Le Frère Marie-Martin LECLAIR,
1874-1900


C'est après quatre mois seulement de profession religieuse, et trois mois de vie en Afrique, que le Frère Marie-7Martin trouva la mort.

Né le 15 avril 1874, à Belley, Marius Anthelme Leclair fit ses premières études à l'école apostolique de Poitiers dirigée par les Pères Jésuites. Dans cette maison qui a donné tant de religieux, il entendit l'appel de Dieu et dès lors tourna toutes ses pensées vers les missions. En 1895, il était au grand séminaire de Tours, qu'il dut bientôt quitter pour faire une année de service militaire. Mais il n'oublia pas les missions. A son retour au grand séminaire, il écrivit à son directeur de Poitiers : il se demandait dans quelle congrégation il devait entrer, mais en même temps il annonçait sa résolution - " Je ne suis pas digne du sacerdoce, je serai frère-coadjuteur, aidant les missionnaires. " Il ne songeait pas aux Jésuites, car ils ont peu de frères en mission. Mais un missionnaire spiritain, le P. Trilles, arrivait à ce moment àPoitiers, tout se décida rapidement, et à la fin de juillet 1898, Anthelme Leclair était au noviciat de Grignon-Orly.

Ce que fut cette année, lui-même nous l'apprend dans une lettre écrite quelques jours avant son arrivée à Chevilly : " Le sacerdoce est toujours pour moi trop sublime dans ses grandeurs, et trop redoutable dans ses charges. Pour briguer le sacerdoce, il ne me faudrait pas être si imparfait, si nul, si misérable à tout point de vue. Toute cette année le bon Dieu m'a laissé dans cette disposition intérieure, vis-à-vis de ma vocation. J'ai maintes fois manifesté à mon directeur mon désir de servir comme simple frère-coadjuteur chez les pauvres en Afrique. Enfin, le Père Maître a jugé bon d'exaucer mon désir. A la fin de mon noviciat, c'est-à-dire dans quelques jours, je partirai à Chevilly au noviciat des Frères, pour m'y préparer à la profession. "

Il prononça ses vœux le 8 septembre 1899, et le 25 il s'embarquait à Marseille pour le Gabon. Dès son arrivée, il fut chargé de l'école à Libreville. Hélas, c'était pour bien peu de temps. L'acclimatement lui fut très pénible ; peut-être négligeait-il les précautions nécessaires, ne prenant pas de quinine et s'exposant trop au soleil. Une semaine passée à l'hôpital sembla l'avoir complètement remis, quand brusquement le même état revint. Il dut alors reconnaître que le bon Dieu s'était contenté de sa bonne volonté, et le 30 janvier il reprenait la mer pour rentrer en France.

Qu'advint-il ensuite ? Les quelques lignes, que Mgr Adam recevait peu après du commandant du paquebot, ne nous apprennent presque rien. En montant à bord, selon toutes probabilités, il eut un coup de soleil, car dans la soirée il tomba tout-à-coup dans un état comateux, dont il ne sortit pas. Le lendemain, à cinq heures du matin, il rendait son âme à Dieu ; son corps fut immergé à cinq heures du soir. Vie bien courte, terminée par une mort bien douloureuse ; mais Dieu, qui sonde les reins et les cœurs, ne mesure sa récompense qu'à la bonne volonté et au désir de Le faire aimer.

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