Le Père Joseph LéCUYER,
1912-1983


Celui qui devait devenir Supérieur Général de la Congrégation du Saint Esprit de 1968 à 1974, naquit à Kerfoum le 14 août 1912.

Son père s'appelait Joseph et sa mère Anne Valy ; par elle il était neveu du Père Joseph Valy, qui fut missionnaire au Sénégal puis supérieur de la communauté de Langonnet de 1919 à 1939. Il était aussi l'arrière petit neveu de Mgr Le Berre, second évêque du Gabon. Les familles Valy et Le Berre étaient toutes deux originaires de Neulliac, dans le doyenné de Cléguérec.

Il n'est donc pas surprenant que l'élève de Ste-Anne d'Auray ait demandé asile aux spiritains, quand il fut mis à la porte du petit séminaire. Ses couplets versifiés, que des camarades faisaient circuler durant les classes, lui attirèrent cette sanction, à l'époque où les vocations submergeaient les séminaires. Ce fut d'ailleurs également le cas de Mgr Le Roy en Normandie et de Mgr Augouard à Poitiers. Mais où sont les neiges d'antan? Que les temps ont changé !

Joseph Lécuyer termina ainsi ses études secondaires à l'école apostolique de Cellule, et obtint le baccalauréat-ès-lettres à Clermont-Ferrand en 1929. Admis au noviciat d'Orly, il devint religieux spiritain le 30 octobre 1930.

Envoyé par ses supérieurs pour suivre les études ecclésiastiques à l'Université grégorienne de Rome, il fut très à l'aise dans les cours en langue latine, et en ce pays de langue italienne ; il complétait en outre ses informations par la lecture de textes allemands, anglais ou espagnols. Il obtint sans effort les titres de docteur en philosophie et en théologie. Ordonné prêtre le 16 août 1936, à Langonnet durant un congé, il reçut sa première obédience pour Rome, comme directeur au séminaire français, en 1938.

Mobilisé en France durant la première année de guerre, il fut retenu ensuite comme professeur de théologie à Cellule, dans le Puy-de-Dôme, de 1940 à 1943. L'année suivante, il résida à Paris pour quelques cours à l'Ecole des hautes études en Sorbonne, puis assura une année de professorat de théologie au scolasticat, revenu à Chevilly-Larue.

La paix étant assurée en 1945, il retourna définitivement à Rome, où il fut appelé aux plus hautes fonctions dans la congrégation. On peut y distinguer quatre grandes périodes :

l/ De 1945 à 1962, nommé au séminaire français de Rome, il y remplit pendant 17 ans les fonctions de directeur spirituel près des séminaristes. Et il enseigna la théologie en même temps à l'Institut Pontifical Regina Mundi et un cours de théologie patristique à l'Institut Jean XXIII de l'Université du Latran.

Durant cette période, il publia 33 articles de théologie dans diverses revues et volumes collectifs ; et fit paraître 3 livres
Abraham, notre Père, Paris, 1955 (traduit en espagnol)
Prêtres du Christ, Paris, 1957 (traduit en anglais, allemand, espagnol et italien).
Le sacerdoce dans le mystère du Christ, Paris, 1957 (traduit en espagnol et italien).

2/ De 1962 à 1967, le Père Lécuyer est Procureur de la Congrégation et de nombreux diocèses auprès du St-Siège.

C'est la période du Concile Vatican II. Désigné par Jean XXIII comme expert des Commissions pré-conciliaires, puis du Concile, le Père Lécuyer fit partie de la Commission Théologique, de la Commission du Clergé et du Peuple chrétien, et de la Commission des Séminaires et des Etudes. Il a en particulier collaboré avec le Père Congar à l'élaboration du "Décret sur la charge épiscopale des évêques dans l'Eglise".

Après le Concile, il fut Consulteur du consilium pour la Réforme de la Liturgie, puis de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, de la Congrégation de l'Evangélisation des Peuples, et enfin de la Congrégation des Rites.

Pendant cette période, il rédige 16 articles dans les revues et publie trois livres :
- Le sacrifice de la nouvelle alliance, Le Puy-Lyon, 1962 (traduit en espagnol)
- Etudes sur la collégialité épiscopale, Le Puy-Lyon, 1964 (traduit en espagnol)
- Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, L'Ordre. à Paris, Editions du Cerf et Desclée et Cie.

3/ De 1968 à 1974. - Après les six premières années du supériorat général de Mgr Lefebvre (élu pour 12 ans, en 1962 selon la règle de l'époque), le Chapitre général des spiritains fut convoqué à Rome, pour assurer la rénovation et l'adaptation de la congrégation, selon les directives du Concile. Pour mieux suivre l'évolution rapide des temps modernes, il fut décidé que le mandat du supérieur général serait désormais de six années. Cette mesure étant appliquée au mandat en cours, il fut opéré une nouvelle élection pour les six années à venir. La majorité des votes se porta sur la personne du Père Lécuyer, qui devint supérieur général le 29 octobre 1968.

Dans une situation difficile, il sut maintenir l'unité de la congrégation dans la fidélité au Concile et la communion au Pape.

Durant son généralat, la congrégation élargit son champ d'action en établissant des communautés en plusieurs territoires où elle n'avait pas jusqu'alors d'activité missionnaire : Ghana, Zambie, Malawi, Ethiopie, Nouvelle-Guinée, Australie, et la région de Tambacouda au Sénégal. Tandis que le Père Lécuyer poursuivait son œuvre théologique en faisant paraître onze articles dans diverses revues.

4/ De 1974 à 1983. - A la fin de son générale en 1874, le Père Lécuyer laissa la responsabilité de la congrégation au Père Timmermans et reprit sereinement sa place comme directeur spirituel au séminaire français.

Il était en outre, depuis 1975, professeur à l'Université grégorienne de Rome et à la Faculté de Saint-Anselme. Il a enseigné, pendant deux ans, à l'Université du Latran, un cours sur la "Théologie du Peuple de Dieu". En sa qualité de directeur du groupe d'Etudes Spiritaincs, il a encore consacré une bonne partie de son temps à clarifier et faire connaître les œuvres de nos deux fondateurs, Claude Poullart des Places et le Père Libermann.

En juillet 1982, le Père Lécuyer dut subir une intervention chirurgicale à Paris. Il s'en remit suffisamment pour être en mesure de revenir au séminaire français, et reprendre sa tâche de directeur spirituel durant la dernière année scolaire, malgré de grandes souffrances.

En juin 1983, il revint à Paris pour de nouveaux traitements, mais la science médicale ne pouvait plus faire grand chose pour le soulager. Pendant ses dernières journées à l'infirmerie de Chevilly il fut pour tous un modèle de patience et de calme sérénité.

Et tandis que le prêtre du Christ allait rejoindre le Seigneur, son dernier livre sortait (les presses, 283 pages dans la Théologie historique chez Beauchesne : "Le sacrement de l'ordination".

Le Père Lécuyer, décédé le 27 juillet 1983 à 70 ans, repose en paix dans le cimetière de la communauté de Chevilly.

P.S. - Cette notice était achevée, quand nous est parvenue la généalogie du l'ère Lécuyer, grâce à l'amabilité de M. Blanchard, maire de Kerfourn, et l'heureuse contribution de M. Joseph Lécuyer, neveu de notre ancien Supérieur général.
1. Son père : Joseph Lécuyer, 1877-1917.
Après son baccalauréat au petit séminaire de Ste-Anne d'Auray, il prit la direction de la ferme familiale, et devint maire de Kerfourn. Mobilisé en 1914, il est mort pour la France en 1917.
Il était lui-même fils de Joseph-Louis Lécuyer, maire de Kerfourn, conseiller de l'arrondissement de Pontivy.
Il avait un frère aîné Jean-Marie Lécuyer (1874-1938), Père Blanc, qui avait passé quelques années en Afrique avant de se retirer à Kerfoum,
et un frère cadet, Pierre Lécuver (1888-1917) également mort pour la France. Son épouse, Anne-Marie Le Gwen, étant décédée quelques mois après lui, leurs deux fils furent élevés avec le Père Joseph Lécuyer et ses frères, par la mère de ces derniers et le Père Blanc, Jean-Marie Lécuyer, en retraite à Kerfoum.

2. Sa mère : Anne Valy : 1881-1954.
Fille du maire de Neulliac, elle avait une frère spiritain, Joseph Valy, qui fut notamment supérieur de l'Abbaye de Langonnet et de la communauté de Piré. Un de ses grands oncles, Mgr Le Berre, était également spiritain et avait été le second évêque du Gabon.

3. Ses frères outre un frère aîné trop tôt décédé, le Père Lécuyer avait deux frères Jean et Joachim :
- Jean Lécuyer (1908-1969), notaire à Pontivy, rue de Rivoli, fut prisonnier de guerre.
Marié à Marie Trémembert, ils eurent six enfants : un garçon notaire à Lorient, et cinq filles qui furent : ingénieur - infirmière -psychologue - puéricultrice - documentaliste.
La villa de Quiberon où le Père Lécuyer descendait quand il était chez son frère, l'été, est toujours la propriété des enfants.
- Joachim Lécuyer (1910-1939), expert foncier, ingénieur, et maire de Kerfoum.
Marié à Noyale Cabic, née en 1914, elle-même maire de Kerfoum pendant 18 ans.
- son père, Joseph Cabic, était député, maire de Noyal-Pontivy.
- son frère, Louis Cabic, était prêtre diocésain,
- une de ses sœurs, Monique Cabic, décédée en 1998, était directeur des Editions Beauchesne à Paris où le Père Lécuyer a publié deux ouvrages et plusieurs articles, notamment dans le Dictionnaire de Spiritualité.

Cette famille eut quatre enfants : trois filles et un garçon (notre informateur) Joseph Lécuyer, agent d'assurances à Pontivy, ancien maire de Kerfourn, ancien maire de Pontivy, et ancien conseiller régional de Bretagne. Marié à Simone Houbé, 3 enfants.
Sa mère, Noyale Lécuyer-Cabic, habite toujours la maison natale du Père Lécuyer, au bourg de Kerfourn. Il y a séjourné très régulièrement, une à deux fois chaque année, jusqu'à sa mort.

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