Le Frère Albérie HéMON,
1912-1978


Né le 25 juillet 1912 à la Trinité-Langonnet, François Hémon entre à l'âge de douze ans à l'école apostolique de l'Abbaye toute proche. Son intention était de devenir prêtre. Pour raison de santé, malgré ses bonnes notes en classe, son directeur le dirige sur le postulat des Frères. Il se soumit, mais toute sa vie, il devait regretter ce changement d'orientation.

Il fut un des rares élèves que le Frère Edesse, gros travailleur, mais pas très patient, réussit à garder pour l'initier aux mystères de la mécanique et de l'électricité. Après sa profession à Chevilly, le 9 septembre 1930, il y travailla comme maçon pendant deux ans. Il est ensuite chargé de la buanderie et de la lingerie.

Mobilisé en 1939 dans le Service de Santé, il revient à Langonnet en 1940 et y reprend son travail de ferblantier et d'électricien. De 1952 à 1957, il est portier à la rue Lhomond, " pour lui cinq années d'exil.

En 1957, il revient définitivement à sa turbine de Langonnet, ajoutant à son travail d'électricien celui de ferblantier, de plombier-zingueur, de mécanicien-chauffeur. C'est là surtout qu'on appréciera pendant vingt ans - outre ses qualités professionnelles – ses inépuisables ressources morales de serviabilité, de gentillesse, de patience, d'égalité d'humeur... Toujours prêt à rendre service partout où on l'appelait. Toujours disponible, et tout de suite, sans bruit, avec effacement. On ne peut deviner tous les services rendus aux cultivateurs en panne de machine, aux bonnes grand-mères en panne de cuisinières à gaz ou d'éclairage, de robinets qui fuient... tant étaient grandes sa modestie et sa discrétion.

Dans ces derniers temps, on s'aperçut que cet excès de dévouement s'exerçait au détriment de sa santé. Sans qu'il le demande, on le décharge du ramassage scolaire, puis du travail à la turbine. Comme il ne semblait pas reprendre ses forces, on le dirige sur Grasse pour prendre du repos dans un climat plus ensoleillé. Trop tard sans doute... six semaines après, transporté d'urgence à l'hopital, il y décédait le 29 octobre 1978 à l'âge de 66 ans.

Il avait exprimé au Père venu le visiter son regret d'être venu mourir si loin. Son vœu silencieux fut exaucé et son corps ramené à l'Abbaye de Langonnet, pour y être inhumé dans notre cimetière, le 2 novembre, en présence d'une foule jamais vue pour les obsèques d'aucun confrère. Ce concours de peuple et les 75 messes offertes pour le repos de son âme par ses amis reconnaissants montrent que son humble apostolat a porté ses fruits.
P. Joseph Le Borgne

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