Mgr François de LANGAVANT,
1896-1991


Né le 3 février 1896 à St-Malo, François Cléret de Langavant était le septième d'une famille qui devait compter dix enfants : huit garçons et deux filles. Le père était officier au 47e régiment d'infanterie. Famille très unie, heureuse, malgré une éducation un peu sévère, spartiate. Famille chrétienne : tous les soirs, on se mettait à genoux pour la prière récitée par le papa, lentement, avec conviction.

Le 23 février 1906, lors de l'inventaire de l'église paroissiale de St-Servan, les trois officiers, dont le capitaine de Langavant, requis pour faire enfoncer les portes, refusèrent d'obéir. Ils passèrent en Conseil de Guerre et furent rayés des cadres de l'année. Ce fut le chômage, avec des difficultés de toutes sortes pour la nombreuse famille.

C'est un oncle, un Père jésuite, qui un jour parla de vocation aux garçons de la famille. Sur le moment il n'y eut pas de réponse, mais le jeune François se dit en lui-même : "Ce sera moi." Après son baccalauréat, il entra au séminaire de Rennes. Il voulait devenir prêtre, se sentant attiré à la fois par la vie monastique et la vie missionnaire.

Il venait de terminer sa première année de séminaire quand la guerre éclata. A la fin du mois d'août 1914, en l'espace d'une semaine, la famille de Langavant fut durement éprouvée : un fils tué, un autre blessé, le père également blesse, après réintégration dans l'armée. En avril 1915, François de Langavant est mobilisé à son tour, alors qu'il venait de perdre son deuxième frère tué devant Arras. Après un stage de cinq mois à St-Cyr, il rejoint le front et est affecté au 69e bataillon de Tirailleurs Sénégalais. En septembre 1917, il est blessé devant Verdun, il en est quitte pour deux mois d'hôpital. En août 1918, une seconde blessure, très sérieuse celle-là, l'immobilise jusqu'à la fin des hostilités.

François de Langavant retrouve le séminaire et commence à penser aux missions lointaines. Son directeur l'oriente vers les spiritains, et c'est ainsi qu'après trois jours à l'Abbaye de Langonnet, il se présente au noviciat. C'était le 12 octobre 1919. A l'époque, le noviciat se trouvait à Neufgrange, en Moselle. Le maître des novices avait quelques appréhensions : la moitié de ses novices avaient fait la guerre dans l'année française et l'autre moitié dans l'année allemande. Malgré les craintes, tout se passa bien.

François de Langavant fut ensuite envoyé à Rome pour ses études théologiques. Il gardera un excellent souvenir de ce séjour romain. Il y sera ordonné prêtre le 23 septembre 1922. Après sa consécration à l'apostolat, il doit revenir à Rome comme aide économe au Séminaire Français. Il est ensuite professeur de morale à Chevilly, puis directeur pendant deux ans du Séminaire des Colonies, qui regroupait à l'époque une vingtaine de Réunionnais, Antillais, Mauriciens... entre-temps, il avait rappelé à qui de droit son désir de partir en mission.

Le 24 octobre 1929, il s'embarque enfin pour l'île Maurice. Sur la route il rend visite à son jeune frère Pierre, missionnaire à Diégo-Suarez. A son arrivée à Port-Louis, il est placé à la cathédrale et y travaille, heureux, durant cinq années. Et voici qu'un jour, il reçoit un télégramme lui annonçant sa nomination comme évêque de la Réunion. Il est ordonné évêque à St-Malo le 25 avril 1935. Il avait trente neuf ans.

En l'évêché de Saint-Denis commença pour lui une vie nouvelle, avec d'autres responsabilités, sans oublier son idéal de vie religieuse, de vie de prière et de pénitence, d'humilité et de pauvreté. Comme son prédécesseur, Mgr de Beaumont, il pratique la "politique" de la présence : présence auprès des autorités supérieures comme des petites gens, évitant soigneusement de perdre son indépendance. Un de ses premiers soucis sera le clergé : il réorganise les paroisses, anime rencontres et retraites pour ses prêtres, remédie ici ou là à certains laisser-aller, sans jamais rien briser. Il redonne vie au petit séminaire de Cilaos, encourage les curés à construire : salles d’œuvres, églises, chapelles. Il favorise la venue dans l'île et les activités de congrégations religieuses d'hommes et de femmes.

En 1960, après 25 ans d'épiscopat, se sentant bien fatigué, Mgr de Langavant offre sa démission à Rome. Il avait 64 ans. Remplacé par Mgr Guibert, il se met au service d'une paroisse auprès de populations pauvres, petits ouvriers et manœuvres. Il assure ensuite pendant dix ans l'aumônerie des sœurs moniales dominicaines.

Pour ne pas devenir à charge aux autres, il prend la décision de se retirer à Langonnet où il arrive le 11 juin 1979, après 49 ans de présence dans l'Océan Indien. Pendant 12 ans encore, dans la maison de retraite, il prend la place du serviteur, humble, discret, toujours disponible. Homme d'écoute, de prière, de contemplation, il fut le confesseur, le guide spirituel, le confident de beaucoup. Il est décédé le 16 septembre 1991, à Langonnet, âgé de 95 ans.

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