Le Père Désiré LEDONNÉ,
1864-1898.


Né le 28 août 1864 à Joué-du-Bois, Désiré Ledonné reçut ses premières leçons de latin chez M. le curé de Saint-Georges-d'Annebecq, .puis entra en quatrième au petit séminaire de la Ferté-Macé. En classe de philosophie, on y faisait lire le livre du P. Le Roy intitulé A travers le Zanguebar. Ce titre résume aussi toute la vie de notre confrère. Après une année au grand séminaire, sa vocation religieuse et missionnaire fut reconnue par ses directeurs. Entré à Chevilly en 1886, prêtre en 1887, il y faisait profession en 1888 ... et recevait son obédience pour le Zanguebar, sur la côte orientale de l'Afrique. A Bagamoyo, Mgr de Contenant lui fixa aussitôt sa destination : La Longa, poste de brousse à l'intérieur du pays. C'est là qu'il a passé ses dix années de mission.

Les voyages à travers le Zanguebar offraient alors de grandes difficultés : les gens guerroyaient contre l'occupation des Allemands. Le 8 octobre, le P. Ledonné partit donc pour rejoindre son poste, en suivant la route ordinaire ; mais après trois jours de marche, il dut revenir à Bagamoyo. Le 18, il se remit en chemin par un autre côté ; et, grâce aux lettres de recommandation du P. Étienne pour les chefs Wadoés, il put gagner Mandéra, puis Morogoro, et le 15 novembre il arrivait à La Longa, où il fut reçu à bras ouverts par le P. Dardenne et le F. Faron, tous deux, hélas, emportés peu de temps après par les fièvres, le Frère en 1889 et le Père en 1890.

Le P. Ledonné avait le caractère gai, ouvert, plein d'entrain. Il conquit rapidement les sympathies de tous. Bon et facile dans ses relations, sans hauteur, ni rudesse, les villageois le prirent bien vite en affection. Il se mit tout de suite avec ardeur au travail. Il y avait encore beaucoup à faire. Il ne négligeait rien. L'instruction religieuse, les aménagements matériels, le développement de la chrétienté naissante, ses champs de culture et ses bâtiments, tout était l'objet de ses soins.

Au départ en France du P. Horné, qui avait succédé au P. Dardenne, Mgr de Courmont le nomma responsable de la communauté. Son zèle ne fit alors que redoubler. Comprenant la nécessité de bien, connaître la langue locale, il s'était mis dès son arrivée à l'étude du swahili. Il le parlait très bien.

La station de La Longa était située dans le voisinage des terribles Wahéhé. A deux reprises, ceux-ci avaient opéré des razzias dans la contrée. Le P. Ledonné mit ses chrétiens sur le pied de guerre ; par leur attitude énergique, ils imposèrent le respect aux gens de cette tribu pillarde. De tous les villages, ils se réunissaient à la mission pour passer la nuit et montaient régulièrement la garde pour empêcher toute attaque. Cela dura plusieurs mois.

Durant la guerre, les chrétiens de la mission eurent aussi parfois à souffrir des déprédations des soldats allemands. Le P. Ledonné prit avec courage la défense de ceux qu'il regardait et aimait comme ses enfants. Il plaida fermement leur cause auprès du gouverneur général, M. de Soden, qui écouta ses justes revendications, et accorda aux indigènes les indemnités réclamées par le missionnaire.

Plus tard, la station fut ravagée par les sauterelles ; il s'ensuivit une famine cruelle. Le Père déploya de nouveau tout son zèle pour adoucir les souffrances de ses chers néophytes. Il se rendait au loin, auprès de tous les chefs qu'il connaissait, et revenait toujours muni d'abondantes provisions de vivres.

Pendant qu'il a été supérieur, il a fait reconstruire presque tous les bâtiments de la mission. La chapelle en particulier fut rebâtie sur le plateau, au centre de l'ensemble des constructions. Revenu en France, en 1896, pour refaire sa santé, il profita de son séjour en Normandie pour organiser des quêtes fructueuses, qui lui permirent de hâter l'exécution des travaux commencés et d'acheter les vitraux pour sa chapelle. Les baptêmes d'adultes se multipliant, la station de La Longa devenait la plus nombreuse du diocèse.

On pouvait espérer que le P. Ledonné pourrait poursuivre son œuvre fort longtemps, car sa santé restait robuste. Mais le bon Dieu l'avait jugé mûr pour le ciel. Il fut abattu par une fièvre pernicieuse, qui l'emporta en quelques heures le 7 juin 1898, à 34 ans.

Page précédente