Le Père Louis HERPE,
décédé à Sette-Cama, le 4 février 1899,
à l’âge de 30 ans


Né à Plouray, le 13 mars 1868, dans le voisinage de l’abbaye de Langonnet, le jeune Louis Herpe fut, dès l’âge de neuf ans, confié par ses parents, excellents chrétiens, aux soins de nos pères qui lui apprirent, avec les premiers éléments de la grammaire, à aimer la congrégation et ses œuvres. Après quelques années d’études au collège de Langonnet, il fut envoyé à Merville. Pendant tout son scolasticat, à Chevilly, il se fit remarquer par une constante régularité et par sa très grande dévotion envers Marie. En 1894, il reçut son obédience pour le Congo français.

Dans la lettre qu’il écrivait en janvier 1897 pour solliciter les vœux perpétuels, il raconte ainsi lui-même ses débuts dans la mission : « La première charge que me donna Mgr Carrie, à mon arrivée à Loango, ce fut la direction du petit séminaire : “ Je vous confie, me dit-il, l’œuvre la plus importante, mais aussi la plus difficile peut-être de tout le vicariat. Tous ceux qui la composent en ce moment sont découragés et veulent s’en aller ; tâchez de faire renaître en leur cœur l’amour de leur sainte vocation. ”

« Je me mis à l’œuvre, ne comptant que sur Jésus et Marie : prières, bon exemple, conférences, sujets d’oraisons, j’eus recours à tous les moyens pour animer ces enfants d’une vie de foi ; mais, malgré tout, ils persistèrent dans leur dessein de quitter le séminaire et Monseigneur les congédia tous au mois d’août 1895. Ces défections me causèrent une peine profonde.

« Quelques temps après, je fus nommé à l’économat de Loango, charge peu agréable ; ce ne fut pas heureusement pour longtemps. Mgr Carrie, se voyant obligé d’aller refaire sa santé en France, appela pour le remplacer le P. Levadoux, précédemment supérieur de la mission de Sette-Cama, et je fus désigné pour prendre la place de ce dernier. J’arrivai, plein de confiance, au milieu des Camas que je devais évangéliser. »

Le pauvre père avait, dès son noviciat, ressenti les atteintes d’une gastralgie, qui ne fit que s’accroître et qui lui causait parfois de violentes douleurs. Peut-être aussi présumait-il un peu trop de ses forces et ne prenait-il pas suffisamment les soins que réclamait son état de santé, quoiqu’il fût pour tous ses confrères d’une attention et d’une charité sans égales.

Voici, sur ses derniers instants, les détails donnés par le P. Murard : « C’est le samedi 28 janvier, que le P. Herpe fut saisi par la fièvre hématurique, elle était très violente et accompagnée d’un abattement très douloureux. Par mesure de prudence, on avait, dès le premier instant, télégraphié à Mayumba pour demander un missionnaire.

M. l’abbé Maonde, prêtre indigène, partit aussitôt pour Sette-Cama dès le soir même, malgré une forte tornade. Dans la lacune de Mayumba, sa pirogue fut chavirée par un hippopotame ; trempé jusqu’aux os, il n’en continua pas moins sa route, voyageant jour et nuit à marches forcées. Il fit ainsi le chemin en deux jours et demi, plus rapidement que les porteurs ; et à son arrivée, le vendredi soir à cinq heures, il trouva le père encore en pleine connaissance ; il le confessa et l’administra aussitôt. Vers minuit, il avertit lui-même de commencer les prières des agonisants. On réveilla les enfants pour y prendre part, et c’est pendant ces prières, vers deux heures du matin, le samedi 4 février, que le bon père expira, offrant une dernière fois sa vie pour la Mission à laquelle il s’était dévoué corps et âme. »

Mgr Carrie ajoute à cette occasion : « Aussi longtemps que nos jeunes missionnaires ne prendront pas plus de précautions, ils ne tarderont pas à succomber. Certes, ici, ce ne sont pas les observations qui leur manquent, je ne laisse passer aucune occasion favorable sans les réitérer et les accentuer de plus en plus fortement. Mais on ne comprend pas leur importance et l’on ne se soigne pas mieux après qu’avant. C’est déjà joli si l’on ne vous rit pas au nez, quand vous prêchez ainsi !…

A mon dernier voyage à Sette-Cama, j’avais spécialement insisté auprès du cher P. Herpe, verbalement et par écrit, afin qu’il prît tous les soins nécessaires pour sa santé, en lui prédisant, s’il continuait, qu’il suivrait bientôt le P. Sublet dans la tombe. Hélas ! cette prédiction ne s’est que trop tôt réalisée. » (Lettre du 12 février 1899). -
BG, t. 20, p. 33.

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