Le Frère Faustin (Michel) KERNAFLEN
décédé à Quimperlé (29) le 20 octobre 1998, âgé de 87 ans
inhumé à Langonnet le 22 octobre


Né : 21.03.11, Plonéour-Lanvern (29) - Profès : 09.09.29, Chevilly
AFFECTATIONS: (Tailleur et portier)
Orly (31-33). Langonnet (33-45).
Rue Lhomond (45-75).
Langonnet, retraite (75-98)

Le Frère Faustin est né en pays bigouden, dans une famille d’agriculteurs, à une époque où le travail de la terre était dur. Très jeune il prit sa part aux labeurs de la ferme. Certaines infirmités lui viennent probablement de cette époque, mais assurément la rigueur dans le travail, c’est là qu’il l’aura acquise.

Entré au Postulat de Langonnet à douze ans, il a suivi dans la congrégation une marche régulière jusqu’à sa profession et ne s’en est point départi : à sa mort, il venait d’entrer dans la soixante-dixième année de sa vie religieuse, une vie consacrée au Seigneur et au service de ses confrères. " Il m’a fait ma première soutane blanche", me disait quelqu’un de l’Abbaye. Un autre : " C’était un bon portier." Tailleur, portier, voilà essentiellement les services qu’il a rendus, avec une parfaite continuité dans de peu nombreuses affectations. En 1994, la maladie le contraindra à arrêter toute activité.   

A l’image de sainte Thérèse, patronne des missions pour avoir de son carmel soutenu les missionnaires, mais aussi, à l’instar de tant de nos confrères contribuant à l’œuvre commune dont ils ne connaîtraient ni les saveurs ni les développements, le F. Faustin a pratiqué les œuvres de miséricorde : en nous habillant (" J’étais nu..."), en nous accueillant (" J’étais sans logis..."). Habiller de neuf les jeunes gens qui entraient au noviciat, assurer le trousseau des partants, reconstituer l’équipement du missionnaire en congé, c’était une intendance à organiser et à gérer dans quelque aile de la maison, par exemple rue Lhomond. Parce que des frères comme Faustin s’y sont consacrés, d’autres confrères ont pu se libérer de soucis et travailler en mission. Bien souvent la taillerie jouxtait la porterie et le tailleur était aussi portier. Dans cette fonction encore, Faustin a mis du talent et son cœur, car c’est une position stratégique : le sourire, l‘accueil, le bon mot ou la bonne parole, le conseil avisé, voilà qui marque le visiteur. Faustin veillait à ce que les abords de la porterie fussent accueillants : rien ne devait marquer le désordre. Jusque dans les derniers temps, quand il sortait, il repoussait encore de sa canne le papier ou la capsule qui traînaient.

Depuis quatre ans, il avait rejoint l’infirmerie, rongé par les infirmités. En dépit des calmants, il souffrait, bien souvent en silence. Parfois il lâchait une saillie, ou faisait marcher un confrère avec un petit sourire au coin des yeux. Nous le trouvions souvent dans son fauteuil : le chapelet à la main. Le cœur en paix, il reconnaissait sans ambages qu’il était fatigué et souhaitait que Dieu le rappelle. Il est pieusement décédé le 20 octobre 1998, âgé de 87 ans.

F. Eloi Jaouen et P. Alain Rouquet

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