétien, le prêtre et le soldat. Le Père Guyomarc'h s'était attiré la sympathie générale : il a été profondément regretté. Pour nous, nous faisons une gande perte : intelligence très ouverte, catéchiste parfait, le Père Guyomarc'h promettait beaucoup pour la mission. Dieu l'a pris : que sa sainte volonté soit faite !

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