Le Père Adolphe JEANJEAN,
décédé à Fort-Rousset, le 18 juin 1958,
à l’âge de 76 ans.


Adolphe Jeanjean est né le 26 juin 1881, à Longeron (Maine-et-Loire). Il fait ses études secondaires au collège de Beaupréau et entre au grand séminaire d’Angers en 1901. En novembre 1904, il est admis au noviciat de la congrégation du Saint-Esprit et fait profession à Chevilly, le 18 décembre 1905. Il est ordonné prêtre le 14 juillet 1907 ; ce même jour, à la consécration à l’apostolat il est désigné pour le vicariat apostolique de Brazzaville. Il embarque à Bordeaux le 25 septembre 1907, arrive à Brazzaville le 18 octobre et parvient à la mission de Boundji le 7 décembre. Il va y passer pratiquement toute sa vie, à part un séjour de deux ans à Mpouya (1948-1949) et ses trois dernières années à Sainte-Radegonde. Il est épuisé quand on le transporte à Fort-Rousset pour lui donner les soins nécessaires, mais il n’y passe que quelques jours et y meurt le 18 juin 1958.

Voir : Michel Legrain, Le Père Adolphe Jeanjean, missionnaire au Congo, Editions du Cerf, 1994, 240 p. - Dont un extrait : “Les secrets d’une longévité exceptionnelle” (p. 165 à 167) :

« Si Adolphe Jeanjean a atteint les sommets de la longévité sur les rives de l’Alima, ce n’est ni grâce à une santé exceptionnelle, ni à coup de protections célestes à répétitrion. N’étant pas une force de la nature, il sut ménager sa monture, et son parcours de broussard dépassa le demi-siècle.

« En cela, il se distingua très nettement des deux pères de Boundji chargés de la brousse et qui l’encadrèrent. Avant lui, le P. Épinette (à Boundji de 1904 à 1907) et le P. Sheer (à Boundji de 1931 à 1948).

« Du P. Épinette qui s’était tué à la tâche et qu’il viendra personnellement remplacer trois mois plus tard, il dira : “ Il se dévoua tout entier à son apostolat, mais comme tant d’autres, il eut le tort de ne pas modérer son ardeur et son enthousiasme, et comme tant d’autres, la mort le faucha avant le temps : il n’avait que 29 ans. ”

« Au sujet du P. Sheer : “ Ses longues tournées de brousse de trente à quarante jours, à bicyclette ou à pied, sous le soleil ou la pluie, dans l’eau et la boue, malgré la fièvre et d’autres indispositions, eurent raison de sa santé et de ses forces. Surtout qu’à peine rentré à la mission, il se reposait en entreprenant de gros travaux de construction. ” Ce qui devait arriver arriva : “ Parti en congé en 1948, très malade, le docteur lui avait conseillé de ne plus revenir au Congo. mais, s’étant assez bien remis en France (il le pensait du moins), voyant aussi qu’il n’y avait personne pour me remplacer à Boundji, et poussé par sa grande âme de missionnaire, il revint se remettre dans le collier. S’il avait su se modérer, peut-être aurait-il pu tenir, mais il reprit toutes ses activités, et même en ajouta d’autres. Aussi, un mois plus tard, il était de nouveau terrassé. Dirigé sur Brazzaville, il mourut en cours de route, sur le bateau. Le corps de cet infatigable missionnaire, de ce grand broussard, repose dans un poste insignifiant, sur le bord du Congo, à Ngabé, en pleine brousse. ”

« Jeanjean : un broussard modéré qui sut durer, entre deux fougueux broussards !

« Cela dit, le P. Jeanjean, sous des extérieurs qui n’en imposaient pas, avait une résistance peu commune. Ainsi avoue-t-il incidemment, au cours d’une lettre, être capable de patauger douze heures d’affilé avec seulement deux bananes dans le corps. Capable aussi de repartir de nuit, avec en perspective une marche nocturne de quatre heures pour assister un mourant.

« Cependant, à partir de la soixantaine, les infirmités s’accentuent : rhumatismes, mais aussi perte importante de l’acuité visuelle et de l’audition, sans parler d’une voix qui n’avait jamais été bien forte. Par périodes, il doit cesser la récitation du bréviaire, et les lectures de la messe dans des endroits habituellement mal éclairés lui deviennent très pénibles. Les quelques soins médicaux n’amènenet que de petites améliorations fort fugaces. Il demeure fidèle rédacteur du journal de la communauté, mais son écriture devient davantage hésitante et suit difficilement le tracé des lignes.

« Il surveillait particulièrement sa nourriture, mangeant volontiers des nourritures indigènes, si rudes fussent-elles, mais en les faisaint toujours préparer par son cuisinier, y compris dans les brousses les plus reculées, par souci d’hygiène. Il emportait pareillement de l’eau filtrées, ou, à défaut, il attendait qu’elle fût bouillie et refroidie, aussi intense que fût sa soif. Il ne buvait d’ailleurs jamais en marchant ou en transpiration, et changeait habituellement de chemise quand elle était trempée de sueur. Il ne partageait pas du tout le point de vue du P. Sheer, qui, pour gagner du temps ou par amitié pour ses hôtes, prenait sa part dans les plats des villageois.

« Durant de très longues années aussi, il souffrit de hernies. Les soins médicaux ne lui furent que de peu d’effet, et il portait des bandages. Il connut aussi parfois, sur la fin de sa vie, des étourdissements qui l’obligeaient à s’asseoir ou à s’allonger durant la messe, avant de pouvoir reprendre la suite de la célébration. »

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