Pierre LAURENT (1927 -2012)

Pierre est né en 1927 à Saulnes en Lorraine, 7<ème d’une famille de 8 enfants. Son père, Louis, a travaillé 30 ans à la mine de fer, puis 25 ans à l’usine de la localité. L’ainée de la famille, Catherine, est entrée chez les Sœurs de la doctrine chrétienne. Elle est décédée en 1940. Son frère Félix a été ordonné prêtre en 1943 pour le dio-cèse de Nancy. Il est aujourd’hui à la retraite à Nancy. Après la guerre, Pierre fait la demande pour entrer chez les Spiritains, une décision prise après 2 années de ré-flexion.

Après les années de formation, il embarque le 11 octobre 1954 pour Madagascar sur le « Jean Mermoz », un cargo mixte des Messageries Maritimes. Le voyage va durer 23 jours et Pierre débarque à Diégo-Suarez le 2 novembre où il est accueilli par Mgr Jean Wolff et quelques autres Spiritains. La première tâche est l’apprentissage de la langue avec l’instituteur de la mission à Ambilobe. Pierre est rapide dans la langue et dans la découverte de l’ensemble des communautés de brousse dont certaines sont à plus de 3 jours de marche à pieds. Il reste du temps pour les corvées de bois et sur-tout de sable pour alimenter les chantiers. Après des années de ministère à Antalaha et Diégo-Suarez, de 1965 à 1972, il est nommé aumônier national du mouvement TAK, la JOC de Madagascar, avec résidence à Tananarive. En 1973, il est affecté à Fénérive-Est à l’extrême sud du diocèse. Le territoire de la mission couvre 2.000 km2 et compte 80 communautés chrétiennes de brousse. En janvier 1981, il devient supérieur du District de Madagascar. Il ne restera à ce poste que 15 mois. En juin 1982, le Chapitre de la Province de France l’élit vicaire provincial. Il sera 6 ans au service de la Province de France.

Retour à Madagascar en 1989, pour être curé de la paroisse de la cathédrale de Ma-hajanga. En juin 91, il revient en France pour travailler à Spiritus comme administra-teur chargé de la gestion des abonnements et des finances. En octobre 2000, on l’af-fecte à la communauté de la Forêt Noire à Strasbourg comme « aîné » en semi-retraite, il y arrive en fait comme responsable. Au terme de ce mandat à 76 ans, Pierre demande de rejoindre la communauté de Chevilly où il est affecté à la biblio-thèque spiritaine. Il y travaillera presque jusqu’au bout de sa vie missionnaire, mal-gré les gros ennuis de santé qui l’affaiblissent peu à peu.

Ceux qui ont travaillé avec Pierre à Madagascar savent qu’il apportait à son engage-ment pastoral, cet acharnement et cette rigueur puisés dans son terreau de mineur lorrain. Exigeant pour les autres comme pour lui, il avait ce souci de toujours resituer ce qui était vécu dans un contexte plus important de construction d’une Eglise.


Avec Pierre c’est un visage d’une mission en voie de disparition qui s’en va. Au mo-ment où les Indépendances bouleversaient un peu les donnes de la mission tradition-nelle, il a été un apôtre totalement donné à la mission, soucieux en permanence de vivre les ouvertures proposées par le Concile, et son empreinte marquera encore longtemps l’Eglise du Nord de Madagascar.

Jean-Claude Jaquard
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