Le Père Alphonse Hetterscheid,
décédé à Nimègue, le 8 janvier 1996,
à l’âge de 70 ans.


Alphonse Hetterscheid était né aux Pays-Bas le 8 mars 1925 ; il voulait devenir missionnaire et a suivi le cycle normal : petit séminaire, noviciat, scolasticat de la congrégation du Saint-Esprit, de 1939 à 1953. En 1952, il était ordonné prêtre et était affecté, l’année suivante, au Congo où il a desservi plusieurs missions : Sibiti, Pointe-Noire, M’Fouati, Zanaga, Koubomo et Makabana.

De 1979 à 1985, il fut le premier économe de la fondation spiritaine de l’Afrique Centrale (FAC), qui compte maintenant déjà plus de trente cinq pères et frères africains.

En 1988, il a dû mettre fin à son séjour au Congo et fut, jusqu’à sa mort, vicaire à Saint-Laurent du Var, à l’annexe de Montaleigne.

Dans tous ces endroits, il s’est fait beaucoup d’amis très fidèles : le courrier que j’ai dû trier, avant son retour définitif aux Pays-Bas, et ses longues listes d’adresses en témoigne.

Au mois d’août, il voulait rendre une dernière visite à ses amis du Congo ; il avait prévu d’y rester cinq semaines mais, après dix jours, il a eu à Pointe-Noire un accident vasculaire cérébral qui a nécessité son rapatriement direct à Nice, où il a été hospitalisé pendant cinq semaines : beaucoup d’anti-coagulants qui ont probablement occasionné quelques semaines après sa sortie des hémorragies internes au colon ; nouvelle hospitalisation pendant deux semaines et, ensuite, retour à Montaleigne, mais à cause de sa faiblesse on a dû l’hospitaliser de nouveau, le 22 novembre, à l’hôpital d’Antibes. Le 18 décembre, le médecin de cet hôpital m’informait que son transfert était possible ; ceci s’est fait (en chaise roulante) par avion et en voiture, le jour de l’An. Il a assez bien supporté le voyage, mais, quelques jours plus tard ,il a eu un deuxième accident vasculaire cérébral avec paralysie du côté gauche ; aussitôt hospitalisé à l’hôpital de Nimègue, il nous a quitté le lundi 8 janvier 1996.

La messe d’enterrement a été présidée par le P. Albert Klomp, lui aussi ancien missionnaire au Congo, qui a évoqué quelques souvenirs : « On dit : “Les grands arbres attrapent beaucoup de vent” et “les chênes aussi tombent”. Ceci était vrai aussi pour le P. Alphonse. C’était une forte personnalité. Il l’était déjà dans sa jeunesse. Je me rappelle son arrivée au petit séminaire. Le chef de table lui demanda : « Ton père doit être policier ? » et Alphonse de répondre : « Non, il était commandant des gardes communales. »

« Alphonse avait beaucoup de talents et un don spécial pour les langues, ce qui lui fut très utile en Afrique. Il parlait couramment le Français, l’Allemand et l’Anglais, mais il avait aussi une grande facilité d’apprendre les langues congolaises.

« Alphonse avait une belle voix de basse, des yeux expressifs, et le don de la parole. Il attirait beaucoup de gens par ses sermons vivants. Mais il était missionnaire aussi par ses nombreux contacts avec presque tout le monde. Il avait une facilité de prise de contact et, par sa connaissance étendue de langues, il savait captiver les catéchumènes et les attirer à la mission. Même les vieilles femmes de la brousse pouvaient discuter dans leur langue avec lui.

« Malgré cela, il pouvait être très exigeant pour lui-même et pour les autres. Ceci ne lui valait pas toujours de la reconnaissance, surtout de la part des autorités politiques du pays, mais il avait tellement d’amis parmi les Congolais et les non-Congolais qu’il a pu toujours s’en sortir.

« Alphonse était aussi un homme qui était touché par la situation sociale des gens. Chacun pouvait venir chez lui et solliciter son aide ; s’il n’avait pas lui-même les moyens, il se débrouillait pour faire quelque chose.

« Au bout de trente-cinq ans au Congo, il n’avait qu’un seul souhait : mettre ses talents de langue au profit des touristes dans le Sud de la France. Il rentra dans une équipe de prêtres près de de Nice et il y fut aussi heureux. Il était très accueillant et savait prendre contact avec beaucoup de gens, comme on le voit dans ses carnets d’adresses, remplis de numéros de téléphone.

« Alphonse, maintenant tu peux te reposer après tant d’années, toi qui partageais avec tant de gens ce qui t’animait. Tu peux habiter dans ce pays de l’avenir, dont rêvaient les visionnaires, Ciel nouveau et terre nouvelle, vers lesquels nous sommes encore en route. »

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