Le Frère Paul HEITZ
décédé à Strasbourg, le 5 avril 1986, à l'âge de 65 ans


Le Frère Paul HEITZ (en religion Frère Justin) a été le type du religieux méthodique, n'admettant pas de bavures dans son travail comme dans sa piété, remarquable par le sérieux, le fini qu'il mettait en tout. Il s'est éteint dans la nuit du 4 au 5 avril, au service de réanimation A l'hôpital Haute-Pierre, à Strasbourg. Pendant sa longue maladie - il avait été contraint de cesser tout travail, il y a deux ans - il s'est vu mourir peu à peu. Au début, il n'a pas voulu s'admettre vaincu et parlait de reprendre ses tournées de propagande pour la diffusion de " l'Écho des Missions ", mais petit àpetit, il a dû comprendre que c'était fini et il a pu se préparer à l'ultime et définitive rencontre avec le Seigneur. Ceux qui l'ont visité pendant son dernier séjour à 1 hôpital, alors qu'il ne pouvait s'exprimer que par quelques mots tracés sur un papier, l'ont trouvé résigné et prêt. Le Seigneur l'a sûrement reçu comme le serviteur bon et fidèle, qui a fait fructifier tous les talents qu'il lui avait confiés.

Paul Heitz est né le 30 juin 1921 à Herrlisheim, dans le Bas-Rhin ; cette localité a donné plusieurs Pères et Frères àla Congrégation. Le 22 septembre 1931, il se présentait à Neufgrange pour être missionnaire. Très vite, on l'orienta vers le Postulat des Frères. alors très florissant. L'évacuation de septembre 19 39 l'envoya à Langonnet où il fit profession le 31 septembre 1939. loin des siens, et on lui confia la bo u langerie -pâtisserie. Il put déployer toute sa débrouillardise et son savoir-faire. En 1946, il passa à la cuisine, à Piré d'abord, puis à Chevilly et enfin à Cellule. C'était encore l'aprèsguerre et il fallait savoir tirer parti de tout. Le Frère Paul (Justin alors) y manifesta tous ses talents : personne n'eût à se plaindre de ses menus. Il s'y donna tout entier, au point de s'épuiser moralement et physiquement. Il trouva heureusement un bon guide en la personne de son ancien supérieur, le Père Le Héricey, alors à Auteuil, qui sut le raisonner, l'encourager et l'orienter vers l'imprimerie de Neufgrange où il avait déjà travaillé avant guerre.

Il y arriva en 1951 et ce fut bientôt lui qui imprima l'Écho des Missions, à la satisfaction de tous. Il forma des apprentis. Il ne manquait pas de se rendre utile par ailleurs, soit comme assistant du directeur de l'école technique ou comme auxiliaire des Frères.

Au bout de 30 ans de ce travail, vers 1981, il senti les premières atteintes de son mal, sans savoir ce que c'était : il avait de la peine à soulever les lourdes rames de papier. Il abandonna l'impression de l'Echo pour sa diffusion en Lorraine. Dans ses tournées, il s'y prit avec méthode et précision, sachant parler aux gens, accepter leur hospitalité, la solliciter même en toute simplicité : son abord franc et souriant lui ouvrait les coeurs.

Bientôt ses douleurs d'épaule et de bras s'accentuèrent. Au retour de son congé en Martinique payé par les confrères de là-bas, il dût s'arrêter. Ce fut d'abord sa soeur qui le soigna avec un dévouement inlassable , puis il demanda son admission à Wolxheim : il déclina lentement, perdant du poids et de la taille, avec des séjours fréquents à l'hôpital, des périodes d'accalmie suivies de crises, Il s éteignit le 5 avril La foule qui suivit son enterrement à Wolxheim prouve combien il était apprécié et aimé
René COURTE

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