Le Frère Eloi JAOUEN
décédé à Langonnet le 5 mars 2001, âgé de 90 ans
Né : 02.01.11, Plouvien (29). Profès : 09.09.29, Chevilly
AFFECTATIONS
France - Chevilly (31-32); Allex (32-37). Congo - Loango- Mossendjo (37-53) ; Tchibanga (53-55) ; missions diverses... (55-76) ; Mbinda (76-79) - France - Langonnet (79-01)


Aussitôt après son triennat, au cours duquel il apprit le métier de menuisier-charpentier, et un bref séjour à Ruitz, le frère Eloi fut affecté à Allex.

En 1937, c'est le départ pour l’Afrique, dans le Vicariat apostolique du Loango, et la fondation "provisoire et définitive" (comme il l’écrit) de la mission de Mossendjo. Ce sera sa plus longue affectation, 16 ans, interrompus par un congé en France en 1947.

Un des principes qui régissait l’apostolat des Frères spiritains était que les frères, ouvriers par excellence, étant chargés de construire les Missions et de les faire vivre par les ateliers, pouvaient être appelés d'un moment à l’autre dans une autre mission, selon les besoins. Le frère Eloi fut de ces frères spiritains, chargés de peu de bagages, qui, une fois un bâtiment achevé, se voyaient envoyés à l'autre bout du diocèse pour recommencer ailleurs, dans des conditions difficiles, sous la direction d'un autre supérieur, avec d'autres confrères, d'autres ouvriers, d'autres outils (puisqu'ils ne pouvaient même pas emmener les leurs). Il y fallait beaucoup de foi et d'esprit religieux et... un bon caractère!

C'est ainsi que nous retrouverons Eloi à Tchibanga où il construit une magnifique église, à Mayumba où il s'agit cette fois d'une léproserie. Des forêts gabonaises il redescend dans la plaine torride du Niari pour construire la maison des Soeurs à Madingou, un monument qui domine toute la plaine. Ce sera ensuite Divénié, Loango pour les bâtiments du petit séminaire, Pointe-Noire où, disait-il avec humour, Mgr Fauret l’obligea à faire le trottoir..., c’est-à-dire à bétonner celui qui entourait l’Evêché ! Il retournera ensuite dans les missions de son coeur, Mossendjo et Divénié, pour enfin passer les dernières années, tout à fait à l’extrémité du diocèse, à Mbinda, où il fait marcher l'atelier qui fait vivre la mission.

En 1979, il arriva à Langonnet. Tout de suite il prit possession de la menuiserie. Il y fabriqua beaucoup de meubles pour les uns et les autres, - sans oublier le cercueil, qu'il nommait avec son sourire gouailleur, "le prêt à porter".

Ceux qui nous quittent sont parés de toutes les qualités. J'en ai évoqué quelques-unes et non des moindres : disponibilité, exigence du travail bien fait, heureux caractère en communauté, sens de l’humour qui le faisait rire charitablement des petits travers de ses confrères. Il avait la plume facile et, de temps en temps, ne se privait pas d’écrire à son Evêque pour lui dire ce qu’il pensait de la marche de la Mission - et je sais combien Mgr Fauret aimait ces lettres. Il avait piété solide et foi profonde. Un jour, il m'a fait cette réflexion : « Si le bon Dieu est aussi content de moi que je suis content de lui, alors je suis tranquille ». Cela ne l’empêchait pas d’être, comme chacun de nous, bourré de défauts. Pourquoi les énumérer ? Nous les avons vus... Qu’est-ce que cela à côté de tout ce qu’Eloi a fait pour son Dieu et ses frères africains et européens !

Merci, Eloi, nous sommes nombreux à avoir été heureux de vivre avec toi.
Guy Pannier