Le Père Léon HARTZ,
décédé à Wolxheim, le 12 décembre 1953,
à l’âge de 75 ans.


Léon Hartz naquit à Bischoffsheim (Bas-Rhin), le 31 décembre 1888. Trois jours plus tard, sa mère était rappelée à Dieu et le père devait la suivre au bout de six mois. Ce fut une tante qui se chargea de l’éducation des quatre orphelins.

Le jeune Léon entra à Saint-Florent de Saverne, fin septembre 1902, d’où il fut dirigé, trois ans plus tard, sur Knechtsteden pour y terminer ses études secondaires. Son noviciat accompli à Neufgrange, de 1910 à 1911, il revint au grand scolasticat de Knechtsteden où il fut ordonné prêtre en 1915 et admis à la consécration apostolique l’année suivante, tandis que la première guerre mondiale battait son plein.

Quand sonna l’heure impatiemment attendue de l’armistice, le P. Hartz retourna en Alsace redevenue française et prépara son départ pour les missions.

Destiné au Congo français, il arriva à Brazzaville le 4 octobre 1919 et y travailla jusqu’au 9 juillet 1947, avec une seule interruption pour un congé en Europe, du 24 mai 1931 au 11 octobre 1932. Il fut d’abord affecté à Mbamou avant d’être envoyé, en juillet 1924, à Kindamba.

Le Père Hartz eut beaucoup de peine à s’acclimater en Afrique. Dès le mois de mai 1920, le Père Bonnefont, son supérieur à Mbamou, écrit au vicaire apostolique : « Le P. Hartz est au lit avec une jambe enflée et la fièvre. » Mais vers la fin du même mois, une autre lettre assure que « le P. Hartz est remis et s’occupe de la construction des cases des enfants ». Hélas ! le 8 juin, arrivait un autre son de cloche : « La fièvre a repris le P. Hartz ; sa jambe enfle démesurément. » Le 30 juin, il va consulter le médecin à Brazzaville et, vingt jours plus tard, retourne “tout guéri” dans sa mission pour reprendre le travail avec ardeur. Vers la mi-décembre, nouvelle reprise du mal. « Le P. Hartz est toujours fatigué ; dès qu’il a marché un peu, il est obligé de s’étendre sur le lit pour se reposer. Je ne sais s’il ne fait pas trop d’effort pour faire malgré tout un peu de travail. » Bientôt, c’est l’estomac qui s’en mêle, et le P. Bonnefont écrit toujours : « Le P. Hartz a piqué un accès de fièvre et maintenant, il se traîne plutôt qu’il ne marche… Depuis qu’il est à Mbamou, le pauvre père n’a pas eu de bonne journée. »

Pareilles notes reviennent régulièrement dans la correspondance et le journal de communauté jusqu’en juin 1923, à des intervalles heureusement toujours plus espacés, sans que le brave père se soit cependant jamais déclaré vaincu : une mauvaise période passée, il se relance avec son ardeur habituelle à ses travaux de construction et, bientôt aussi, de planteur. C’est ainsi qu’en novembre 1923, il est tout heureux d’annoncer qu’il vient de planter au moins cinq hectares de manioc qui pousse très bien.

Kindamba, élevé en 1924 au rang de mission indépendante, fut le principal champ d’action du P. Hartz qui y arrive le 23 juillet 1924, comme second du P. Dréan. Dès le début, le père se consacra entièrement aux constructions de la nouvelle mission, tout en assurant le ministère sur place, le P. Dréan se réservant le ministère en brousse. La chapelle, mise la première en chantier, fut rapidement terminée. Le P. Hartz l’inaugura lui-même en y chantant la grand’messe en la fête du Saint-Rosaire (1924). Ce n’était qu’un début, et bientôt tout le terrain de la mission se transforma en chantier : la machine à briques ne s’arrêta plus et l’œil vigilant du père surveillait constamment le travail. Les sœurs furent d’abord installées, puis l’œuvre des garçons fut menée rondement. Après quoi, il fallut songer à une nouvelle chapelle qui surgit du sol comme par enchantement.

Le P. Hartz, après son retour de congé en Europe en 1932, fut successivement supérieur de Kibouendé et de Mindouli, et revint à Kindamba. Son courage et sa bonne humeur ne se démentent jamais. Mais le 1er novembre 1946, n’en pouvant plus, il dut quitter sa mission pour l’hôpital, et rentrer définitivement en France, le 9 juillet 1947.

Dès 1948, il dessert, pendant presque deux ans, l’aumônerie du pensionnat de jeunes filles, à Friedolsheim, près de Saverne. Mais ce ministère ne convenait pas tellement au vieux broussard : il n’y avait pas à construire !

À partir de 1950, il fait le ministère dominical dans l’importante paroisse de Dettwiller-Rosenwiller. Il y est très apprécié par le curé et les fidèles qui viendront nombreux à son enterrement. Il s’occupe encore de différents ministères, en semaine, chez les curés des environs de Saverne.

Mais au courant de l’été 1953, son état empire sensiblement. Le diabète, dont il souffrait déjà en Afrique, entre dans un état aigü. Le Père prend consciencieusement et copieusement les remèdes, mais il est moins scrupuleux pour suivre le régime prescrit. Très amaigri et presque à bout de souffle, il arrive enfin à Wolxheim, le 3 octobre 1953, comptant encore sur le retour de ses forces. Avec un bel esprit de régularité, il se traîne à travers les corridors pour suivre les exercices communs jusqu’au début de décembre. Transporté d’urgence à l’hôpital de Strasbourg, le 8 décembre 1953, il mourut dans les meilleurs sentiments, le 12 décembre. -
BPF, n°74, p. 463.

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