Henri était un homme austère. Il aimait la simplicité et ne cherchait jamais 
la première place. Il était travailleur, appliqué à préparer ce qu’il avait à 
dire et à transmettre. Il aimait écrire quelques articles pour le Bulletin des 
spiritains à Madagascar. On avait plaisir à le lire, mais toujours avec effort, 
son écriture singulière était difficilement déchiffrable. On le savait 
méticuleux : tout document devait être classé et rangé, ce qui fut précieux pour 
la mise en ordre des archives spiritaines de Madagascar et pour le rangement de 
la Bibliothèque spiritaine. Il veillait au bon ordre et à la propreté des lieux 
afin que chaque confrère se sente bien accueilli à la Maison Libermann.
 
Rapatrié sanitaire pour de gros problèmes cardiaques (quadruple pontage), il 
manifesta un grand courage face aux soins lourds et une grande patience durant 
son long séjour de rééducation. Surtout, il attendait de repartir à 
Madagascar…
 En 2008, Henri arrive à Chevilly. Vivre avec lui a été pour moi 
une source de joie. Il me soutenait par sa prière et sa bienveillance. Henri 
était un frère, toujours prêt à accepter un service à la mesure de ses moyens. 
Il ne cherchait jamais à empoisonner les relations dans la communauté par des 
critiques ou des mots blessants. Homme de prière, il portait spirituellement les 
personnes qui se confiaient à lui. Secrètement, il aidait celles et ceux qu’il 
savait en grande difficulté. Prière personnelle et communautaire ont été la 
source de son dévouement, de sa disponibilité et de son écoute des confrères 
plus dépendants à qui il rendait visite. Son chapelet quotidien, avec Marie, 
venait consolider sa proximité avec le Christ, laquelle nourrissait son esprit 
missionnaire et cette pauvreté évangélique radicale qu’il avait choisis de 
vivre.
 Il a consacré ses dernières années, avant qu’il ne soit touché par 
une sévère diminution de la vue, à poursuivre des recherches sur son 
grand-oncle, le Bienheureux Charles de Foucauld, dont il s’inspirait dans sa 
propre vie. Si Henri se donnait à voir comme un homme réservé et quelque peu 
austère, ceux qui le fréquentaient découvrait un homme à l’humour fin, sourire 
au coin des lèvres et regard perçant, aux yeux de feu comme ceux de son 
grand-oncle. N’est-ce pas cet humour qui l’a poussé à ouvrir une grande boîte de 
chocolats pour les partager avec ses frères après le petit déjeuner au matin du 
30 janvier ? En souriant, il disait :
« je vais avoir 90 ans dans quelques 
jours… on commence la fête avec un peu d’avance ! ». Puis, au 3ème étage, 
toujours avec ce même sourire, il a continué son partage avec les Sœurs. Deux 
heures plus tard, il s’est endormi paisiblement, sans bruit, mais pour toujours, 
pour se laisser accueillir par son Seigneur et rencontrer son grand-oncle…
 
Je termine par ses quelques paroles entendues ici ou là :
 « Je remercie le 
Seigneur de m’avoir fait missionner aux côtés de ce frère spiritain… Un confrère 
qu’on aimait fréquenter, comme on en voudrait beaucoup dans la Congrégation... 
Un confrère ? Non, un vrai frère qui m’attendait quand je revenais d’un mois de 
tournée en brousse ! Il restait une heure à écouter ce que j’avais vécu avant de 
me donner de ses nouvelles, j’avais 32 ans et lui 60… Il m’a aidé à devenir 
prêtre…».   Merci, Henri pour avoir vécu avec cohérence les fondamentaux 
de notre Règle de Vie.
 
 Marc SOYER
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