Le Père Cyprien LE DOUARIN,
1842-1921
Contrairement à l’heureuse simplicité du confrère précédent, la vie du Père Cyprien Le Douarin, si calme à la surface, a été agitée par des tourments intérieurs qui ne lui ont pas laissé de repos.
Né à Vannes, il fut de 12 à 15 ans employé d’imprimerie, et reçut les premières leçons de latin de l’abbé Le Vulgos. Ce prêtre, avec l’abbé Guillaume Le Berre, frère de Mgr Le Berre, et l’abbé Mandart, s’occupait de susciter des vocations aux missions. Le P. Barillec, avant son entrée au noviciat en 1854, avait été leur collaborateur.
Cyprien fut admis au petit scolasticat de Gourin, qui fut transféré l’Abbaye de N.D. de Langonnet le 16 juillet 1858. Le 24 décembre suivant, 22 postulants prirent l’habit de la Congrégation - première cérémonie de cette sorte - et parmi eux Cyprien Le Douarin contrac tait avec joie ses premiers engagements ; il y ajouta tous les liens qui pouvaient le retenir fortement attaché à la Congrégation, vœu de stabilité et vœux privés de religion. Rien n’y fit ; dès 1860 il fut pris d’hésitations inconcevables. Durant son noviciat, son Père maître disait de lui : " Il a beaucoup de capacités intellectuelles. On peut, sans trop s’exposer à se tromper, lui assigner le premier rang parmi les novices de cette année. Il aime la vie religieuse, il aime la congrégation. Seulement, il est toujours travaillé par de fortes tentations de ne pas y entrer... "
En 1871, il obtint l’autorisation de se retirer à la Grande Chartreuse. Il revêtit dans la joie de son âme l’habit blanc de Saint-Bruno et prit le nom de Frère Alphonse-Marie. Après neuf mois de séjour, il revint dans la congrégation. Les mêmes hésitations reviendront en 1880 et en 1893.
Mais il donnait par ailleurs toute satisfaction à ses supérieurs. En Haïti, où il séjourna 8 années, il fut professeur de mathématiques, préfet des études et aumônier de l’hôpital militaire. A Langonnet de 1881 à 1889, il fut successivement chargé des mathématiques et de la quatrième latine ; à Mesnières il dirigea la seconde spéciale ; à Epinal la quatrième et la troisième française. En 1894, il fut appelé à Chevilly pour y être chargé du soin spirituel de trois communautés de religieuses. En 1896, il revint à Langonnet, enseigna pendant un an les mathématiques, et prit sa retraite.
Or Dieu prolongea sa vie de 23 ans, pour lui laisser, semble-t-il, cette consolation, qu’il avait toujours rêvée, de vivre en paix dans la solitude de sa chambre. Ses dernières années furent soumises à une paralysie lentement envahissante, qui mit fin à ses jours le 5 janvier 1921, à l’âge de 78 ans. La messe d’enterrement fut célébrée par M. le Recteur de Langonnet et la conduite au cimetière par M. Le Carff, recteur de Guiscriff.