Le Frère Christophe KERVELLA,
1898-1934


Né le 24 juillet 1898, à Plouguerneau, Jean Kervella travailla d'abord à la ferme paternelle, puis s'engagea pour quatre ans dans la marine, à Brest, le 14 septembre 1916. D'abord simple matelot de 3e classe, il devint bientôt canonnier breveté. Il navigua sur la Marseillaise, du 23 décembre 1916 au 3 mars 1917, puis sur le croiseur-cuirassé Amiral-Aube, du 3 mars 1917 au ler avril 1917. Il fut renvoyé dans ses foyers le 15 février 1920, en congé pour affaires personnelles, et se retira auprès de sa mère à PlourinPloudalmézeau, où il se remit à l'agriculture. Mais Dieu l'appelait à la vie religieuse. Il fit une retraite à Kerbénéat, chez les Bénédictins de la Pierre-qui-Vire, mais ne trouva pas dans cette vie contemplative ce qu'il désirait. Le P. Maître lui indiqua Langonnet et la vie des Missions. Il demanda d'y faire un essai.

De passage à Plourin dans l'été de 1924 pour le recrutement, j'eus l'occasion d'aller le voir chez lui. Je le trouvai aux champs, travaillant avec sa mère. Il fut décidé, d'accord avec sa mère, qu'il viendrait au plus tôt faire un essai à Langonnet. L'essai fut concluant. Notre vie répondait bien à son idéal de développement apostolique. Il fut reçu au noviciat de Chevilly le 8 septembre 1925, et il fit sa profession le 9 septembre 1928, sous le nom de Frère Christophe. Placé successivement à Chevilly, à Mortain, à Saint-Bonnet, il fut envoyé à Misserghin, en Afrique du Nord.

C'est là qu'il se dévoua totalement à la vigne et à la pépinière. Il s'y donna même peut-être au delà de ses forces, mais par conscience profonde du devoir. Un accident sur le tracteur semble avoir provoqué en lui des lésions internes des intestins.

Ces lésions se fermaient, sans doute, puisqu'il avait repris des forces pendant les vacances et pendant les premiers mois de son retour à Langonnet, où il est revenu le 16 septembre 1933. Tout à coup, le mal reprit le dessus, avec complication du coeur, des poumons et des reins. Les soins les plus assidus de la soeur infirmière guidée par les docteurs ne purent enrayer la progression de la maladie. Ce fut bientôt l'occlusion intestinale et ses conséquences fatales.

Le cher Frère Christophe mourut le 11 février 1934, après avoir reçu les derniers sacrements, avec les sentiments d'une tendre piété et de la soumission la plus entière à la volonté divine. Bon et saint religieux, confrère charmant et tout dévoué, il avait une piété et une obéissance d'enfant. L'une de ses dernières consolations ici-bas a été de revoir sa mère et l'une de ses sœurs avant de mourir. Cette vue de sa mère de la terre a été pour lui comme un avant-goût de la vision de sa Mère du Ciel, dont il ne cessait de parler en français et en breton.
Père Valy, supéreur de Langonnet

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