Le Père Étienne LECLERC,
1812-1897


La notice ci-dessous parut le 17 juillet 1897 dans La Semaine Religieuse de Paris.

Le clergé de Paris vient de perdre un de ses membres les plus anciens et les plus vénérables, en la personne du R.P.Leclerc, chanoine honoraire de Paris, de Tours et de Rennes, décédé le 11 juillet, dans sa 86e année.

Né à Saint-Malo, le 30 mars 1812 de Mathurin Leclerc et de Louise Haslé, ses parents l'élevèrent dans la pratique de la religion, et lui-même sentit dès l'âge le plus tendre la vocation à l'état ecclésiastique. Ordonné prêtre le 20 mai 1837, il fut nommé vicaire d'une petite ville, près de son pays natal. Après quelques années passées dans le ministère paroissial, il se livra, non sans succès, à la prédication ; mais frappé d'une maladie qui le conduisit aux portes du tombeau, il dut rester en repos durant deux années.

Étant alors venu à Tours, il y trouva un de ses amis curé de la seconde paroisse de cette ville, qui le décida à s'établir près de lui comme missionnaire diocésain.

L'abbé Leclerc resta dix-huit ans dans ce diocèse, allant de paroisse en paroisse et se dépensant généreusement au service de Dieu. Mgr Guibert, archevêque de Tours, témoin de son zèle, le nomma chanoine honoraire, et quand le vénérable prélat fut transféré au siège archiépiscopal de Paris, il lui proposa de l'y suivre. L'abbé Leclerc y vint, en effet, et fut nommé aumônier de l'Institution de Sainte-Périne, plus tard chanoine honoraire de Paris, et supérieur des Soeurs de Saint-Joseph de Cluny.

Quand il se crut arrivé presqu'au terme de sa vie, il résolut de se retirer dans la solitude pour accomplir un désir formé depuis longtemps, celui de se préparer à saintement mourir.

A cet effet, il entra dans la congrégation du Saint-Esprit et du Saint-Coeur de Marie, le 30 juin 1887, à l'âge de soixante-quinze ans, s'astreignant à suivre strictement tous les exercices de la vie de noviciat pendant un an, pour faire profession au mois d'août de l'année suivante. Devenu religieux, il fut maintenu par l'autorité diocésaine dans son titre de supérieur des Soeurs de Saint-Joseph de Cluny, fonction qu'il a exercé avec zèle et dévouement jusqu'à sa mort. Son bonheur était de prendre part aux cérémonies de NotreDame, et de faire diacre ou sousdiacre aux côtés du Cardinal Richard, pour qui il avait une vénération particulière.

Tout en se préparant à bien mourir, il continuait à se rendre utile, dans la mesure de ses forces, en donnant des instructions et des retraites dans les paroisses et les communautés.

La grâce qu'il avait demandée à Dieu en entrant dans la vie religieuse, lui a été donnée pleinement. Il s'est senti mourir peu à peu, sans douleur ni maladie, sans trouble ni regret. Sa grande consolation a été de recevoir par deux fois la visite du vénérable Cardinal Richard, qui, avec une bonté toute paternelle, lui a prodigué ses encouragements et ses bénédictions. Il s'est éteint doucement, le dimanche 11 juillet, pendant que ses confrères chantaient le salut, et après avoir reçu avec une touchante piété les derniers sacrements.

Un service funèbre a eu lieu le mardi 13, à 10 heures, à la maison-mère des Pères du Saint-Esprit, auquel ont pris part, outre le personnel de la communauté, des délégations de nombreuses congrégations religieuses et des membres du clergé séculier. Citons entre autres : Mgr Le Roy, supérieur général ; Mgr de Courmont ; M. l'abbé Lemire, député ; M; l'abbé Grenier, curé de Saint-Jacques du Haut-Pas ; M. de Kerbertin, conseiller à la Cour de cassation, etc. La messe a été chantée par le R.P. Corbet, supérieur du Séminaire du Saint-Esprit, et l'absoute donnée par M. l'abbé Thomas, vicaire général, représentant Mgr l'Archevêque. Son corps a été transporté ensuite au cimetière de la communauté de Chevilly, où il repose au milieu de ses frères en religion.

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