Le Père Joseph LE BORGNE,
1875-1907


Joseph Le Borgne naquit le 21 octobre 1875, à Elliant, de braves et honnêtes cultivateurs, qui mirent un soin particulier à donner à leur enfant une éducation chrétienne. Après son école primaire, ses parents le confièrent à son cousin, l'abbé Le Borgne, pour le former et l'éprouver dans sa vocation. Celui-ci fit entrer Joseph au petit séminaire de Pont-Croix, où il resta jusqu'à la fin de ses études classiques. Le directeur dit de lui : "C'est un jeune homme sérieux auquel je n'ai jamais eu de reproche à faire."

Comme il allait entrer au grand séminaire, une cruelle maladie le retint au lit pendant plusieurs mois et mit ses jours en danger. Se sentant humainement perdu, il fit le vœu de se consacrer à l'évangélisation de l'Afrique s'il revenait à la santé. Il guérit et demanda humblement son admission au noviciat de Grignon d'Orly. Il dut auparavant accomplir son année de service militaire. A sa sortie de la caserne, il prit joyeusement le chemin du noviciat. La maladie vint encore le visiter, mais il put cependant parvenir à la profession religieuse le 15 octobre 1900.

Entré à Chevilly pour commencer sa philosophie, il n'y fit qu'une courte apparition. Sa santé s'était affaiblie au point que le médecin lui ordonna de cesser tout travail intellectuel. C'est alors que ses directeurs l'envoyèrent au sanatorium de Pierroton, près de Bordeaux. Il sut maintenir un juste équilibre entre ses devoirs d'étudiant et les exigences de sa maladie. Mgr Barthet, ancien évêque de Dakar, lui conféra l'ordination sacerdotale dans la chapelle de la communauté. Son cousin, l'abbé Le Borgne, vint de Bretagne pour l'assister à sa première messe. Il put ensuite aller célébrer une messe solennelle à Elliant, son pays natal, en présence de sa vieille mère et de ses nombreux amis. Il passa le reste de l'année à Chevilly où il fit sa consécration à l'apostolat le 10 juillet 1904.

Ses supérieurs lui assignèrent les missions d'Angola comme champ d'activité. Arrivé de France en février 1905, il fut affecté à la station de Kihita, où il resta jusqu'en février 1906. A cette date, il fut chargé de l'économat dans la communauté de Huilla, mais sa santé ne supporta pas la température du plateau. Dans les premiers jours de juillet 1906, il partit pour la mission des Gambos, afin d'y remplacer le P. Kohler, en partance pour l'Europe. Au retour de ce dernier-, en juillet 1907, il alla aider le P. Audran dans sa première mission de Kihita. Se trouvant de nouveau très fatigué, il revint à Huilla prendre quelques jours de repos.

Le cher Père arriva dans la communauté de Huilla dans la soirée du 18 juillet 1907. A le voir, on devinait qu'il était àbout de force ; de fait il portait déjà les germes de la maladie qui devait l'emporter. Bientôt une grosse fièvre se déclara : "J'ai une fièvre bilieuse hématurique, et une bonne" disait-il en souriant. L'anurie étant intervenue, la fin ne pouvait tarder. Il dit : "Je fais volontiers le sacrifice de ma vie, mais ce qui me coûte le plus c'est de mourir loin de ma chère mission des Gambos, loin des enfants pour lesquels j'ai tant travaillé ! Son apostolat en Afrique fut de courte durée, mais il a ouvert bien des cœurs à la lumière de l'évangile du Christ Jésus, mort et ressuscité pour tous. Il fit une sainte mort à Huilla le 27 juillet 1907, dans sa trente deuxième année. Le jour suivant, on fit au cher et regretté défunt des obsèques solennelles, et l'on conduisit sa dépouille mortelle au cimetière, au milieu d'un nombreux concours de chrétiens de Huilla et des environs.
Joseph Husser

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