Monsieur Alain LE BIHAN,
1897-1926


Scolastique, profès des voeux perpétuels, Alain Le Bihan est décédé à Langonnet, le 19 janvier 1926, à l'âge de 29 ans, après quatre années passées dans la congrégation. "Avant la guerre, écrit M. Le Bihan, je ne pensais guère au sacerdoce ; mais pendant mon séjour au front, j'eus souvent l'occasion de parcourir différentes régions, où la pénurie de prêtres, en comparaison de ma chère Bretagne, éveilla en moi la pensée de me faire missionnaire. N'étant pas encore bien fixé sur ma vocation, en août 1919, j'allai me jeter aux pieds de ma bonne Mère de Lourdes et passer près d'elle mes premiers jours de permission. Quelques prières à la Grotte suffirent pour m'éclairer et je quittai Lourdes bien content, décidé à partir pour les Missions." Les conseils d'un ancien maître et les encouragements du Père Pierre Pichon firent le reste et déterminèrent Alain Le Bihan à entrer au noviciat d'Orly en septembre 1921.

Il était né au diocèse de Quimper, à Kernouès, le 26 janvier 1897, et avait déjà fait une grande partie de ses études classiques quand il fut mobilisé. Sa conduite fut fort édifiante à l'armée. "Il savait mettre Dieu avant tout", disait de lui son aumônier, le Père Lahorque de la Compagnie de Jésus. Dieu le bénit en conséquence, et lorsqu'il fut libre du service militaire, il put entrer à St-Ilan pour achever ses classes.

Pendant son noviciat, le 22 juin 1922, il eut un violent crachement de sang : il avait été gazé durant la guerre. Jusque là il n'avait souffert d'aucun trouble, mais l'avertissement était grave. Aussi après sa profession, 3 octobre 1922, il fut placé à Langonnet pour s'y refaire et commencer sa philosophie. Puis un nouveau vomissement de sang décida à l'envoyer dans sa famille où il demeura une bonne partie de l'année 1923. Ce repos parut enrayer son mal : en avril 1924, convoqué à Vannes pour révision de sa pension, il fut tout heureux d'apprendre qu'il n'était plus bacillaire, et qu'au bout d'un an il pourrait suivre régulièrement ses cours. Mais en avril 1925 la tuberculose reprit en lui toute son intensité.

"Il est mort le 19 janvier, écrit le P. Valy, au moment où la communauté faisait la visite au saint-sacrement. Il est mort brusquement, presque sans agonie, mais saintement, après avoir offert à Dieu le sacrifice de sa vie pour la congrégation, et dans les meilleures dispositions de soumission à la volonté divine. Le bon Dieu s'est plu à exaucer ses derniers désirs. Il voulait revoir son père avant de recevoir l'extrême-onction et de mourir. Son père, appelé par dépêche, arriva deux heures avant sa fin, accompagné de ses frères et soeurs M. Le Bihan succombait une demi-heure plus tard, après en avoir averti le Frère infirmier en disant : "Je m'en vais, je m'en vais !" Il avait eu le temps de gagner l'indulgence du Jubilé. Que du haut du ciel, il devienne le protecteur de nos oeuvres de formation et de recrutement."

Page précédente