Le Père Louis Lemouland,
1912-1989.


Né le 3 janvier à Argouges dans le canton de Saint-James, le Père Lemouland garda toute sa vie l'attachement au pays qui lui avait donné le jour. Il en connut l'histoire et participa jusqu'à la fin à des travaux de chronique locale, dont il allait chercher des traces jusqu'en Corse !

La guerre de 1914 lui prit son père avant qu'il eût pu le connaître. Sa mère éleva son fils unique et eut la joie de le voir ordonné prêtre. Mais il la perdit alors qu'il n'avait que 27 ans.

Il était passé de l'Institut de Notre-Dame d'Avranches au noviciat d'Orly en 1930. Ses études cléricales furent troublées par la maladie et c'est àMontana, en Suisse, qu'il les acheva. En raison de sa santé, il fut réservé pour la France. Après quelques années dans l'enseignement, l'année 1943 apporta un changement radical et définitif dans sa vie : il fut nommé économe à Piré, où le noviciat était replié depuis 1939. Il se manifesta vite comme un gestionnaire avisé dans cette maison aux ateliers nombreux et anciens. En 1946, il fut appelé à seconder l'économe provincial, le Père Rigault. Tout naturellement il lui succéda en 1950. Cette période d'aprèsguerre était fort difficile : le capital s'effondrait (inflation galopante) et pourtant les besoins étaient urgents : bâtiments à maintenir et à restaurer, entretien quotidien des écoles, des noviciats, des scolasticats au sommet de leur recrutement. Il s'attacha à son travail avec énergie et persévérance, heureux de réussir quelques "bons coups". Doué d'une bonne mémoire, d'un abord agréable, d'une grande finesse, il se fit des amis auxquels il rendait volontiers service et qui le lui rendaient à l'occasion. Il réussit àfaire face. Mais ces succès, dont il était conscient, n'eurent jamais raison de son pessimisme fondamental, en lien sans doute avec les deuils qui avaient assombri sa jeunesse.

En 1961, les soucis le conduisirent à donner sa démission. Mais la congrégation ne voulut pas se priver d'un homme aussi doué en affaires, et il fut appelé à collaborer à l'Économat général, en Suisse. En 1966, il entre au service de I'Œuvre d'Auteuil. En 1970, il est économe à Lille et en 1975 il vient à Chevilly, dans une retraite encore très active, où il s'occupe des intérêts des bienfaiteurs de la congrégation, qu'il visite et conseille avec zèle et dévouement.

Les derniers temps de son existence furent pénibles : la mémoire lui échappait, les préoccupations pour sa santé l'obsédaient. Mais le Seigneur eut pitié de lui en le rappelant au terme d'une courte maladie. Il est décédé à Chevilly, le 18 décembre 1989, à l'âge de 77 ans.
(La notice est du Père François Bazin)

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