Le Père Paul JOUANNEAUX,
1886-1921


Le P. Paul Jouanneaux promettait beaucoup. Sa venue en mission datait de deux ans à peine, et déjà il pouvait passer pour un vieux missionnaire par l'expérience acquise, l'affection de ses fidèles, qu'il s'était conciliée grâce à ses services rendus, sa compétence très étendue, et par la confiance qu'il inspirait à ses supérieurs. Il n'avait que 34 ans, quand une mort inopinée l'a soustrait à notre affection et à nos espoirs terrestres, le 18 juillet 1921.

Paul naquit le 13 décembre 1886, à Sainte-Radegonde, dans une famille de 11 enfants. Dès son enfance il eut l'idée d'être missionnaire. Mais après la rhétorique, au petit séminaire de Tours, il eut la tentation d'imiter ses deux frères déjà ingénieurs, et entreprit de préparer le concours d'entrée à l'École des Mines ; au bout de six mois l'appel de Dieu se faisant plus fort, il présenta sa demande au noviciat. Le Père Genoud le reçut, et l'admit à la profession le 28 octobre 1909.

Il accomplit ensuite ses deux ans de service militaire, où il fut très apprécié et laissa un excellent souvenir. Ce fut enfin trois ans d'études à Chevilly, suivies de deux années à Rome pour préparer le doctorat en théologie. Prêtre le 11 avril 1914, il fut, comme beaucoup d'autres, mobilisé à sa sortie du séminaire.

Infirmier durant ces quatre années de guerre, il demanda à servir comme brancardier. Deux fois blessé, il fut trois fois cité à l'ordre de la Brigade : le 1er mars 1916, le 5 septembre 1916 à Verdun, et le 16 avril 1917 à Lons-le-Saunier. Il estimait que sa santé n'était pas ébranlée et qu'il pouvait recevoir une obédience pour l'Afrique. Au Cameroun, il fut affecté à la mission d'Edéa.

Chargé de l'école et de la formation des moniteurs, il sut s'adapter aux uns et aux autres. Bricoleur et habile mécanicien, il ne refusait jamais de rendre service, qu'il s'agisse de machine à coudre, montre, bicyclette, parapluie ou de l'automobile de l'administrateur.

Pendant les vacances scolaires, il partait joyeusement en brousse, et, à pas de géant, il visitait les postes de catéchistes qui se trouvent jusqu'à six jours de marche de la mission. Il avait un cheval, mais trouvant qu'il était trop lent, il le confiait à un de ses garçons, et il marchait à pied.

Son lit, formé de deux planches placées sur deux tréteaux, n'était composé que d'une mauvaise paillasse ; il n'a jamais voulu l'échanger contre un lit plus confortable.

En 1921, profitant des grandes vacances, il venait de faire une tournée de cinq semaines en pays bassa, sur la rive droite de la Sanaga, vers Babimbi et Soma, durant la saison des pluies. Il se sentit tout d'abord fatigué, puis se plaignit d'une douleur dans la jambe droite ; la paralysie monta jusqu'au cœur, malgré les soins du médecin. Il expira, après avoir renouvelé le sacrifice de sa vie, pour la congrégation, la mission et ses œuvres.

Dans sa courte existence, le Père semble avoir réalisé le rêve du vrai missionnaire, qui est de dormir son dernier sommeil au milieu de ceux qu'il a évangélisés, et d'avoir part à leurs nombreuses prières. Selon sa devise personnelle : "Dieu avant tout, Dieu partout, Dieu toujours", il s'est sacrifié pour Dieu et les âmes, il est mort pieusement, et repose au milieu des chrétiens qui l'aiment, comme il les a lui-même aimés.

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