Le Père Pierre Le Bilian
décédé à Chevilly, le 9 septembre 1990,
à l'âge de 83 ans


Né : 13-10-1907 (Puteaux); profès : 08-10-1929 (Orly); prêtre : 06-11-1935 (Chevilly). Obédiences : Haîti (36-54); France=Piré­Mortain (54-63); Kongolo (63-78); France=Bordeaux (79-80). Retraite: Chevilly (80-90).

Le P. Le Bihan a commencé sa vie active comme employé comptable, à treize ans... Il n'est entré que plus tard, mÛri précocement, mais résolument préservé, dans la vie religieuse. Sa première affectation fut le collège St-Martial, oÙ il enseigna l'histoire.

De ses différentes responsabilités sur 18 ans, retenons la dernière, "la plus belle année de sa vie". En 1953, il est chargé de "Carrefour", une oeuvre de, rééducation. "Trois cents petits, mendiants d'affection. 7Tous les enfants n'étaient pas nés sur les tas d'ordures de Port-au-Prince. Ils avaient cependant - tous une mère "fille pauvre" et pas de papa déclaré. Le papa ce fut moi j'en ai vraiment eu l'impression et la charge. - Papa infirmier : je leur donnais tous les soins et ils n'avaient pas de secret pour moi.. papa qu'on peut dé'ranger à tout moment.. papa à qui on peut tout dire. Les petits joua ' ient sur le carrelage du bureau. Ils avaient besoin d'une présence. - ils n'avaient pas reçu d'affection, je leur en ai donné. Le soir, le chapeledt à la main,,je passais dans les dortoirs. Les petits en pagne de nuit venaient demander un petit signe de croix sur le front et bien vite s'endormaient. Quand ils m'ont vu partir à 1lh8pital, ils ont pleuré. Moi aussi j'ai pleuré".

C'était en 1954. Rapatriement, soins pour un ulcère provoqué par tant de soucis. Aumônerie à Chatenay (Soeurs du St-Esprit).

De 1956 à 1962, maÎtre des novices frères à Piré. Après le massacre de Kongolo, il est volontaire. Les troubles sont loin d'être achevés. En 1964, il est emprisonné et condamné à mort avec 80 Européens. "Des enfants armés de lances nous ont surveillés, onze jours ... Les mercenaires sont arrivés les premiers. « Onze jours de préparation à la mort, une belle retraite. »

En 1978, épuisement. Sacrement des malades, retour en France. "Réduit à la vie de prière, les mains jointes, pointées vers le ciel".

Ne se plaignant jamais, portant les événements dans sa prière, jusqu'au jour oÙ il nous a quittés : 'l La croix, je l'ai portée, je l'aurais voulu plus sainte ! ... Je n'en veux pas à ceux qui ne m'aiment pas... Soyez saints, mes chers confrères... Je n'emporte pas de mauvais souvenirs, au contraire je dis merci."
repris du P.J.Louradour

Il est né le 13 février 1907, à Puteaux, d'une famille originaire de Pontivy (Morbihan).

En 1919, après son certifïcat, il l'ait une année d'études primaires supérieures et commence le travail à treize ans : d'abord aide comptable puis employé de banque. Le soir, il suit les cours de Jeunesse Syndicaliste, sous l'influence de son père, luimême fondateur du syndicat chrétien des Arsenaux de France ; activités qui dureront pendant six ans. Pour éviter les mauvaises rencontres, il avait pris l'habitude de dire chaque jour son chapelet à Notre-Dame des Victoires.

En 1926, il entre au séminaire des vocations d'aînés de Saint-Jean-les-DeuxJumeaux, en Seine-et-Marne. C'est ensuite la filière habituelle, noviciat d'Orly en 1928 et grand séminaire à Mortain et Chevilly (avec une interruption en 1932 pour son service militaire à Metz, comme sergent-infin-nier).

Prêtre en 1935, il arrive en Haïti le 30 septembre 1936. Il est professeur d'histoire au séminaire-collège Saint-Martial, et chargé des scouts et des croisés. Supérieur principal de 1947 à 1953, il devient directeur d'une œuvre nouvelle, un centre de rééducation. Ce fut pour lui une année de grande joie, où il fut vraiment le papa de tous ces enfants.

Rapatrié sanitaire en 1954, il est aumônier à Chantenay, chez les Sœurs du SaintEsprit. De 1956 à 1962, il est maître de novices des frères à Piré, dans le diocèse de Rennes. En 1990, un de ses anciens novices dira de lui :"Il ne nous a pas fait de grands discours sur la vie religieuse, la prière ou la vie de communauté. Affectueux et doux, délicat à l'extrême, il a simplement vécu avec nous. Son témoignage nous a appris la vie, et c'est certainement pour cela que tous ceux de la cuvée de 1958-59, en particulier, répondent encore tous présents, trente-et-un ans après".

En 1962, à l'annonce du massacre de nos vingt confrères à Kongolo, il est volontaire pour partir au Zaïre. Il y est inspecteur diocésain des écoles de la région de Kindu : 28000 élèves et 800 enseignants. Mais les troubles ne sont pas terminés. Du 24 octobre au 5 novembre 1964, il est emprisonné et condamné à mort avec 80 européens dont 30 prêtres. Le chef rebelle avait demandé qu'on l'attende pour assister à "la fête", mais les mercenaires sont arrivés avant lui, pour les délivrer En 1974, les écoles furent nationalisées, puis rendues en 1977. Le Père Le Bihan devint coordinateur des écoles subventionnées catholiques. Mais les difficultés avec l'administration furent telles que sa santé n'y résista pas. Il fut rapatrié sanitaire en décembre 1978.

Soigné à Paris à l'hôpital de la Pitié, il est envoyé à Bordeaux comme aumônier de religieuses. Un accident de marche, survenu le 14 juin 1980, le fit rapatrier àChevilly. Il y a vécu dans la prière, supportant tout sans se plaindre, jusqu'au jour où il nous a quittés, le 9 septembre 1990, à l'âge de 83 ans.

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