Le Père Albert Le Gallois,
décédé à Ngowayang (Cameroun),
le 1er juin 1920, à l’âge de 41 ans.


Albert Le Gallois naquit à Saint-Lô, au diocèse de Coutances, le 8 octobre 1878. Il venait le troisième dans la famille qui devait compter huit enfants. Mais l’épreuve s’abattit bientôt sur ce foyer aussi profondément chrétien qu’humble selon le monde. Et lorsque sa mère devint veuve, à peine âgée de trente six ans, Albert restait l’aîné des trois fils qui seuls survécurent.

De bonne heure, il entendit l’appel de Dieu qui l’invitait à partir vers les missions lointaines. Il comptait bien, après ses études secondaires au collège de Saint-Lô, donner libre cours à ses aspirations. Mais pendant quatre ans, l’autorisation de quitter le diocèse, qu’il sollicitait chaque année, lui fut refusée. Ce ne fut qu’après avoir reçu le diaconat au grand séminaire de Coutances qu’on lui permit enfin de suivre librement sa vocation.

Lorsqu’il entra au noviciat d’Orly, le 16 octobre 1902, sa physionomie était déjà ce qu’elle sera toujours, toute d’énergie, d’endurance et d’entrain.

Il fut ordonné prêtre à Paris, le 20 décembre 1902, et, à la fin de son noviciat, il put immédiatement partir pour les missions.

Le jeune Père fut affecté au vicariat apostolique du Haut Congo Français et s’embarqua pour Brazzaville en novembre 1903. Là, il témoigna d’un grand dévouement, payant largement de sa personne, d’abord comme directeur de l’Œuvre des Enfants, puis comme économe de la mission de Brazzaville. Après un premier séjour de sept années, il revint en France refaire ses forces affaiblies.

À son retour à Brazzaville, Mgr Augouard l’envoya relever et diriger la mission de Linzolo. Activement secondé par le P. Jaffré et le F. Achille, son labeur inlassable et son administration intelligente obtinrent d’excellents résultats.

Rentré une seconde fois en France en 1914, le P. Le Gallois est mobilisé en qualité d’infirmier, successivement à Saint-Lô, à Rennes, à Saint-Lunaire, à Vitré, et est enfin envoyé dans une formation sanitaire à Verdun, juste au moment de la grande offensive allemande, au début de 1916. C’est là qu’une décision du Ministre de la Guerre vient le chercher pour le mettre en sursis et le remettre à la disposition de Mgr le T. R. Père qui le dirige sur le Cameroun.

En juin 1916, Le P. Le Gallois prenait la direction de la mission de Ngowayang, en pays Ngoumba et aux confins de l’habitat des races Bakoko et Yaoundé.

Au mois de mars 1920, il subit un premier accès de fièvre bilieuse. Le 12 avril 1920, il écrit au plus jeune de ses frères : « La terrible catastrophe de l’Afrique nous enlève tout espoir de retourner en France. Comme Dieu voudra ! »

Quelques jours après ces lignes, il fait une seconde bilieuse, après laquelle, à peine remis, il est déjà sur la route pour visiter la station de Kribi, à quatre-vingt-quinze kilomètres de Ngowayang. Il en revient exténué. Au lieu de prendre le repos qui lui est indispensable, il doit préparer les fêtes de la Pentecôte et passer de longues heures au confessionnal. Cette fois, c’en est trop. Et le jour de la Pentecôte il dit sa dernière messe.

Son état de fatigue est tel en effet qu’il se met au lit le 24 mai. Le docteur américain Lehmann conseille au malade de se faire transporter à Douala pour y être soigné.

Le 31 mai, il part, porté dans un hamac par un groupe de chrétiens. En passant à Bibiah, où est la mission presbytérienne protestante, le pasteur américain, docteur Lehmann, propose de le garder près de lui pour le soigner. Mais le malade refuse et demande qu’on continue la route vers Esséka.

Le deuxième jour, la fatigue et les souffrances du père sont telles que le cortège s’arrête au village de Mélen-Méla,. Les Noirs lui demandent d’écrire quelques mots, mais le malade est incapable même de ce léger effort. Il ne peut que leur faire comprendre son désir, – car il se sent mourir - que son corps soit transporté après sa mort à Ngowayang. Et c’est là, en pleine brousse, loin de tout confrère comme de toute famille, qu’il rend son âme à Dieu.

Fidèles aux dernières volonté du moribond, les chrétiens reprirent aussitôt la route en sens inverse et ramenèrent à Ngowayang le corps de leur père. -
BG, t. 29, p. 746.

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