Le Frère Irénée LEFEBVRE,
1841-1930


L'abbé Drocourt, curé de Monchy-aux-Bois, au mois d'août 1857, présentait en ces termes un jeune postulant de sa paroisse, né le 15 août 1841, du nom de Xavier Lefebvre : "Je suis heureux de vous offrir comme Frère un jeune homme robuste, intelligent, posé et d'un grand dévouement àce qu'on le destinera pour le service de Dieu." Le jeune Lefebvre fut dirigé sur Saint-Han (Côtes d'Armor), au noviciat qui y était établi, et quand, au commencement de 1858, le noviciat eut été transféré à Langonnet (Morbihan), il se rendit en cette communauté récente, où il fit profession le 29 septembre 1860, sous le nom d'Irénée.

La maison de Cellule (Puy-de-Dôme) était à peine fondée : c'est là que fut envoyé le nouveau profès. Il était à la fois professeur, infirmier, surveillant ; il y avait beaucoup à faire et peu d'hommes, c'est d'ordinaire la condition des œuvres naissantes, qui réclament un, dévouement sans limite.

En juin 1868, il partit pour la Réunion et fut placé à la Providence. C'était le temps où cette œuvre admirable commençait à être attaquée par tous les adversaires de la religion ; ce fut la période des procès, des émeutes, de l'attaque de la maison et enfin de la ruine. Le F. Irénée, comptable des divers établissements formant la Providence, ressentit vivement les ennuis de cette période. Il n'en vit pas la fin : en février 1872 il passa à Port-Louis, Île Maurice, pour y prêter son concours au collège qu'allait ouvrir la congrégation. Il y resta dix ans, professeur et surveillant.

On le rappela en France au commencement de 1882 et on l'attacha à la maison mère, où il fut chargé des écritures, jusqu'à ce qu'il fut envoyé en Portugal : il arriva le 21 avril 1883 au collège de Braga, qui fut sa maison pendant 27 ans. Secrétaire du Père supérieur, le Frère Irénée apprit le portugais, créa un cours commercial où il eut plein succès, organisa un cours complémentaire de sciences, ou, sous la direction des PP. Kempf et Salpointe, constitua le cabinet de physique et le laboratoire de chimie ; il tenait les archives d'un grand collège et préparait les volumineux dossiers d'élèves à présenter au secrétariat de l'Académie de Braga à l'époque des examens ; il excellait aussi comme infirmier, et malgré sa surcharge il restait à la disposition de ses confrères pour les remplacer à l'occasion.

En même temps, il était d'une fidélité parfaite à la règle et d'une piété très vive. Sa dévotion à la sainte Eucharistie était le centre de sa vie, c'est là qu'il renouvelait constamment ses forces spirituelles pour rester à la hauteur de sa tâche quotidienne. La dernière consolation qu'eut le F. Irénée pendant son séjour au Portugal fut de célébrer ses noces d'or de profession religieuse. C'était à la fin des grandes vacances de 1910.

Quelques jours après retentissait soudainement le coup de tonnerre de la révolution portugaise. Un décret fermait tous les établissements des religieux et expulsait tous les congréganistes du territoire portugais. Le F. Irénée partit, et en rentrant dans sa patrie, il lui semblait qu'il prenait le chemin de l'exil !

Ses vingt dernières années se passèrent à Cellule et à Langonnet. Toujours serviable, il est mort le 20 février 1930, à 88 ans

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