Le Père Joseph HEIDMANN
décédé le 14 avril 1996, à Thiais (94), âge de 82 ans
inhumé le 17 avril, à Chevilly


Né : 07.07.13, Wasselonne (67). Profès : 08.09.34, Neufgrange. Prêtre : 04.10.42, Fort-de-France AFFECTATIONS -Martinique : Fort-de-France, séminaire -collège, professeur (38-46).

France : Saint-flan, professeur, puis directeur (47-52) ; Bletterans, professeur, puis supérieur (52-74); Saverne, vicaire à Marmoutier (75-77); La Croix-Valmer, convalescence (77-78). Retraite : à Chevilly (79--96).

Envoyé à Fort-de-France, en 1938, Joseph Heidmann y fut bloqué par la guerre. Il y acheva sa théologie, fut ordonné et y reçut son obédience, aimée mais vite contredite, car sitôt son retour en France pour un congé mérité, en 1946, on l'affecta à Saint-Ilan. Il ne devait revenir aux Antilles que pour un bref séjour, en 1966, prédicateur auprès de la Légion de Marie. De Saint-Ilan, il passa à Bletterans, où venait de s'ouvrir une école préparatoire, en vue de peupler Allex. Pendant 22 ans, le Père Heidmann y fut supérieur, pédagogue et recruteur, avec des talents certains : ferme, mais enjoué, railleur, mais Charmeur. Sa vitalité ne se manifestait pas seulement par le goût presque immodéré de la cigarette, ou par l'ordonnance m en t savant des repas de fête. Ce bon vivant était un marcheur infatigable et un excellent nageur. Une école ne se remplit pas en posant un écriteau : le supérieur poussait ses recherches jusqu'au fond des hautes vallées du Jura, tenant pour avéré qu'il fallait avoir exploré cent kilomètres pour rencontrer une éventuelle vocation. Les années difficiles vinrent : les volontaires se firent rares, le principe même des petits séminaires fut contesté. Le Père Heidmann, qui ignorait le défaitisme, en souffrit et le fit savoir. Tant qu'il resta à Bletterans, l'école réussit à survivre et à susciter des sujets solides.

Vint en 1974 une année de recyclage. Puis dans le ministère paroissial, il tenta de se dévouer auprès des jeunes. L'esprit de cette génération, hélas, lui était devenu étranger. La déception aboutit à une dépression, qu'il fallut d'abord soigner longuement.

En 1979, à 66 ans, c'est un homme encore vert qui vint à Chevilly. A la retraite ? Il n'y paraissait point. En communauté comme au dehors, portées par une volonté farouche de bien vieillir, son activité et sa vivacité verbale ne se ralentirent guère. Fidèle aux vieux amis, il s'en créait de nouveaux, même en ville, grâce au Troisième âge, a ses réunions et à ses excursions. Quelques bons livres entretenaient sa pensée, sa prière et la fougue de son éloquence.
Repris des PP. Jean STACOFFE et Richard REMOND

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