Le Frère Élie Jouault,
décédé à Brazzaville,
le 26 septembre 1900, à l’âge de 40 ans.


François Jouault, né à Saint-Hilaire-du-Harcouët (Manche) le 6 février 1860, avait vingt-sept ans lorsqu’il vint à Chevilly, muni d’excellents témoignages, le 18 mai 1887. C’était un très bon ferblantier. Ce fut également un parfait novice. Il fut admis à la profession, sous le nom de F. Élie, le 19 mars 1889. Il avait déjà été employé, pendant une partie de son noviciat à Épinal, pour le soin de la machine électrique servant à l’éclairage de la maison. Il continua quelque temps encore cet emploi, auquel il ajoutait, durant le jour, celui de portier.

Vu son ardent désir d’aller en mission, le T. R. P. Émonet lui donna son obédience pour l’Oubangui. Parti de Marseille le 10 octobre 1890, avec le P. Sallaz et le F. Honoré, il arriva en décembre, par la longue route des caravanes, à Brazzaville, où le P. Allaire vint le chercher, sur le Léon XIII, pour l’emmener à Liranga. Il y couvrit tous les bâtiments de cette station, tout en remplissant diverses fonctions dans la communauté.

Les aptitudes du F. Élie pour toutes sortes de travaux, jointes à un dévouement sans bornes, le firent successivement appeler dans diverses stations du vicariat, et, partout, il rendit les plus grands services.

Revenu à Brazzaville en 1891, il y couvre la cathédrale, place les verrières, monte les trois autels en cuivre doré, et orne la toiture de découpures en zinc qui font l’admiration des visiteurs.

Choisi en 1894, pour aider le P. Moreau dans la fondation de la Sainte-Famille (Haut-Oubangui), il se dévoue courageusement à cette œuvre.

L’année suivante, il est rappelé par Mgr Augouard, à Brazzaville, et chargé comme mécanicien du bateau “Diata”. Il parcourt, dès lors, en tous sens, le Congo, l’Alima et le Stanley-Pool, se dévouant sans réserve au bien général des stations. Fatigué enfin par tous ces travaux autant que par le climat, il rentre en France en 1898. Il émet ses vœux perpétuels, à Chevilly, en la fête de saint Joseph 1899, et repart bientôt après en mission.

La vertu de pauvreté religieuse le portait à utiliser ce que d’autres auraient jeté au rebut. Il exécuta même des choses assez belles, au moyen d’objets que l’on aurait cru ne pouvoir servir à rien. À ce point de vue, c’était un frère précieux dans ce pays où tout coûte si cher, à cause des frais énormes de transport.

À la vertu de pauvreté, il joignait un remarquable esprit d’ordre et de propreté. Dans son atelier, tout était net et bien rangé. Chaque outil avait sa place et y retournait, après avoir servi : tel était le règlement de l’atelier.

L’esprit de foi chez lui ne cédait en rien à celui de la pauvreté. Sans faire de multiples démonstrations extérieures de piété, il était d’une régularité parfaite à tous ses exercices.

Avec tout cela, il gardait toujours dans ses voyages et ses travaux cette patience et cette bonne humeur qui font supporter joyeusement les ennuis et les difficultés, les privations et les maladies.

Aussi l’on peut dire que le cher défunt a été, pour tous ses confrères, un modèle en bien des vertus, jusqu’à sa mort.

En juillet dernier, il partait comme mécanicien à bord du Léon XIII. Revenu avec un commencement de dysenterie et une petite fièvre, il fut forcé de s’aliter. Bientôt, le docteur reconnut un abcès au foie, et crut devoir tenter la dernière chance de salut : l’opération. Le bon frère s’y soumit, après s’y être préparé le matin par la sainte communion, qu’il faisait, du reste, aussi souvent que possible. Ce fut le 26 septembre, à deux heures, que le médecin l’opéra : il souffrit beaucoup, parce qu’on ne put l’endormir au chloroforme. Il supporta tout avec courage ; mais, déjà trop affaibli, il déclina dès lors rapidement. On lui donna les derniers sacrements, qu’il reçut avec beaucoup de foi et de piété, en répondant lui-même aux prières : et vers six heures, il rendait paisiblement son âme à Dieu, après avoir offert sa vie pour la congrégation et la mission. -
BG, t. 20, p. 737.

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