Le Frère Paterne LAIGO,
1845-1924


Encore un des vétérans de la congrégation qui disparaît ! En 1913,, il avait célébré ses noces d'or de profession, le 29 septembre dernier, ses noces de diamant. "Il est mort, écrit le P. Valy, saintement, comme il a vécu."

Né à Grand-Champ le 22 avril 1845, il avait fait d'excellentes études primaires dans son bourg natal, puis était allé à Vannes, en apprentissage chez son oncle, tourneur en bois. Sa jeune expérience lui apprit que dans le monde il aurait du mal à faire son salut ; en conséquence il se présenta à Langonnet, à l'âge de 16 ans, en novembre 1861, pour entrer en religion.

La présence des petits scolastiques dans la communauté lui inspira le désir d'être prêtre ; intelligent, il l'était assez pour faire de bonnes études ; pieux, tous s'accordaient à lui reconnaître une piété éclairée et sincère. Mais ses supérieurs n'en jugèrent pas comme lui ; on eut peur de quelques manifestations nerveuses qu'il éprouvait, et il fut dirigé sur le postulat des Frères. Il en fut assez longtemps tourmenté, puis ces troubles disparurent.

Après sa profession, bien qu'il désirât beaucoup aller en mission, il se déclara prêt à faire en tout la volonté de ses supérieurs, et accepta volontiers de rester à l'Abbaye pour faire la classe aux plus jeunes élèves. Ceux qui l'ont eu comme maître sont unanimes à vanter sa méthode précise et régulière, et nous avons une preuve de sa valeur pédagogique, dans la constatation annuelle des progrès qu'il a réalisés en classe : il a conscience chaque année de faire un peu mieux que l'année précédente, et pour autant il ne se croit pas arrivé à la perfection, mais il s'efforce de marcher toujours de progrès en progrès.

La perfection religieuse lui est un souci bien plus pressant encore. Il a ses moments de ferveur et de facilité, comme ses moments de difficulté et de sécheresse ; il s'efforce avant tout, par des artifices qu'il varie, de se tenir en présence de Dieu, d'éviter la tristesse, de s'arrêter à juger qui que ce soit ; mais quand il entend, lors d'une retraite, prêcher l'union à Dieu dans toutes les occupations, cet enseignement de l'union pratique lui semble si naturel le qu'il rapplique dans sa vie sans effort.

A sa demande de changement, il fut envoyé à Epinal en 1899 ; il y resta jusqu'en 1903, puis alla à Chevilly. En 1911, il revint à Langonnet pour y prendre une retraite bien méritée.

Il y est mort le 2 janvier 1924, à L'âge de 78 ans, en répétant à différentes reprises : "Mon Dieu et mon tout."

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