Le Père Georges Le Louët,
décédé à Langonnet, le 10 décembre 1892,
à l’âge de 36 ans.


Georges Le Louët, né à Quimper le 1er mars 1857, était le douzième enfant d’une famille profondément chrétienne, qui a donné à Dieu trois prêtres et une religieuse. Après avoir fait sa philosophie au séminaire de Sainte-Anne d’Auray, Georges entrait au mois d’octobre 1878, au grand séminaire de Quimper. Une circonstance providentielle l’attira dans notre congrégation. Le P. Horner parcourait alors les divers séminaires de Bretagne pour tâcher de susciter quelques vocations. Ayant entendu ce missionnaire faire le tableau saisissant des misères du peuple africain, le jeune lévite vit assitôt la route qu’il devait suivre. Il termina ses études théologiques et reçut la prêtrise au grand séminaire de Quimper (10 août 1881) ; puis, l’année suivante, il entrait au noviciat d’Orly.

Admis à faire sa profession religieuse au mois d’août 1883, avec joie il reçut la nouvelle de sa destination pour le Congo.

Parti de Bordeaux, le 20 octobre 1883, il arriva à Landana, le 18 décembre ; il se mit tout de suite à l’œuvre avec ardeur. Le supérieur de la Mission, craignant pour sa faible santé, le garda à Landana et lui confia la classe des latinistes.

À peine arrivé dans sa mission, le P. Le Louët reçoit, d’une pieuse personne, une statue de Notre Dame de Lourdes. Aussitôt il se met à l’œuvre avec ses enfants pour élever à Marie, sur cette terre d’Afrique, un monument qui lui rappelle les roches de Massabielle.

Il put aussi, en recourant à la charité, se procurer une statue de saint Joseph qu’il plaça au milieu de la cour des enfants. En toute occasion, il inspirait à ses élèves une confiance sans bornes en l’intercession de ce puissant protecteur de l’enfance. Il composa en son honneur un cantique en langue fiote.

Que dire maintenant des pieuses industries de son zèle pour obtenir une foule de choses que le maigre budget de la mission ne lui permettait pas de se procurer ? Après les statues dont nous venons de parler, ce sont des vitraux pour la chapelle, un chemin de croix, le magnifique catéchisme en images, publié par la direction du Pèlerin, une statue de saint Benoît-le-Maure ; celle de saint Jacques, patron de son église ; des images, des médailles, des crucifix ; ce sont, enfin, des jouets pour ses enfants, des filets de pêche, etc. qu’il obtint de la charité.

Son zèle ne se bornait pas aux œuvres d’apostolat et de charité. Pour faciliter à ses confrères l’évangélisation des Noirs du Congo, il se mit avec ardeur à l’étude de la langue fiote et à la composition d’une grammaire et d’un dictionnaire. Malheureusement, la maladie qui le minait sourdement ne lui a pas permis d’achever ces travaux.

Dès l’âge de 22 ans, il avait déjà ressenti les premières atteintes de la maladie de poitrine qui devait le conduire au tombeau. Le climat de Landana, quoique lui convenant mieux, sous certains rapports, que celui de France, ne put enrayer le mal.

Lors de la division de la mission du Congo, le P. Le Louët était resté attaché à la préfecture de Landana. En 1891, il passa à Loango où il remplaça le P. Giron dans le ministère des villages. Son zèle l’emporta souvent plus loin que ne le comportaient ses forces, et bientôt il tomba malade au point de ne plus pouvoir continuer ses travaux.

Malgré son énergie et sa bonne volonté, il dut alors abandonner le champ de bataille, où il avait lutté si généreusement l’espace de neuf ans, et reprendre le chemin de la patrie. Il part et sa première pensée, en remettant le pied sur la terre de France, est d’aller à Lourdes saluer sa bonne Mère et remettre entre ses mains le soin de sa destinée.

En quittant les Pyrénées, il se rendit à Paris pour se reposer quelques jours à la maison mère, puis il partit pour sa chère Bretagne. Après quelques semaines passées au sein de sa famille, le cœur plein de confiance et de résignation, il venait à Notre-Dame de Langonnet se préparer à la mort dans la solitude et le recueillement. Voici, à ce sujet, des détails transmis par le Père Bonjean :

« Pendant le jour, il jouissait d’un calme et d’une tranquillité relative ; mais, le soir, une toux violente lui déchirait la poitrine, et la plupart de ses nuits se passaient sans sommeil. Le 20 octobre, encouragé par les doux rayons du soleil, il quitta la chambre et fit une petite promenade. Il se sentait mieux, disait-il. Hélas ! C’était le calme qui précède la tempête. Le soir, il fut pris d’une nouvelle et grave hémorragie : c’était l’annonce de sa mort prochaine.

Il s’endormit doucement dans le Seigneur, le samedi 10 décembre, fête de la Translation de la sainte maison de Lorette. Marie a exaucé tous les vœux de son fidèle serviteur en l’appelant à elle un samedi, pour le faire bénéficier de cette précieuse indulgence sabbatine dont il nous entretenait souvent. » - Marien Bonjean et Antoine Levadoux -
BG, t. 16, p. 729.

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